Les transports, les services et l'industrie agroalimentaire ont été les plus impactés par la pandémie. Malheureusement, beaucoup d'entreprises n'ont pas pu résister au choc. La pandémie de Covid-19 a eu un impact très marqué sur la situation financière des entreprises algériennes. Dans certains secteurs, elles ont enregistré une chute brutale, sans précédent, de leur chiffre d'affaires. Certaines n'ont, malheureusement, pas survécu et ont dû cesser leurs activités. C'est ce qui ressort des études menées par des chercheurs du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread). Les résultats de ces travaux de recherche ont été présentés, jeudi, lors d'une journée d'étude organisée à l'Ecole nationale d'administration. "Le secteur des services et l'industrie manufacturière ont été fortement impactés", a constaté Mohamed Kadi, maître de recherche au Cread, en évoquant l'impact de la pandémie de Covid-19 sur l'activité des entreprises en Algérie. L'enquête a été menée du 10 juin au 20 juillet 2020. En dépit de ses limites, 60 entreprises seulement ont répondu au questionnaire diffusé par voie électronique (Google Forms), l'étude donne une image sur les effets de la crise sanitaire sur certains secteurs. Les entreprises enquêtées ont perdu plus de 50% de leur chiffre d'affaires. "Les petites et moyennes entreprises ont été les plus touchées", a relevé Mohamed Kadi. Le secteur du transport de marchandises a, "paradoxalement", enregistré, fait remarquer le chercheur du Cread, une perte de 90% du chiffre d'affaires, suivi du secteur des services et du secteur de l'industrie agroalimentaire. Les entreprises appartenant à la région Centre ont été les plus impactées. 89% des entreprises interrogées ont noté des difficultés à commercialiser leurs produits. Sur les causes qui ont impacté la commercialisation des produits, 63% des sociétés évoquent l'arrêt total de l'activité et l'absence de clients. 11% des entreprises questionnées citent le confinement du personnel et le manque de transport, alors que 8% pointent l'augmentation de créances. "Durant cette période, beaucoup d'entreprises ont eu des difficultés financières", fait remarquer Mohamed Kadi, indiquant que certaines ont recouru à l'arrêt total de leur activité. L'étude fait également ressortir que 56% du personnel n'a pas pu rejoindre son lieu de travail. "Cet impact a été plus ressenti dans les secteurs des services et celui du bâtiment et des travaux publics", souligne l'enquête. Plus de 50% des entreprises (27 sur 60) ont adopté le télétravail. Les entreprises qui ont répondu aux questionnaires ne sont pas satisfaites des mesures prises par le gouvernement. 90% d'entre elles estiment qu'elles sont insuffisantes. Les entreprises demandent, notamment, l'exonération et la prise en charge des charges fiscales et sociales et un crédit exceptionnel, et le report des paiements de charge. L'effet de la crise sur le bilan des entreprises risque de peser sur les investissements en phase de reprise. L'étude indique que 11% des entrepreneurs interrogés envisagent la fermeture de leur entreprise dans les six prochains mois. En l'absence d'un accompagnement de l'Etat, 12% des entreprises prévoient de réduire les effectifs pour alléger les charges. 10% des chefs d'entreprise envisagent de reporter leurs investissements. Cependant, 21% des opérateurs économiques questionnés tablent sur la reprise de l'activité. Analysant l'impact socioéconomique de la Covid-19 sur les ménages, Walid Merouani, maître de recherche au Cread, relève que plus de 5% des personnes qui ont répondu à l'enquête ont été mises au chômage. L'enquête en ligne a été menée auprès de 690 individus. 2% des répondants ont été mis au chômage. Les apprentis (20%) et les indépendants (14%) ont été les plus touchés par la perte de leurs emplois, suivis des salariés (7%) et des employeurs (6%). "Les femmes couraient plus de risques de perdre leur emploi et les jeunes seraient plus vulnérables sur le marché du travail", a fait remarquer Walid Merouani. Selon ce dernier, les hommes avaient plus de risques de voir leurs revenus baisser. Les femmes avaient plus de chances de garder un revenu stable, mais elles étaient plus vulnérables à la perte de leurs revenus. L'analyse par âge fait ressortir que les jeunes ont plus de risques de perdre leurs revenus. 10% de jeunes de 15 à 29 ont déclaré avoir perdu leurs revenus. L'étude fait, par ailleurs, état de la baisse des dépenses alimentaires au profit des dépenses d'hygiène et de santé. 35% des personnes qui ont répondu à l'enquête ont affirmé qu'elles ont puisé dans leur épargne. Ce qui est surprenant est que 35% des répondants n'étaient pas informés des programmes gouvernementaux adoptés pour faire face la crise. Walid Merouani note une insatisfaction, notamment des jeunes, par rapport aux mesures prises par le gouvernement. Abdelkakder Zoheir Hadefi, attaché de recherche au Cread, relève, de son côté, une accentuation de l'inégalité des revenus. Des chercheurs du Cread se sont penchés sur l'enseignement à distance et le télétravail pendant la pandémie de Covid-19, et relèvent la mauvaise qualité de l'internet.