L'Union européenne rappelle que les relations entre les deux parties "sont fondées sur le respect mutuel ainsi que sur la reconnaissance et le respect des valeurs universelles et des engagements internationaux liés aux libertés fondamentales". Un peu plus d'une semaine après la résolution adoptée, fin novembre, par le Parlement européen, condamnant les atteintes aux droits de l'Homme en Algérie, l'Union européenne (UE) a rappelé, lundi, la nécessité pour l'Algérie de respecter ses engagements, tel que convenu conjointement dans les priorités de partenariat UE-Algérie, sur les questions fondamentales ayant trait à l'"Etat de droit et au respect des droits de l'Homme et des libertés". Dans un communiqué sanctionnant la réunion de haut niveau du Conseil d'association Algérie-Union européenne, tenue lundi, par visioconférence, et coprésidée par le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, et le Haut représentant/vice-président de l'UE, Josep Borrell, Bruxelles a rappelé que "les relations entre les deux parties sont fondées sur le respect mutuel ainsi que sur la reconnaissance et le respect des valeurs universelles et des engagements internationaux liés aux libertés fondamentales". Même si elle affirme que le respect des droits de l'Homme reste une question centrale dans le partenariat algéro-européen, l'Union européenne assure que l'Algérie "est un partenaire très important pour l'Europe, de par sa proximité et sa taille, de par son rôle dans la région et sur le continent africain, mais également et surtout de par les liens étroits qui nous unissent depuis longtemps". L'institution européenne se dit même prête à "approfondir les relations afin d'atteindre leur plein potentiel pour que nous ressortions avec un partenariat vraiment renforcé". Toutefois, le renforcement de cette relation bilatérale reste, selon Bruxelles, étroitement lié au respect des droits de l'Homme. Les deux parties, souligne par ailleurs le document européen, ont échangé sur "la manière de renforcer la stabilité dans la région et ont passé en revue des dossiers importants dans leurs relations tels la bonne gouvernance et les droits de l'Homme". Ce nouveau rappel, souligne-t-on, intervient dix jours après l'adoption par le Parlement européen d'une résolution sur la détérioration de la situation des droits de l'Homme en Algérie. Le 26 novembre, les eurodéputés ont sévèrement critiqué Alger pour les atteintes récurrentes aux droits de manifestation et aux libertés d'expression et d'opinion, marquées par des "arrestations arbitraires", depuis notamment le début du mouvement citoyen, le Hirak, en février 2019. Dans leur texte, les parlementaires européens ont dénoncé, en 20 points, le recul des libertés démocratiques en Algérie et condamné avec "fermeté" l'"escalade" et le recours "abusif" des autorités à des formes de répression systématique comme "les détentions illégales et le harcèlement juridique dont sont victimes les journalistes, les défenseurs des droits de l'Homme, les syndicalistes, les avocats, les membres de la société civile et les militants pacifiques en Algérie". Les eurodéputés ont, dans ce contexte, exhorté Alger de procéder à la "libération immédiate de tous les détenus". Cette résolution a toutefois provoqué une véritable levée de boucliers chez les partis politiques gravitant notamment dans la sphère du pouvoir. Le FLN, le RND, Jil Jadid, le Mouvement El-Islah ont vivement critiqué la résolution européenne qui cache, selon eux, des objectifs visant à déstabiliser l'Algérie. Officiellement, Alger avait réagi à travers le ministère des Affaires étrangères qui, pour sa part, a estimé que cette résolution "ne peut avoir pour conséquence que de porter atteinte aux relations de l'Algérie avec ses partenaires européens". Le MAE a apporté, en outre, "le démenti le plus méprisant à l'ensemble des accusations fallacieuses colportées au sein de l'Hémicycle européen et traduites par cette dernière résolution. L'Algérie déplore la tonalité foncièrement haineuse et teintée de paternalisme de ce texte, qui dénote d'une hostilité avérée digne de la période coloniale de certains milieux européens à l'égard du peuple algérien et de ses choix souverains", a écrit le ministère des Affaires étrangères. Lundi soir, à l'issue de la réunion du Conseil d'association Algérie-UE, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a rappelé une nouvelle fois que "l'Algérie sera toujours là pour dénoncer avec force de pareilles résolutions, et ce, malgré les bonnes relations qu'elle entretient avec les pays de l'Union".