Résumé : Latéfa parle à son père du professeur qu'elle n'a pas reconnu au bloc opératoire. Da Ali ne tarde pas à se rendre à l'entrée du bloc opératoire. Un infirmier qui en sort lui apprend que le professeur n'est pas venu et que c'est un confrère qui intervient sur ses patientes. Da Ali demande à lui parler. Il patiente dans le hall, parmi les familles qui attendent elles aussi leurs parentes. La clinique privée l'appelle. Da Ali attend longtemps avant de voir la chirurgienne qui finit par profiter d'une courte pause pour lui parler. -Apparemment, vous êtes déçu que ce ne soit pas le professeur, remarque-t-elle. Monsieur, je vous promets d'avoir procédé suivant ses notes. -Mais pourquoi n'est-il pas venu ? Ce n'est pas de ses habitudes de s'absenter, dit Da Ali. Il est injoignable. -Je n'en sais rien. Lorsqu'il reviendra, il nous expliquera les raisons de son absence, s'il le veut bien sûr. Da Ali l'a scrutée pendant qu'elle parlait. Elle a le visage grave et il se dégage d'elle de l'assurance. Il finit par en déduire qu'elle est à la hauteur de sa mission, sauver des vies. Si son ami lui a demandé de le remplacer, c'est qu'elle a son entière confiance. Il ne peut plus douter d'elle et de ses compétences. -Monsieur, on m'attend au bloc, lui rappelle-t-elle. Avez-vous des questions ? -Comment s'est passée l'opération ? -Bien. J'ai suivi à la lettre tout ce qu'il avait prévu de faire, confie la chirurgienne. Cela fait 18 ans que je l'assiste dans toutes ses interventions, si cela peut vous rassurer. Vous pourrez le confirmer auprès de lui, ce n'est pas la première fois qu'il me confie ses malades. Pour votre fille, il avait décidé d'une mastectomie pour le sein ayant une masse importante et une tumorectomie pour le second. J'ai procédé à sa manière. Avant chaque intervention, le professeur avait l'habitude de "dessiner" et j'ai suivi au millimètre près. Le compte-rendu vous sera remis à sa sortie d'hôpital. Si vous voulez bien m'excuser, je dois retourner au bloc, me changer avant de reprendre. J'ai deux patientes qui attendent d'être opérées. -Qu'Allah vous vienne en aide. Merci pour ma fille. Merci pour toutes ces patientes que vous sauvez. -Je ne fais que mon devoir. Au revoir Monsieur. Da Ali la regarde passer les portes du service avant de retourner auprès de sa fille. Celle-ci dort, il fait signe à Houria de sortir de la chambre pour ne pas la réveiller avec leur discussion. -Tu as tardé, lui reproche-t-elle. Tu as pu voir le professeur ? -Non, non. C'est son assistante qui s'est occupée d'elle, lui apprend-il. Elle a fait ce qu'il avait prévu de faire. Il est méticuleux et préparait tout à l'avance noir sur blanc. -Elle a retiré la tumeur ? Da Ali secoue la tête. Il se pose des questions et hésite un moment avant de les formuler. -Sur le coup, j'ai été surpris et je ne me suis pas posé de questions, puis je me suis rappelé. Il devait retirer une tumeur pas deux. Il voit Houria froncer les sourcils, puis pâlir. -Qu'est-ce que tu dis ? Deux tumeurs ? Mais notre fille n'en a qu'une. -C'est ce que je me disais aussi, reconnaît-il. Peut-être qu'ils ont découvert la deuxième après l'avoir ouverte. -Ma pauvre fille. -Je me suis aussi rappelé que le professeur disait que le type de maladie qu'elle a se propage rapidement, dit Da Ali. C'est pourquoi il voulait tout enlever. La chirurgienne a dit avoir retiré un sein et une partie de l'autre... -Mais cette chirurgienne est folle. C'est un massacre qu'elle a fait, murmure Houria en s'appuyant au mur, proie à un vertige. Elle a massacré sa féminité. Ya Rebi, elle l'a mutilée ! Et tu appelles ça, une opération ? Da Ali hausse les épaules. -Mais je n'en sais rien. Peut-être qu'elle ne pouvait pas faire autrement, elle a dit avoir suivi à la lettre, le dessin qu'il a fait... -Mais il ne t'en avait jamais parlé. Il ne voulait pas t'effrayer, c'est ça ? -Ce que je sais, c'est qu'il voulait faire au mieux. Après, on ignore ce qui l'a retenu. Latéfa est tombée entre les mains de cette femme. Je ne crois pas qu'avec l'expérience qu'elle a, elle ait raté l'intervention. Ce n'est pas possible.
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