L'idée n'est pas nouvelle. Sarkozy doit convaincre les pays de l'UE et les riverains du sud de la Méditerranée, ce qui n'est pas une mince affaire. Dans ses ges, son projet d'union méditerranéenne pour lequel il a sollicité la coopération du président Bouteflika en juillet lors de sa première tournée maghrébo-africaine. Le chantier régional du président français vise, selon lui, à forger un “pont” entre l'Europe, l'Afrique du Nord et le Proche-Orient. L'idée n'est pas nouvelle et l'Union européenne s'est même investie dans cet objectif avec le package de Barcelone et dont les résultats, après plus d'une décennie d'application, se sont révélés loin des attentes des riverains du Sud de la Méditerranée. Pour Sarkozy, il s'agit de rassembler des Etats membres de l'Union européenne et des pays du bord méditerranéen, notamment ceux qui ont participé dans le processus de Barcelone et la politique de voisinage européenne. La composition de cette union n'est pas encore au point, des pays balkaniques occidentaux en Adriatique souhaiteraient en faire partie, et dans le sud de la Méditerranée, deux pays posent problème : Israël dont les voisins exigent le préalable d'une paix juste avec l'avènement d'un vrai Etat palestinien et la Turquie qui ne saurait se contenter d'un tel ersatz, elle qui revendique son entrée à l'UE. On sait maintenant que les Etats membres de l'union méditerranéenne formeraient un conseil régulier sous une présidence tournante, semblable au modèle actuel de l'UE, traitant de l'énergie, de la sécurité, de l'antiterrorisme, de l'immigration et du commerce. Une banque méditerranéenne d'investissement, modelée sur son homologue européenne, aiderait à développer les économies orientales et du Sud. L'expertise nucléaire française serait échangée pour des réserves nord-africaines du gaz. Les unions méditerranéenne et européenne travailleraient ensemble et partageraient un certain nombre d'institutions, incluant un secteur juridique commun pour se battre contre la corruption, le terrorisme, le crime organisé et la contrebande. C'est donc, grosso modo, le processus de Barcelone avec, assure-t-on à Paris, une direction plus claire. Sarkozy n'a pas encore dévoilé tous les contours de son projet ni les moyens qu'il compte mettre en œuvre pour le construire. La France, on le sait, n'a pas les possibilités pour un projet d'une telle envergure et elle ne peut pas non plus compter sur l'Union européenne, pas très emballée par le projet, arguant que des accords spécifiques, bilatéraux et multilatéraux (accords d'association et accords découlant de la Déclaration de Barcelone) lient déjà les deux rives méditerranéennes. Jusqu'à présent, il n'y a que la Grèce à applaudir au projet de Sarkozy. Il lui reste à convaincre ses autres homologues européens. Ce qu'il espère pouvoir faire lorsque son pays assurera en juillet 2008 la présidence de l'UE. D'ici là, il espère avoir donné corps à son projet. Cela va de soi, il lui faut aussi arracher l'adhésion des pays du Sud. Ce qui n'est pas une mince affaire, d'autant qu'il est suspecté de tourner le dos à la politique de ses prédécesseurs, beaucoup plus indépendants des Etats-Unis. Au Maghreb, le Maroc, lui, a connu ses réserves lors de sa visite à Rabat en octobre. L'Algérie n'a pas dit non mais demande à voir. D. Bouatta