Des centaines de citoyens, venus de différentes localités de la vallée de la Soummam, ont répondu favorablement à l'appel à la marche pacifique organisée, hier matin, au village de Guendouze, chef-lieu communal d'Aït R'zine, dans la tribu des Ath Abbas, en signe de solidarité avec le militant Malek Boudjemâa, natif de la région, qui se trouve toujours en garde à vue à Tizi Ouzou depuis son arrestation le 6 septembre dernier, par les services de la Gendarmerie nationale. Initiée par le comité de soutien au militant Malek Boudjemâa, la manifestation qui s'est ébranlée, vers 10h30, depuis la stèle d'El-Mokrani, fraîchement inaugurée à Guendouze, jusqu'à la placette de la mairie d'Aït R'zine, soit un itinéraire long de plusieurs centaines de mètres. Arborant le drapeau national et l'emblème amazigh aux côtés des portraits de certains détenus d'opinion, dont celui de Malek Boudjemâa, les manifestants ont scandé, tout au long de cette démonstration de rue, des slogans réclamant la libération de l'enfant des Ath Abbas, mais aussi de tous les détenus politiques et d'opinion. "Assa azekka, Malek yella, yella" (aujourd'hui et demain, Malek existera), "Mazalagh d-Imazighen" (nous sommes toujours des Amazighs), "libérez Malek Boudjemâa", "Tilelli iy-mahvas n'rai" (liberté pour les détenus d'opinion), "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac" (pas de pardon), ont-ils crié à tue-tête sous une chaleur torride. Par endroits, la foule marque une halte pour entonner en chœur la célèbre chanson engagée du groupe Ideflawen, intitulée "J'tiyi avrid ad-adigh, iwumi ara-tugadem" (laissez-moi passer, de quoi avez-vous peur ?) Un chant de révolte devenu par la force des choses l'hymne du Hirak, notamment en Kabylie. Les manifestants ont marqué une halte devant le siège de la mairie, où étaient accrochées deux imposantes banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Ath Abbas solidaire avec Malek Boudjemâa" et "Les Kabyles ne sont pas des terroristes. Liberté aux détenus politiques". Lors de ce rassemblement citoyen, plusieurs acteurs de la société civile et amis de Malek Boudjemâa ont pris la parole pour rappeler le parcours militant de ce dernier, son engagement en faveur des causes justes ainsi que ses valeurs humaines. "Il faut rappeler que Malek Boudjemâa est un fils de chahid, un militant pacifiste et rassembleur qui se bat toujours pour le bonheur de ses concitoyens d'Ath Abbas et de toute la population de Kabylie. Il a enfanté de valeureux cadres, dont un médecin et un architecte. De ce fait, sa place ne peut aucunement être en prison. Même les services de sécurité et les autorités locales sont là pour témoigner de sa bonne conduite et de son comportement exemplaire", témoigne Me Sofiane Ouali, avocat natif de la région d'Ath Abbas. Par ailleurs, il convient de signaler que les habitants de Kiria, à Assif El-Hammam, dans la daïra d'Adekar, ont procédé, hier matin, à la fermeture de la RN12 reliant la wilaya de Béjaïa à celle de Tizi Ouzou, en signe de protestation contre l'arrestation par les services de sécurité de cinq citoyens de la même localité. L'on ignore pour le moment les raisons ayant motivé cette énième interpellation de citoyens en Kabylie.
