Le scandale du lotissement Petit Bois, dont les lots de terrain avaient été octroyés à d'ex-responsables qui occupaient des postes sensibles à la wilaya avant que les décisions d'attribution ne soient annulées, s'est invité à la session de l'APW de Aïn Témouchent, tenue dimanche 21 février. Connue pour son franc-parler et sa maîtrise des dossiers, Mme Leïla Baïdour, élue de Aïn Témouchent, a pointé le doigt, dimanche 21 février à l'issue des travaux de l'APW consacrés à l'examen de deux dossiers (préparation de la campagne labours-semailles et amélioration urbaine), sur le pillage du foncier dans la wilaya. "Vous, en tant que wali, vous serez incapable de gérer une wilaya en solo s'il n'y a pas une coordination entre les élus et l'administration pour combattre ce genre de fléaux. Car quand les intérêts personnels se mêlent entre l'administration et l'élu, on fera face à une catastrophe dont personne n'est capable d'en mesurer les conséquences", a-t-elle soutenu, en s'adressant au wali. Mme Baïdour a surtout abordé un sujet qui alimente les discussions des Témouchentois, à savoir le lotissement Petit Bois, dont les lots de terrain ont été octroyés à d'ex-responsables qui occupaient des postes sensibles à la wilaya avant que les décisions d'attribution ne soient annulées. L'élue a aussi tenu à poser une question au directeur de l'agence foncière de la wilaya concernant la formule réglementaire sur la base de laquelle se fait la transaction des lots de terrain à bâtir aux citoyens, les conditions réglementaires et les dispositions. Si la vente des terrains à bâtir aux citoyens doit passer par les enchères publiques, elle a soutenu que des personnes influentes – elle a refusé de divulguer leurs noms – occupant des postes sensibles à la wilaya ont bénéficié des lots de terrain à bâtir au Petit Bois qui ont fait, par la suite, objet d'une annulation. "Si les concernés ont bénéficié de ces terrains d'une façon réglementaire, pourquoi avoir procédé à l'annulation des décisions ?", s'est-elle interrogée. Pour l'élue, il s'agissait d'"une transaction non réglementaire, donc un pillage du foncier à travers des influences et autres échanges d'intérêts personnels grâce aux postes sensibles qu'occupaient les intéressés à la wilaya". "M. le wali, il y a du foncier qui est attribué sous la table. Ouvrez une enquête sur les lots de terrain à bâtir", a-t-elle recommandé, avant de rappeler que le dernier versement effectué par l'un des bénéficiaires auprès de l'une des banques de la wilaya, c'était le 15 septembre 2019, c'est-à-dire en plein Hirak. "Si la transaction de ces lots de terrain a été réellement annulée, ces personnes seront-elles remboursées ?", s'est encore interrogée Mme Baïdour. Invité par le wali à donner sa version, le directeur de l'agence foncière, qui est à la tête de cet organisme depuis un mois seulement, a affirmé qu'il est en pleine opération de passation des consignes, et qu'une fois informé du dossier relatif au lotissement Petit Bois, un rapport détaillé sera envoyé au wali, s'est-il engagé. "D'après mes informations, l'attribution de ce lotissement a été annulée sur la base d'un procès-verbal de réunion du conseil d'administration et de gestion, alors que ces lots de terrain n'ont pas fait l'objet d'une affectation", a-t-il précisé. Concernant la formule réglementaire sur laquelle s'est basée l'agence foncière pour vendre des terrains à bâtir, le directeur a cité l'article 27 quarter du décret exécutif n°03-403 en date du 5 novembre 2003 modifiant et complétant le décret exécutif n°90-405 en date de 22 décembre 1990 fixant les règles de création et d'organisation des agences locales de gestion et de régulation foncières urbaines. Cet article stipule que "toute opération de vente de terrain relevant des agences locales de gestion et de régulation foncières urbaines doit faire l'objet d'une publicité préalable. La liste des acquéreurs de terrains est affichée durant un mois dans les lieux publics, notamment aux sièges de l'assemblée populaire communale, de la daïra et de la wilaya concernées".