Salim se leva très tôt ce matin-là. A peine les lueurs du jour commencèrent–elles à poindre qu'il sauta de son lit. Une douche rapide et le voilà déjà habillé et prêt à partir. C'est que ce jour-là il avait un rendez-vous très important. Un rendez-vous qui tracera désormais son avenir professionnel. Ingénieur d'Etat en pétrochimie depuis déjà cinq années, il avait traîné la patte. Salim acceptait le premier boulot qui se présentait à lui. Aujourd'hui donc, la providence décidera pour lui. Un filet dans la presse et le voici prêt à se présenter à un concours de recrutement d'ingénieurs en pétrochimie dans une grande entreprise d'Etat. Il n'avait pas eu besoin de trop réfléchir. Non, pas du tout, car s'il pouvait obtenir un poste permanent et rémunéré régulièrement, il ne demandera pas son reste. Il voulait tant se stabiliser Salim. Un jeune à la trentaine déjà bien avancée, et qui parfois se sentait inutile au sein même de sa famille, malgré la compréhension de cette dernière. Sa mère l'exhortait à se marier. Elle voulait le voir casé et bien chez lui. Et comme toutes les mamans, elle rêvait de voir ses petits-enfants. Son frère aîné, médecin, était déjà marié, mais n'avait pas encore d'enfants. Tout simplement parce que même installé à son compte, ce dernier n'arrivait pas à joindre les deux bouts. Les temps étaient réellement durs pour tout le monde. Salim se dirigeait donc vers l'arrêt de bus. Il était déjà 7 h 15 du matin, et il doit se présenter à son examen à 8 h 30. Vaut mieux arriver à l'avance qu'en retard, se dit-il. Il prit donc le premier bus, déjà bondé, et ne descendit qu'au terminus qui se trouvait à 500 m de sa destination. Une foule compacte se dirigeait vers la ville tel un essaim d'abeilles. Tout ce monde était pressé et, heure de pointe oblige, chacun essayait d'arriver à l'heure à son travail. Salim s'empressa de traverser la route pour se diriger tout bonnement vers un café. Un crème-croissant tout chaud et une cigarette fumée rapidement. Le voici fin prêt à affronter son épreuve, d'autant plus que l'institut où il était convoqué et où devait se dérouler les épreuves était juste en face de lui. L'esprit vadrouillant, il essaye de se rappeler ses cours et quelques formules d'usage en pétrochimie. Non, il n'avait pas tout oublié. Ses connaissances sont encore fraîches et il estime qu'il pourra faire face à ses tests sans trop de difficultés. Pris dans l'engrenage de sa concentration matinale, il ne vit pas un véhicule venant à toute allure, et n'entendit le coup de klaxon que quand ce fut trop tard. Il sentit quelque chose le soulever et le projeter dans les airs, avant de retomber sur un métal chaud. À peine entendit–il le bruit de sa chute, qu'il perdit connaissance. Un attroupement se forma aussitôt et la conductrice du véhicule, une jeune dame, accourut alarmée. - C'est de sa faute… c'est de sa faute, ne cessait-elle de répéter. Il s'est jeté littéralement sur le véhicule. j'ai klaxonné, j'ai freiné, mais c'était trop tard. Cet homme avait l'esprit ailleurs. Elle se penche sur Salim et constate que sa tempe droite saignait. Affolée, elle s'adresse à la foule autour d'elle. - Voyons, ne restez pas là ! Aidez-moi à le mettre dans mon véhicule, je vais l'emmener à l'hôpital. Un agent de police s'approche des lieux et constate l'accident. Il prit quelques notes avant de s'éloigner en priant la conductrice de passer au commissariat dans la journée. Cette dernière, plus préoccupée par l'état de l'accidenté que d'autre chose, ne répondit même pas, et se contenta de démarrer en trombe avec Salim sur le siège arrière. Elle arrive à l'hôpital le plus proche des lieux en un laps de temps très court et, tout de suite, Salim sera pris en charge par une équipe médicale. Y. H. (à suivre)