Le président du RCD Saïd Sadi estime qu'en moins de dix ans, l'Algérie peut se hisser parmi les pays correctement lotis pour peu que les ressources soient mobilisées. Un audit national sur l'utilisation des ressources de la nation, c'est du moins ce qu'a proposé hier M. Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, invité dans le cadre des rencontres économiques du Forum des chefs d'entreprise. Le patron du RCD a été très critique sur la politique économique mise en œuvre par les pouvoirs publics au point où il s'interroge sur l'existence même de cette politique. “Le foncier, qu'il soit agricole ou industriel, est toujours en jachère, le système bancaire est inefficient, les spécialistes en droit économique sont quasiment inexistants pour assurer les arbitrages, dans des délais raisonnables, la formation périclite et le fait du prince dicte la plupart des décisions économiques”, souligne-t-il. Saïd Sadi estime que “les grandes dépenses de l'Etat ne signifient pas dynamique de développement”. Le patron du RCD relève que “coincé entre l'absence de vision et la sollicitation politicienne, l'appareil économique, public et privé, est installé dans la courte vue et le clientélisme”. Malgré les recettes en hydrocarbures jamais égalées, d'importants moyens financiers engloutis, la croissance n'a été que de 5,3% en 2006. “Ce taux est inférieur à celui réalisé par l'ensemble du continent africain estimé à 5,7%”, note le président du RCD, expliquant que “la croissance plutôt molle de l'Algérie ne pouvait que limiter le volume des affaires, diminuer les bénéfices des entreprises, condamner les travailleurs à la précarité, favoriser l'exode des cerveaux et réduire la projection des entrepreneurs, dans un contexte où les réserves de change se montent à 80 milliards de dollars. Sous d'autres cieux, une croissance à deux chiffres n'aurait posé aucun problème”. La déficience ne se situe pas au niveau de la disponibilité de moyens financiers, affirme M. Saïd Sadi, mais au niveau de méthodes de gestion productive. “C'est à la révision de ces méthodes de gestion” que convie le Rassemblement pour la culture et la démocratie, “aux bénéfices des travailleurs, des cadres et des entrepreneurs aussi”. L'Algérie recèle des potentialités nécessaires pour sa construction. Pour peu que la volonté politique ne fasse pas défaut, il est aisé de mobiliser l'épargne nationale, estimée à 55% du PIB, soit 60 milliards de dollars, sans contrainte. En termes de moyens de paiement extérieurs, il est possible de mobiliser aussi les ressources du Fonds de régulation des recettes, non affectées à la compensation des découverts du Trésor. Dans les conditions actuelles, il est possible de dégager une enveloppe de 20 milliards de dollars, qui pourrait être affectée à un mégaprojet. Le président du RCD est convaincu que l'Algérie, “en moins de dix ans peut se hisser parmi les pays correctement lotis, avec un marché suffisamment important et une dynamique industrielle conséquente”. Cette option résulte aussi d'un choix politique en faveur de la sociale démocratie. Sadi estime que les études ont montré que la forte croissance des bénéfices est conditionnée par des salaires élevés, un syndicalisme puissant et un niveau de formation conséquent. Du coup, il plaide pour un relèvement des salaires qui implique un rendement supérieur de l'appareil de production, un code d'investissement qui octroie des avantages substantiellement aux entreprises à subordonner des taux d'intégration élevés ou à des exportations de produits fortement valorisés et l'instauration d'une grille de rémunération qui gratifie la prise de risque et enfin un système d'encouragement à la formation interne. Meziane Rabhi