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"L'ACCORD D'ALGER RESTE LA SEULE REFERENCE POUR LA PAIX AU MALI"
DJALLIL LOUNNAS, PROFESSEUR DE RELATIONS INTERNATIONALES
Publié dans Liberté le 21 - 06 - 2021

Dans cet entretien, le professeur de relations internationales à l'université Al-Akhawayn (Maroc) et spécialiste des groupes terroristes, fait le bilan des six ans de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, signé à Alger en 2015. Il estime que cela marquait la victoire diplomatique d'Alger et de l'approche dite de la solution politique.
Liberté : Six ans après la signature à Alger de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali. Quel bilan peut-on faire de cet accord ?
Djallil Lounnas : L' Accord d'Alger de 2015 est, de toutes les médiations qui ont eu lieu, sans doute le plus abouti, dans la mesure où il regroupait à l'époque l'ensemble des acteurs clés du conflit au Mali, à savoir la CMA (Coordination des mouvements de l'Azawad), les groupes proches de Bamako regroupés autour de la plateforme et enfin Bamako, l'ensemble soutenu par les principaux acteurs de la région. L'accord excluait l'indépendance du nord du Mali, mais reconnaissait l'Azawad comme réalité humaine, mais pas d'autonomie à proprement parler, des élections d'assemblées locales, une plus grande représentation des populations du Nord au niveau de Bamako, l'intégration des combattants du Nord dans l'armée malienne ainsi qu'une commission d'enquête sur les crimes commis dans les années 2012-2015. Bref, sur le papier cela suivait à la lettre les modèles de réconciliation post-conflit. Egalement, cet accord marquait la victoire diplomatique d'Alger et de l'approche dite de la solution politique défendue depuis le début de la crise en 2012 par l'Algérie, pour qui la solution passait en intégrant l'ensemble des acteurs dans une solution, dans un accord, en satisfaisant des demandes des mouvements Azawad considérés comme légitimes (politiques, sociales, économiques) tout en évitant une partition du pays.
Ultimement, cet accord avait pour but de "couper" les mouvements terroristes des populations locales, les isoler et éventuellement les éliminer avec le soutien des acteurs locaux.Sauf qu'en fait, dès le départ, l'application de l'accord s'avérait difficile. Les acteurs ont été mis sous forte pression pour signer cet accord. La CMA regroupant les principaux groupes d'opposition de l'Azawad n'a d'ailleurs pas tout de suite signé l'accord qu'elle avait d'ailleurs initialement rejeté. Ce n'est qu'en juin 2015 qu'elle l'a fait, soit un mois après. Les assemblées transitoires n'ont été mises en place qu'en 2017, bien plus tard et après des affrontements. Quand à une intégration des combattants du Nord dans l'armée malienne, c'est resté sur papier. Entre temps, l'Etat malien a continué à désagréger, les groupes d'autodéfense proches de Bamako se sont autonomisés totalement, il y a eu multiplications des milices et groupes armés partout dans le Sahel, des conflits interethniques extrêmement violents et les groupes terroristes (JNIM et le EIGS) n'ont fait que se renforcer.
Pour beaucoup, aucune des parties n'a respecté le contenu de cet accord. Quelles en seraient les raisons d'après vous ?
L'accord en prévoyant une plus grande représentation démocratique à travers le système des élections, certes, risquait de mettre de côté le rôle des chefs traditionnels dont l'autorité serait remise en cause par ces nouvelles institutions. Or, ces chefs sont souvent les leaders des mouvements armés. Egalement, l'accord regroupait des mouvements armés dont il n'est pas certain qu'ils représentaient les populations et la société civile du Nord, qui, elles, n'ont pas été réellement consultées au demeurant. Pire, depuis 2015, il y a une fragmention des groupes membres de l'Accord d'Alger avec, par exemple, l'apparition de la CME depuis, qui est issue d'une division au sein des signataires de l'accord. En fait, il y a eu une désagrégation progressive et des divisions internes. Plus généralement et réellement, personne n'a fait aucun effort pour le mettre en place. Il semble in fine que les acteurs l'ont signé plus sous la pression des évènements et surtout des acteurs régionaux et internationaux impliqués dans la crise (ONU, EU, Cédéao, France, Algérie, etc.) que d'une réelle volonté de mettre fin au conflit, et ce, d'autant que l'accord les mettait en réalité tous en porte-à-faux avec leurs propres buts et intérêts. Aucun n'avait également les moyens de faire pression sur les autres pour s'assurer que l'accord était suivi d'effet sur le terrain, le tout dans un contexte de progression rapide de la violence des groupes terroristes. Notons également que les partenaires du Mali n'ont pas, non plus, fait grand-chose au fil des années pour pousser à l'application des accords.
La communauté internationale et l'Algérie qui a abrité cet accord continuent d'appeler à son application, est-ce à dire que la médiation internationale et l'ONU ne sont pas parvenues à le faire respecter ?
L'ONU a signé cet accord en 2015 à Bamako et donc a soutenu cet accord même si ce dernier a été fait sous médiation algérienne. Il est évident que la médiation de l'ONU et toutes les autres ne sont pas parvenues à le faire respecter. Il y a eu une tentative en mars 2021 de le réanimer, puisqu'une conférence s'était tenue à Kidal pour faire le point sur l'application de celui-ci (notez que c'est 6 ans après sa signature !), et ce, dans le contexte où Paris annonçait déjà sa volonté de se retirer du Mali. La tentative de mars visait donc à préparer cette éventualité en remettant en scelle cet accord avec une forte présence des signataires, mais également de diplomates algériens et des représentants des cinq membres permanent de l'ONU, en vain. Rien ne s'est passé sur le terrain et la violence a continué.
L'annonce de la fin de l'opération Barkhane au Mali, ne risque-t-elle pas de compliquer davantage la situation sécuritaire dans ce pays ?
La fin de Barkhane est un saut dans l'inconnu. Pour l'instant, Barkhane est la seule force qui a eu des résultats sur le terrain même s'ils n'ont rien changé sur le cours des évènements. Et pour cause, on est face à des Etats faibles dont les armées sont faibles.
Aucune armée de la région n'a obtenu de résultat dans la lutte contre les groupes terroristes, exception faite de l'armée tchadienne.
Il y a une multiplication des groupes armés et milices échappant à tout contrôle, par exemple les milices d'autodéfense qui ne sont plus du tout contrôlées par qui que ce soit, la corruption et l'effondrement économique est là. La France annonce qu'elle va d'abord réduire ses troupes de 2000 hommes, et va renforcer l'EUTM, une unité d'entraînement et de formation, ainsi que la force Takuba.
Sauf que l'EUTM n'a donné aucun résultat en plusieurs années d'existence, tandis que la mise en place de Takuba reste aléatoire et cela reste des forces spéciales. Les autres dispositifs, tels la Minusma et le G5-Sahel n'ont pas permis de faire face à la poussée des groupes terroristes. Le départ de Barkhane est un véritable saut dans l'inconnu.
Le nouveau président de la transition au Mali, le colonel Assimi Toïga s'est engagé à appliquer l'Accord d'Alger, comment et en a-t-il les moyens ?
Je pense qu'il s'agit de rhétorique. Le départ de la France qui a condamné sans appel son coup d'Etat le force à se rapprocher d'autres acteurs régionaux, notamment l'Algérie d'une part, et d'autre part, on l'a vu également faire des appels à la Russie même s'il est peu probable que celle-ci réponde positivement, et de manière générale a tenté de donner des garanties à la communauté internationale voire même aux divers groupes et factions qui existent au Mali.
L'Accord d'Alger, étant celui sur lequel il y avait eu en 2015 un large consensus et en l'absence d'alternative, reste la seule référence. Il me semble logique qu'il fasse de telles déclarations. Mais si ses prédécesseurs qui étaient dans une meilleure posture et avec un soutien international n'ont pas été en mesure de l'appliquer, il me semble aléatoire de croire qu'un régime issu d'un coup d'Etat, isolé aux niveaux local, régional et international, à la tête d'un Etat et d'une armée excessivement affaiblie, puisse le mettre en application.
Entretien réalisé par : Amar RAFA


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