Un rassemblement suivi de la fermeture de la route menant vers le boulevard Frères-Bouaouina, Les Oliviers et le tunnel Sidi Abdelkader, dans la ville de Béjaia, a été organisé, samedi 19 juin, par les habitants du boulevard Frères-Bouaouina, de la rue Bachir-Bousbissi et de la rue Mohamed-Hafedh. Le rassemblement a été tenu au niveau du carrefour, sis devant la résidence d'hôtes et anciennement siège de la daïra de Béjaïa. En effet, à l'appel du collectif des associations et habitants des quartiers cités ci-dessus, plusieurs personnes se sont donné rendez-vous pour protester contre le projet immobilier, prévu, a-t-on indiqué, sur "un site à caractère historique et à caractère public". Les protestataires exigent l'annulation ou du moins le réexamen de l'attribution de ce permis de construire, établi par le nouvel exécutif communal la fin de l'année 2020, en dépit des "réserves", voire "des avis défavorables de certaines directions de wilaya, celles de l'urbanisme et de la construction (DUC), de la culture et des forêts", ont affirmé les protestataires, rencontrés sur place. Et pour cause : le site est, selon eux, protégé pour son caractère historique. "Il doit bénéficier de protection", estiment-ils. Après trois actions, des sit-in tenus devant le site en question, les protestataires ont décidé de durcir le mouvement en procédant à la fermeture de la route. "Nous privilégions la voix du dialogue, mais force est de constater, déplore un habitant du quartier Bachir-Bousbissi, qu'il n'y a pas de répondant de la part des autorités locales, qui observent, selon lui, un silence injustifié." Aujourd'hui, a enchaîné un autre manifestant, "nous exigeons une commission d'enquête". "Si le promoteur en question est dans ses droits, nous prenons l'engagement de demander des excuses publiques. Mais nous réclamons, pour ce faire, une vraie enquête de tous les services concernés", a-t-il ajouté. Joint au téléphone, le promoteur immobilier, M. Samir Djama, a soutenu que son projet "ne souffre aucune ambiguïté". "C'est le fruit de mon labeur", lance-t-il, avant de préciser qu'avant de faire l'acquisition de son terrain, objet d'opposition, il a sollicité le bureau d'études Mahindad, qui a réalisé le plan de sauvegarde de la ville de Béjaïa. "Ce n'est qu'après l'avis favorable de ce bureau d'études que j'ai fait l'acquisition du terrain et fait les démarches pour avoir le permis de construire. Dans la foulée, j'ai suivi la procédure au niveau de la direction de la culture. Le permis de construire a été obtenu vers la fin de l'année 2017. Mais la procédure qui s'ensuivit a duré jusqu'au mois de mai 2020", dit-il. Le ministère de la Culture avait dépêché, selon Samir Djama, une équipe. "Après son rapport, j'ai eu un avis favorable", affirme-t-il, avant de poursuivre : "Il y a eu ensuite des oppositions du mouvement associatif. Le chef de l'exécutif communal a pris un arrêté de suspension du permis de construire en juillet 2020. J'ai attaqué en justice alors l'APC. Et la justice m'a donné raison, y compris à l'encontre des membres de l'association. Après quatre ans d'attente, il est temps que je jouisse pleinement du fruit de mon labeur. S'ils veulent acheter ce terrain, il n'y a aucun problème." Et au promoteur de s'emporter : "J'avais quelque 500 salariés, déclarés. Je me retrouve avec seulement 220 à cause des blocages administratifs et des oppositions des citoyens. Basta !" M. OUYOUGOUTE