Le gouvernement du Canada a instauré hier une Journée nationale d'action contre l'islamophobie, marquant les commémorations du quatrième anniversaire de l'attentat meurtrier de la grande mosquée de Québec. Le 29 janvier 2017, Alexandre Bissonnette, un ancien étudiant en Sciences-po, âgé alors de 27 ans, avait commis un carnage en tuant de sang-froid six personnes, dont deux Algériens, et blessant dix-neuf autres dans une fusillade que rien ne pouvait justifier. La décision d'Ottawa fait suite à une demande de plusieurs organisations communautaires canadiennes qui réclamaient une reconnaissance officielle à la mémoire des victimes et de la communauté musulmane. "Le gouvernement fédéral fait ainsi du 29 janvier une Journée nationale de commémoration de l'attentat à la mosquée de Québec et d'action contre l'islamophobie", a indiqué jeudi le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault. Cette journée de commémoration de la tragédie du 29 janvier 2017 "nous permettra non seulement de ne jamais oublier cet horrible événement, mais également de poursuivre nos actions pour rendre ce pays plus ouvert et inclusif d'un océan à l'autre", a soutenu, pour sa part, la ministre fédérale de la Diversité, Bardish Chagger, dans un communiqué. L'instauration d'une telle journée a été recommandée par un comité parlementaire dans un rapport qui a suscité des frictions à Ottawa entre la majorité parlementaire et l'opposition. Auparavant, le gouvernement libéral avait fait la sourde oreille à la demande pressante de reconnaître de manière officielle l'anniversaire de la tragédie. La question de l'islamophobie avait également provoqué un tollé à l'Assemblée nationale du Québec où le Premier ministre, François Legault, avait nié l'existence d'un tel courant dans la société québécoise. Hier, en raison des restrictions imposées par la pandémie de Covid-19, les commémorations ont connu un cachet particulier, notamment sur internet où le souvenir de la tragédie est relayé en boucle sur les réseaux sociaux. L'auteur de la fusillade de la grande mosquée de Québec a été condamné à perpétuité avec libération conditionnelle après 25 ans. En première instance, le tribunal avait imposé 40 ans de détention minimale avant une éventuelle libération conditionnelle. L'affaire est envoyée en Cour suprême, qui n'a pas encore statué.