Plusieurs pays d'Europe considèrent la compagnie nationale des hydrocarbures comme un fournisseur fiable sur le marché du gaz. L'offre en gaz naturel en provenance de Russie est en train de "se resserrer", alors que la demande, soutenue par le recul de la pandémie de coronavirus, tend désormais à "se redresser" en Europe. De fait, le déséquilibre entre l'offre et la demande a entraîné une "augmentation des prix du gaz" sur le Vieux Continent. La contraction des livraisons russes risque, par ailleurs, de provoquer "une pénurie des stocks" en Europe. Gazprom a injecté des "quantités minimes" dans son propre espace de stockage européen. Par conséquent, les stockages européens "ne se remplissent pas rapidement et ne seront probablement pas suffisamment remplis d'ici le début de l'hiver". En hiver, la perturbation des approvisionnements en gaz pourrait avoir un grave effet sur les citoyens qui se chauffent uniquement au gaz naturel. C'est du moins ce qui ressort d'une note d'analyse diffusée, jeudi, par l'agence américaine S&P Global Platts. C'est peut-être là une opportunité que Sonatrach devrait saisir dans le cadre de son redéploiement sur les marchés gaziers. La compagnie nationale pourrait suppléer la "défaillance" de la Russie. Mais encore faut-il qu'elle en ait les moyens. Evidemment, Russes et Européens s'emploient à rechercher ensemble des solutions mutuellement acceptables, afin d'éviter toute perturbation de l'approvisionnement en gaz. Cependant, les relations politiques de plus en plus tendues, actuellement, entre les deux parties font qu'il devient bien plus difficile de parvenir à une solution négociée. En cas de blocage, l'Europe fera appel à d'autres fournisseurs (dont Sonatrach) présents déjà sur le Vieux Contient. Elle n'a pas d'autre choix. Plusieurs pays d'Europe font confiance à la compagnie nationale, en estimant qu'elle reste un acteur important sur le marché du gaz et qu'elle a développé une réputation de fournisseur fiable. Au cours du premier trimestre 2021, Sonatrach a fortement augmenté ses exportations vers l'Europe. Selon la compagnie nationale, l'Italie a été la première destination de ses livraisons gazières, avec un volume total de "6,4 milliards de m3, soit une progression de 109%" par rapport aux trois premiers mois de 2020. Grâce à cette hausse, Sonatrach a "renforcé sa position" de deuxième fournisseur de gaz de l'Italie avec des parts de marché à 35% contre 16% durant la même période de 2020. L'Espagne et le Portugal arrivent derrière l'Italie, avec un volume exporté de 4,3 milliards de m3 de gaz durant les trois premiers mois de 2021, soit une progression de 122% par rapport à la même période de 2020. Cela représente une part de marché de plus de 47% contre seulement 21% durant le premier trimestre 2020. Avec cette performance, Sonatrach maintient sa position de fournisseur essentiel de gaz sur ce marché stratégique. Elle ne peut, pour autant, se reposer sur ses lauriers. Sonatrach sait à quel point la concurrence est rude sur ce marché où beaucoup de gros calibres disposent d'importantes capacités d'exportation et où la Russie ambitionne d'y accroître sa position. Entre la Fédération de Russie et l'Europe, les problèmes énergétiques sont récurrents. Cette préoccupation s'est particulièrement fait sentir après le conflit gazier russo-ukrainien, qui a démontré que le transit du gaz vers l'Europe centrale et occidentale à travers un seul pays n'est pas fiable. Les deux parties avaient pourtant convenu, il y a quelques années, d'instaurer un mécanisme d'alerte précoce pour prévenir les problèmes d'approvisionnement de l'UE en gaz. Youcef Salami