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VIEILLESSE ET SOLITUDE
CENTRE POUR PERSONNES ÂGEES ET HANDICAPEES DE BAB EZZOUAR (ALGER)
Publié dans Liberté le 29 - 05 - 2021

Déjà privés de la chaleur familiale, ils doivent aussi subir les contraintes que leur impose le centre en raison de l'épidémie de Covid-19. Interdits de sortir, ils vivent dans le froid de la solitude. Témoignages.
"Nous avons l'impression d'avoir été placés sous mandat de dépôt, c'est une prison à ciel ouvert !" D'une voix calme, l'air visiblement dépité, Mustapha, contrairement à ces propos, n'est pas un détenu d'opinion, ni un détenu politique. Il est pensionnaire du centre pour personnes âgées et handicapées de Bab Ezzouar (Alger) depuis quelques années déjà. Et la pandémie n'a nullement amélioré son quotidien éprouvant.
Confiné depuis 14 mois dans cet l'établissement, Mustapha (*) âgé de 74 ans, est complètement désemparé. Il peine à contenir sa douleur et à prendre son mal en patience. "Mes copensionnaires et moi sommes au bord de la dépression nerveuse. Nous voulons seulement sortir prendre l'air, respirer...", confie-t-il, au bout du fil, à Liberté qui n'a pas pu se rendre au centre, faute d'autorisation.
Depuis la crise sanitaire, les résidents de ce foyer, sis à l'est d'Alger, à la lisière d'une cité populeuse, ont été sommés de ne pas sortir, ni de recevoir des visites familiales de crainte de la propagation du Covid-19. Une décision certes raisonnable, mais qui, au fil des mois, a fini par peser sur le moral des pensionnaires. "La liberté n'a pas de prix ! Et nous sommes ici comme des prisonniers. C'est inhumain. Je souhaite seulement pouvoir prendre un café ou acheter des journaux", nous dit-il. Mais, Mustapha n'est pas le seul dans ce cas.
Plusieurs de ses copensionnaires sont dans le même état d'esprit. Ils sont coupés du monde extérieur alors que "la vie a repris son cours et il y a même une décrue des contaminations", estime-t-il. "Nous sommes confinés dans nos chambres ; nous avons seulement la télé et aucune autre activité. Je bouquine énormément mais depuis un moment, je n'ai plus rien à lire", regrette-t-il. Pourtant, ils n'ont pas omis d'exposer leurs doléances aux autorités et de solliciter même le ministère de la Solidarité nationale qui a la charge de la gestion de ces centres.
"Nous avons exposé le problème à la direction et même à la ministre de la Solidarité lors d'une visite pendant l'Aïd, mais à chaque fois, ils nous ressortent les mêmes excuses : vous êtes âgés, plus sensibles et fragiles à la maladie", dit-il, en haussant le ton. Comme Mustapha, Omar âgé de 65 ans, est logé à la même enseigne. Au son de sa voix, on comprend qu'il est blasé. "Nous ne faisons que manger et dormir. Cette situation est inadmissible ; nous voulons sortir, acheter des cigarettes, prier à la mosquée. Face à cette oisiveté, nous allons exploser !" tempête-t-il.
Sans famille, avant d'intégrer le foyer de Bab Ezzouar, Omar résidait dans un autre centre de transit, à la périphérie d'Alger. "Sincèrement, depuis mon transfert ici, j'ai été bien accueilli par le personnel. Certes, je souffre d'un handicap et grand nombre de pensionnaires souffrent de maladies chroniques, mais le fait de rester 'prisonnier' cela affecte terriblement le moral", soutient-il, visiblement peiné. En dépit de leur prise de conscience des menaces que fait planer la Covid-19 sur leur santé, voire sur leur vie, les pensionnaires ne dissimulent pas leur "ras-le-bol". Rester cloîtré entre quatre murs est pour eux une épreuve permanente difficile à surmonter.
"Nous sommes privés de nos droits"
Lorsque nous les interrogeons sur leur prise en charge, ils en font peu cas et ne semblent guère s'en soucier. Leur rêve ? Retrouver la joie de l'extérieur. "Pour l'instant, nous ne désirons qu'une seule chose : retrouver nos habitudes, nos copains de l'extérieur pour nous requinquer", répète Ahmed, un autre pensionnaire de 74 ans.
Il déplore même de n'avoir pas bénéficié du vaccin contre la Covid. "Dans les autres centres pour personnes âgées et handicapées, les pensionnaires ont eu droit au vaccin, alors que ceux d'Alger restent les grands oubliés !" Lassé de sa situation, avec ce sentiment d'être "enfermé et oublié", il lance un appel aux ministères de la Solidarité et de la Santé pour se pencher sur leur cas.
Un vœu exprimé par Madjid, âgé de seulement 55 ans, handicapé et atteint d'un cancer. Avec beaucoup de sérénité et d'une voix émue, il se dit consterné par ce qu'il qualifie de "mépris" envers lui et les autres pensionnaires. "Nous sommes censés ne pas être privés de nos droits. Nous nous sommes inscrits pour le vaccin à la polyclinique de Bordj El-Kiffan, mais nous n'avons pas été autorisés à nous y rendre", clame-t-il. "Ils ont refusé de nous vacciner, alors que nous souffrons de diverses maladies. Il y a eu des cas de Covid et ils nous interdisent de nous faire vacciner !" s'indigne-t-il encore.
Ce confinement qui n'a pas seulement des incidences sur leur vie quotidienne, a aussi engendré des "problèmes psychologiques" sur de nombreux résidents, d'après plusieurs témoignages. "Je ne pensais pas que l'on pouvait enfermer des personnes âgées. C'est un foyer mais nous n'avons quasiment aucun droit !". En brisant ce silence, Madjid, Mustapha, Omar, Ahmed ne caressent que le rêve et l'espoir de couler des jours "en paix" et de se "sentir protégés".
Le ministère maintient sa décision
Malgré ce cri de détresse, leur cause n'est pas pour l'heure entendue. L'interdiction demeure en vigueur, jusqu'à nouvel ordre. Au ministère de la Solidarité, on invoque la vulnérabilité des pensionnaires. "C'est une décision qui relève du ministère. Nous ne pouvons pas les laisser sortir. Ces pensionnaires sont vulnérables et la Covid-19 se propage rapidement. Ce sont des personnes âgées donc fragiles, qui risquent facilement de contracter la maladie et d'en mourir", explique l'attaché à la cellule de communication au département de la Solidarité.
"Nous comprenons leur situation et nous agissons pour leur bien. Rien ne sera changé tant qu'il n'y aura pas d'amélioration", affirme ce cadre. Selon lui, cette question a été soulevée lors du déplacement de la ministre au centre durant l'Aïd. "Des pensionnaires ont soulevé ce problème et nous leur avons expliqué que nous ne pouvons pas lever la décision, car nous craignons pour leur santé".
D'après lui, ce vœu n'est pas partagé par les soixante-dix pensionnaires du foyer qui se divisent en deux groupes : "Ceux qui désirent sortir et ceux qui sont satisfaits de ce confinement puisqu'il est instauré dans leur intérêt." Plus catégorique, le directeur technique des centres pour personnes âgées et handicapées, au niveau du même ministère, ne veut aucunement mettre en péril la vie de ces résidents.
"C'est une question de vie ou de mort !" martèle-t-il. Et d'insister : "Nous ne pouvons pas les laisser sortir, car ils risquent de contaminer tout le centre et cela nous ne pouvons l'accepter. Je souhaiterais les voir sortir mais cela n'est nullement possible tant que la Covid-19 est à nos portes. Cette décision a été prise par la ministre et la commission scientifique et médicale."
Il estime qu'ils ne sont nullement "conscients" du danger, alors qu'ils sont fragiles et atteints de comorbidités dues à leur âge. Il annonce, d'ailleurs, qu'ils seront vaccinés dans les tout prochains jours. "Ils seront vaccinés la semaine prochaine (cette semaine, ndlr). D'autres foyers dans le pays ont eu leurs vaccins, mais à Alger, il y a eu un problème dans le quota", reconnaît-il.
Cette perspective ne leur permettra pas cependant d'exaucer leur souhait, car "même vaccinés, ils ne pourront pas quitter les lieux, car l'efficacité du vaccin n'a pas encore été prouvée et nous le constatons ailleurs, comme en France par exemple".
Histoire sans doute de briser la monotonie des lieux, ce responsable a informé que son département a concocté un programme de divertissements pour les pensionnaires. En attendant une hypothétique solution, ces personnes, privées de chaleur familiale, abandonnées, pour certaines, par leur progéniture, risquent de se "consumer" lentement...

Reportage réalisé par : HANA MENASRIA

(*) Les noms des personnes ont été changés
pour garder leur anonymat.


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