Les Nations unies ont exprimé hier leur profonde inquiétude face aux expulsions massives de migrants haïtiens par les Etats-Unis, mettant en garde contre le risque que cela fait courir à des gens qui peuvent sérieusement prétendre au droit d'asile. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et l'agence onusienne pour les réfugiés, le HCR, ont joint leurs voix pour rappeler que tout demandeur d'asile a le droit de voir sa demande examinée. "Nous sommes profondément inquiets du fait qu'il n'y ait eu aucun examen individuel dans le cas" des Haïtiens, a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat, Marta Hurtado, lors d'un briefing régulier de l'ONU à Genève. Et "peut-être que certaines de ces personnes n'ont pas bénéficié de la protection dont elles avaient besoin", a-t-elle souligné. Shabia Mantoo, porte-parole pour le HCR, a souligné, pour sa part, lors du même point de presse que la demande d'asile "est un droit de l'homme fondamental". "Nous appelons à ce que ces droits soient respectés", a-t-elle dit. Le président américain, Joe Biden, a annoncé samedi qu'il allait accélérer le rythme des expulsions par avion des près de 15 000 migrants, surtout des Haïtiens, regroupés depuis des jours sous un pont au Texas. Les expulsions d'Haïtiens avaient été provisoirement suspendues après un séisme qui a dévasté leur pays le mois dernier. "La grande majorité des migrants continue à être expulsée" immédiatement en vertu d'une règle sanitaire adoptée au début de la pandémie pour limiter la propagation du virus, a précisé le ministère américain de la Sécurité intérieure. La porte-parole du HCR a rappelé l'opposition totale de l'agence à cette politique et réitéré l'appel à tous les pays à "accorder le droit d'asile à tous ceux dont la vie en dépend". "Il y a d'autres moyens de gérer la santé publique (...) et en même temps de garantir le droit à demander l'asile. C'est tout à fait possible", a-t-elle insisté.