Le conflit qui oppose Abou El-Fadhl Baâdji et des membres du comité central quitte le siège du FLN pour se retrouver dans les couloirs des tribunaux. Près d'une soixantaine de cadres du parti, accusés d'avoir recouru à la violence, ont été entendus par la police ces derniers jours. Selon des sources concordantes, les auditions ont eu lieu après des plaintes déposées par Abou El-Fadhl Baâdji. Le secrétaire général du FLN, objet de tentatives de destitution depuis plusieurs semaines, a en effet décidé de porter plainte, nommément, contre des membres du comité central qu'il accuse de "violence" lors de la tenue d'un sit-in, jeudi 9 septembre dernier. Ce jour-là, quelques dizaines de personnes faisant partie de cette instance délibérante du parti, s'étaient réunies au siège du parti, à Hydra, pour annoncer "la vacance du poste de secrétaire général". Avant la tenue de cette rencontre, des accrochages avaient opposé les deux camps faisant quelques blessés. Cela n'a pas empêché la rencontre de se tenir. Puis, deux jours plus tard, les opposants au secrétaire général reviennent à la charge. Ils ont tenté de tenir une autre rencontre. Mais Baâdji avait pris les devants : il avait battu le rappel de ses soutiens. Les deux camps se sont fait face durant plusieurs heures et n'était l'interposition de la police, ce face-à-face aurait pu tourner à la bagarre générale. Dans leur quête de déchoir Abou El-Fadhl Baâdji de son fauteuil, les redresseurs du FLN ont joué sur les chiffres. Ils assurent avoir réuni le nombre nécessaire de voix pour signer une motion de défiance vis-à-vis de leur responsable. "Nous avons atteint le quorum", assurait Mohamed Issad, membre du comité central, qui fait partie des cadres auditionnés par la police. Mais du côté de la direction du parti, on estime que le nombre des membres du comité central qui participent à la dissidence "ne dépasse pas la soixantaine". Les opposants "ont ramené des membres radiés des instances du parti, ceux qui ont démissionné et d'autres qui ne sont même pas membres du comité central", répliquait Abou El-Fadhl Baâdji quelques jours auparavant. Malgré cette implication de la justice, les redresseurs n'en démordent pas. Ils refusent de voir en ces convocations un quelconque soutien à Abou El-Fadhl Baâdji. "La police n'a fait que son travail. Nous avons été entendus, nous avons donné nos versions. Nous maintenons que ce sont les partisans de Baâdji qui ont utilisé la violence", assume Mohamed Issad, qui rappelle que lui et d'autres camarades étaient entrés dans le siège sans violence. Outre cette séquence de violence, les autorités doivent également trancher la question de fond qui est celle de la légalité du maintien d'Abou El-Fadhl Baâdji à la tête du parti. Cela dépendra de la réponse que donnera le ministère de l'Intérieur au dossier fourni par les redresseurs qui ont déclaré "vacant" le poste de secrétaire général du FLN.