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"J'ai espoir en mon peuple"
Takfarinas à cœur ouvert
Publié dans Liberté le 05 - 01 - 2021

C'est à l'occasion de la sortie de son clip "La Kabylie" que la star de la Yal Music, Takfarinas, s'exprime. Dans cet entretien, il évoque son dernier clip, ses projets, mais aussi et surtout sa tournée prévue à travers le pays qui n'a jamais eu lieu.
Liberté : Vous venez tout juste de diffuser un clip intitulé La Kabylie et qui n'a pas manqué de faire le buzz. Quel est votre sentiment ?
Takfarinas : Permettez-moi de vous dire que ça a toujours été un grand honneur et un grand plaisir de revenir avec une nouveauté vers ma grande famille qu'est le public. Ce qui m'a vraiment motivé c'est qu'à la sortie du clip, le public l'écoute et le réécoute de nombreuses fois, et en scrute les détails pour en comprendre tous les sens.
Ensuite, il est évident que tout ne peut pas plaire à tout le monde, il y en a à qui ça plaît tout de suite et il y en a à qui ça plaira dans la durée j'espère. De toute façon, dans un album de 21 titres, chacun devrait se retrouver dans un, deux ou trois titres. C'est sans doute cette originalité qui fait le "buzz", et c'est vraiment une récompense précieuse pour un artiste.
Votre clip est en totale rupture avec tout ce qui se faisait jusque-là. Une explication ?
Quand je produis un clip, j'essaie avant tout de faire ce qui n'a jamais été fait en Afrique du Nord. C'est une question d'idées et de moyens. Ce clip, La Kabylie, a été réalisé par Adel Chaoui et nous étions trois assistants réalisateurs à ses côtés. Ce qui est extraordinaire avec lui, c'est que même lorsque je l'appelle à 4h du matin, il répond présent. C'est un gros travailleur qui ne compte pas ses heures pour donner le meilleur de lui-même et réaliser un projet au top. Il adore son métier comme vous avez pu le voir en images. Ce qui est un bonheur, c'est de partager les mêmes idées sur l'esthétique et je collabore d'ailleurs avec lui dans tout ce qui concerne la réalisation et le montage. La réussite c'est d'arriver à travailler en équipe, même si parfois c'est compliqué et que ça nous arrive de hurler. La force d'un réalisateur quand tu lui exposes une idée c'est qu'il te la concrétise 10 fois mieux que tu ne l'aurais imaginé. Franchement, il m'est souvent arrivé de me retrouver joyeux comme un enfant de 10 ans, et de me retrouver à sauter en l'air dans le studio. C'est l'un des ingrédients qui préserve ma jeunesse. Il faut aussi ajouter que je fais beaucoup de recherches. Par exemple, le musicien qui a joué les guitares sur la chanson La Kabylie est Norbert Krief, le guitariste de Johnny Hallyday. Il a joué sur deux titres de l'album et on a passé de grands moments ensemble, car avec lui tu profites de la musique en son et en images. J'ai également collaboré avec des Cubains avec qui on a fait les maquettes des rythmiques. Il y a eu 40 choristes pour faire les chœurs sur ce titre et le final est un vrai régal. Pour la partie mixage, se retrouver avec le génie de Abdel Rani Torki crée une atmosphère vraiment magique. Je puise dans toute mon énergie pour donner le meilleur de moi-même à mon public adoré.
Ce travail vient après plusieurs années d'absence. Pourquoi opter pour un single alors que le public s'est habitué à des albums ?
Effectivement, depuis 2011, je n'ai pas sorti de nouveautés, mais ça ne m'a pas empêché de travailler. Je me suis tenu comme un observateur, à l'écoute de la musique à travers le monde sous tous ses angles. J'ai beaucoup créé mais je préfère ne pas être tout le temps présent, car à la longue ça peut devenir lassant. Ça m'a permis de prendre du recul et de revenir avec des nouveautés élaborées, bien réfléchies. C'est comme ça que je perçois les attentes de ma famille, le public.
En fait, la mode de la sortie d'un single avec un clip date des années 90. Le single permet de donner un avant-goût et la couleur du nouvel album. En même temps, ça crée le "buzz", surtout aujourd'hui avec les réseaux sociaux. Ça crée le désir d'écouter l'album et le nouveau son. S'il n'y a pas de clip, pas de visuel, la musique perd 50% de son audience. Il faut avoir les moyens et les bonnes idées pour offrir de beaux clips au public. Je suis vraiment inquiet pour les jeunes talents d'aujourd'hui, car ils ont plusieurs problèmes. D'abord il n'y a plus de producteurs indépendants, il en reste juste quelques-uns qui résistent et d'ailleurs je les en félicite. Et puis, pour faire de la bonne musique et de beaux clips, il faut trouver les moyens financiers qui sont devenus très rares. Ce n'est vraiment pas facile. On a juste la chance d'avoir le net, YouTube, Facebook... C'est plus difficile de percer, mais d'un autre côté c'est plus puissant que les maisons de disques de l'époque, car lorsque tu composes une belle chanson, elle peut être vue des millions de fois à travers le monde, et ça c'est juste magnifique. D'ici quelques années, il n'y aura plus d'albums, il n'y aura que des singles, et produire des albums ne sera que pour le prestige. Même les médias actuels n'utilisent pratiquement plus de support de musique, c'est devenu virtuel : ce n'est pas encombrant et c'est plus souple à diffuser.
Annoncée à plusieurs reprises, votre tournée dans le pays tarde toujours. Quelles en sont les raisons ?
Je dois d'abord préciser qu'en 30 années de carrière, je n'ai fait que 13 concerts. C'est très en deçà de ce que je pourrais faire, moi qui remplissais les stades à chaque spectacle. Je pourrai faire les 13 galas en seulement 20 jours. Pour revenir à la question, je dirais qu'en fait il y a plusieurs problèmes. Le premier est que nos responsables n'accordent pas beaucoup d'importance à la culture. Ce qui est, en soi, très regrettable. À cela s'ajoute le fait que les gens en place dans les postes importants de la culture n'ont rien à voir avec le domaine. Pour la majorité d'entre eux, c'est un instrument politique.
À cela se sont greffés également le rejet et le refus de l'autre. Je dirais sur ce point que plusieurs responsables du secteur n'arrivent toujours pas à saisir et à comprendre le sens de la richesse culturelle de notre pays. Ils sont figés dans des considérations loin d'être honorables et dignes d'un personnel désigné pour gérer un secteur aussi important, mais également sensible, qu'est la culture. J'ai eu à le subir, c'est pour cette raison que j'en parle aujourd'hui. L'artiste en Algérie souffre.
Il est abandonné, laissé-pour-compte, marginalisé et parfois persécuté pour cause de son appartenance ou pour ses idées. Dieu seul sait qu'on a tout pour réussir, des hommes et des femmes qui ont des talents extraordinaires dans tous les domaines, des surdoués, mais on les étouffe. Voilà le genre de problèmes qui freinent l'Algérie depuis des décennies : la médiocrité ou l'incompétence de personnes qui abusent de leur pouvoir.
Donc votre tournée a été bloquée...
Je dois d'abord préciser qu'elle a été initiée avec Mme Nadia Labidi, alors ministre de la Culture. Elle avait donné son accord pour réaliser ce projet qu'elle trouvait extraordinaire. Nous nous étions mis d'accord sur 24 dates dans 24 wilayas. On s'était mis d'accord également sur le financement, la communication, l'artistique... bref, sur tous les plans. Nous avions même trouvé un sponsor qui finançait 80% de la tournée. Nous avions tout organisé. Le staff comprenait 65 personnes (musiciens, choristes, danseurs, techniciens, chauffeurs, coiffeurs, sécurité, communication, management...), la logistique prévoyait 7 semi-remorques pour le matériel à la pointe que j'ai trouvé en Algérie.
J'ai même commencé à préparer le spectacle, à faire des répétitions avec les musiciens, la technique et les danseurs, pour que tout soit prêt pour la tournée. La ministre a convoqué tous les directeurs des centres culturels concernés. Tout était prêt pour la tournée. Il restait juste les contrats à signer, c'était l'affaire de deux ou trois jours. Puis voilà que la ministre de la Culture est remplacée par M. Azzedine Mihoubi. J'étais en répétition, et pendant 20 jours nous n'avons eu aucune nouvelle du ministère de la Culture. Un silence radio inquiétant. J'ai alors pris la décision d'aller rencontrer le nouveau ministre.
Il m'a reçu et m'a dit qu'il était au courant de ce merveilleux projet, que j'allais faire ma tournée comme prévu et que j'allais être très bien reçu, car l'intérieur du pays m'apprécie beaucoup et attend ma venue avec impatience. Jusque-là j'étais ravi. Il m'a dit qu'il y avait une condition : c'était que je signe le contrat de la tournée avec M. Lakhdar Bentorki. J'ai alors eu des sueurs froides. Je l'ai fixé et ai trouvé le courage de lui dire : "Monsieur le ministre, je ne suis pas venu pour vous contrarier ou pour mettre votre parole en doute, mais si vous m'imposez M. Bentorki, il y a 98% de chances que je ne fasse pas cette tournée." Il m'a demandé pourquoi. Je lui ai alors dit : "M. Bentorki est à ce poste depuis presque 30 ans, je le connais bien. Vous verrez, il fera tout pour bloquer cette tournée." Le ministre me donne alors sa parole en tant que ministre d'Etat que je ferai cette tournée comme initiée avec Mme Nadia Labidi, que je signerai le contrat avec Bentorki et que tout se déroulera comme prévu.
Il m'a demandé de continuer les répétitions, de garder les factures et que tout l'argent que j'avais avancé me serait remboursé. Je l'ai remercié et suis allé voir M. Bentorki pour signer le contrat. Il nous a reçus avec mon manager européen et mon manager algérien qui connaît bien le terrain. Il nous a dit : "Moi, si je n'ai pas l'argent dans mes caisses, je ne signe pas le contrat. D'abord l'argent, et après je parle avec vous." C'était mot pour mot ce qu'il nous a dit. J'avais bien saisi et compris ce qu'il voulait dire. Je viens pour chanter dans mon pays, je remplis les stades, et il m'impose d'amener l'argent pour qu'il me paie. C'est du mépris, c'est de la "hogra". Il n'y a qu'en Algérie où ça se passe comme ça, et surtout pour nous.
Malgré la décision du ministre, rien n'a été fait ?
Oui bien sûr. Nous nous sommes repartis, et 3 jours après, nous avons effectué le virement. Nous avons ensuite demandé des rendez-vous, et bien-sûr, pour le revoir, il fallait courir. Nous avons tout de même réussi à le voir et lui avons demandé de vérifier si l'argent était bien dans ses caisses. Il nous l'a confirmé, et à partir de là, nous avons fait des va-et-vient incessants pour essayer de signer le contrat, car à chaque fois, il était absent. Je suis retourné voir le ministre qui m'a dit qu'il allait l'appeler pour lui demander lui-même de signer le contrat et au plus vite. Par coïncidence, je les ai aperçus à plusieurs reprises en tête à tête tous les deux, mais rien n'avançait, comme s'ils avaient décidé d'ignorer la tournée. Avec mon manager, nous allions pratiquement tous les jours afin de voir M. Bentorki, mais on ne le trouvait jamais. Le temps passait. Quand on arrivait à le trouver, il nous avançait des arguments étranges, il essayait de trouver des problèmes là où il n'y en avait pas. Je lui ai dit "Monsieur Bentorki, tout a été négocié clause par clause, tout a été ficelé. Monsieur le ministre est au courant de tout, il a le double du contrat, il suffit de le lire. Tout est clair, il suffit de signer le contrat pour qu'on puisse commencer à travailler". Il nous a fait perdre beaucoup de temps. C'était la pression, la panique, le doute.
Il ne veut pas signer ce contrat, il bloque pour que je ne fasse pas la tournée, c'était clair. À ce moment, j'ai compris que je ne ferai pas cette tournée. J'étais refroidi, choqué, comme d'habitude. Je suis retourné voir le ministre pour qu'il rembourse ce que j'avais avancé (j'ai payé les répétitions des musiciens pendant 40 jours, la technique, les billets d'avions, les hôtels, le transport, les repas...) et il était normal que cette avance me soit remboursée, il me l'avait d'ailleurs lui-même garanti. Il ne me reçoit pas. J'ai demandé au secrétariat à plusieurs reprises de me donner un rendez-vous, quitte à ce que ce soit dans 1, 2 ou 3 mois, mais impossible d'obtenir quoi que ce soit. Je suis resté plusieurs fois dans la salle d'attente de 9 h du matin à 17h en me disant qu'il aurait un peu de respect et accepterait de me recevoir. J'ai même pour témoins les gens qui travaillent au ministère, qui m'y ont vu à plusieurs reprises et m'ont dit "vous avez de la patience".
J'étais frustré, fracassé. C'est ce qu'on appelle de la torture. J'ai vraiment fait preuve de patience, et ce qui m'est venu à l'esprit c'est que je ne peux rien attendre d'un ministre qui ne respecte pas la culture. Je me suis alors demandé si ces gens là aimaient vraiment l'Algérie ? Car, voilà un exemple de la manière avec laquelle ils gèrent l'Algérie. J'ai alors levé la tête et suis reparti... Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais été remboursé de quoi que ce soit. À la limite je m'en fiche de l'argent.
Ce dont je rêve c'est de faire une tournée dans mon pays, dans les règles de l'art, et de faire briller la culture algérienne à travers le monde en amenant des médias étrangers qui montrent ce dont on est capable en Algérie. Vous savez, cette histoire n'en est qu'une parmi d'autres, et il y a de quoi faire un livre avec tout ce que j'ai subi en Algérie. Moi qui viens de loin pour travailler dans mon pays, pour y apporter ma contribution, pour donner le meilleur au peuple algérien et à mon cher public, je suis reçu par des gens qui décident pour nous, font tout pour qu'on ne vienne pas, pour qu'on parte et qu'on ne soit pas sur le terrain. Ils ont trouvé comment nous décourager pour nous faire partir, c'est ce qu'ils cherchent, et ils iraient même jusqu'à applaudir. C'est pour cette raison que même avec toute la torture que j'ai subie, je résisterai, et avec l'aide de Dieu, je serai présent. Je ne lâche rien, je ne baisse pas les bras, je suis très confiant et j'ai l'espoir en mon peuple algérien, amazigh, digne et adoré. L'Algérie va se relever, c'est une question de temps, et ses enfants la mettront sur la bonne voie. Je suis confiant, quand on veut on peut. On rattrapera, j'espère, le temps perdu.
Comment avez-vous vécu la pandémie ?
C'est vraiment triste ce qu'on a subi, mais j'ai beaucoup travaillé, j'ai fait beaucoup de créations. J'ai écrit une chanson contre la pandémie intitulée Chafu3a. Cette chanson est dédiée à tous les soignants pour leur courage et à mon cher public pour qu'il soit vigilant. Pendant cette période, j'ai fait beaucoup de sport. Par contre les spectacles, la scène, les musiciens, le public, m'ont énormément manqué. Si ça continue comme ça, je vais aller sur une grande place et chanter pour mon public. C'est impossible que ça reste comme ça, c'est insupportable, il faut absolument qu'on revienne à la normale, que je puisse chanter et sentir la chaleur humaine. On se demande vraiment si c'est un virus naturel ou si c'est un virus qui a été créé par l'homme. Dans le passé, il y avait des guerres avec des épées, puis avec des fusils, puis avec des bombes nucléaires. Maintenant, ce pourrait être des guerres avec des virus. Si c'était le cas, l'avenir est sombre. L'ennemi de l'homme c'est l'homme : plus on avance, plus il se détruit. Il tue la planète à petit feu. Que Dieu nous protège.
Votre dernier clip "La Kabylie" a suscité des réactions, parfois très critiques. Qu'en pensez-vous ?
En effet, mais je dois dire qu'entre les encouragements et les critiques, le clip a tout de même réussi à faire réagir le public. Cela est très encourageant pour moi, même si, je le regrette, que certains y sont allés à des commentaires parfois malvenus. Je chante la Kabylie, comme beaucoup d'artistes avaient chanté d'autres régions. Je suis issu de là-bas. C'est une région avec une beauté à couper le souffle, avec sa culture millénaire, ses couleurs, son peuple, digne, libre, courageux et révolutionnaire. Je suis fier d'y appartenir, comme j'aime voir tous les Algériens chanter et honorer leurs régions. C'est une région qui a beaucoup donné et qui continue à donner pour tout le pays. La chanter, c'est rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui se battent sans relâche pour sa culture, sa langue, son histoire et son existence. La Kabylie c'est la voix qui revendique haut et fort depuis toujours. À titre d'exemple, tout ce qui s'est passé pendant le Hirak en 2019 et 2020 a été dit depuis des décennies en Kabylie. En 2001, il y a eu 5000 blessés et 127 tués pour avoir revendiqué un Etat de droit et le respect des libertés, non pas uniquement pour elle-même, mais pour toute l'Algérie et au-delà à toute l'Afrique du Nord. L'Algérie a une grande chance d'avoir la Kabylie. Vive l'Algérie et vive la Kabylie. L'Algérie c'est la Kabylie et la Kabylie c'est l'Algérie. Je profite aussi de l'occasion pour souhaiter une bonne et heureuse année à tous. Assegas Ameggaz.

Propos recueillis par : MOHAMED MOULOUDJ


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