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“Je n'ai pas essayé de faire un film politique”
Florent-Emilio Siri, réalisateur de “l'Ennemi intime”, à Liberté
Publié dans Liberté le 20 - 02 - 2008

Dans cet entretien, le réalisateur revient sur les horreurs commises par l'armée coloniale en Algérie et la méconnaissance de cette étape de l'histoire par une grande partie des Français. Même si le film demeure incomplet sur bons nombres d'aspects, il n'en reste pas moins que vu du côté français, il vient briser des tabous, pas tous, entourant l'histoire coloniale.
Liberté : Qu'est-ce qui vous a poussé à faire un film sur la guerre d'Algérie ?
Florent-Emilio Siri : Dans mes livres d'histoire, il n'y avait pas grand-chose sur cette guerre. Pourtant, j'ai fait un cursus scolaire normal. Et c'est parce qu'on ne parle pas de ce sujet que moi, j'ai eu envie de le traiter. C'est aussi grâce à la rencontre avec Patrick Rotman, l'historien qui a réalisé un documentaire intitulé l'Ennemi intime, qui m'a initié à ce projet. On s'est donc mis autour d'une table avec Benoît Magimel et Patrick Rotman pour faire exister ce film. ça a tout de même pris cinq ans. En fait, j'avais envie de faire un film qui ait plus de largeur et qui soit à la fois intimiste et épique. Je pense que c'est vraiment le premier film sur la guerre d'Algérie qui a cette dimension-là. C'était une envie de cinéaste mais aussi une envie de parler de quelque chose que je ne connaissais pas, et que beaucoup de Français ne connaissent pas.
On dit que la guerre d'Algérie n'est plus un tabou en France. Vous qui avez écrit ce scénario, qu'en pensez-vous, car en Algérie, nous demeurons sceptiques concernant l'ouverture en France de ce dossier ?
D'abord, je suis cinéaste. Je ne suis pas la France et, en plus, je suis à moitié italien, donc je suis d'origine émigrée. Et je peux vous dire que les politiques français ne se sont pas du tout intéressés à notre film, c'est plutôt un sujet qu'ils ont envie d'effacer des mémoires, ils l'ont déjà effacé des livres d'histoire.
Le dossier n'est pas ouvert du tout du côté des politiques, ce sont plus des volontés d'individus, d'historiens, de cinéastes, d'écrivains ou encore de gens de ma génération. Ce n'est plus un tabou pour ma génération, au contraire, on a envie d'en parler, mais cette guerre reste taboue pour certains, notamment les généraux français.
À travers ce film, je voulais montrer qu'il y a eu des horreurs des deux côtés, mais aussi montrer que l'horreur française était encore plus terrible. Les débats sur la torture en France ont caché d'autres crimes tels que l'utilisation du napalm ou les massacres de villages entiers dont on n'a jamais parlé.
Comment a été accueilli le film en France ?
Le public français comme la presse, qu'elle soit de droite ou de gauche, ont très bien accueilli ce film, notamment en province où un ancien appelé français, très touché par le film, m'a dit : “Mon grand-père a fait la grande guerre, mon père a fait la drôle de guerre et moi, j'ai fait la sale guerre. Merci de parler de nous, parce qu'on a fait des choses pas belles dont on n'est pas fiers. ça a été terrible, je vous remercie donc de rendre hommage aux morts des deux côtés.” Mon seul regret est de ne pas avoir réussi à mobiliser les jeunes Français. Apparemment, le travail d'effacer les mémoires à travers l'école a très bien fonctionné sur eux.
Certes, il y a eu des soldats français qui ont refusé cette guerre, mais n'étaient-ils pas minoritaires ? Alors pourquoi avoir choisi cette population-là pour votre film ?
Dans le film, il n'y a qu'un seul personnage qui refuse les ordres, celui interprété par Benoît Magimel. C'est un idéaliste qui arrive en Algérie avec des convictions et qui, de son point de vue français, pense participer à une pacification et à un maintien de l'ordre, tels qu'annoncés dans les médias français de l'époque.
Malgré son opposition à la torture, il devient lui-même tortionnaire. Il y a des contradictions très fortes dans le film, on voulait montrer qu'on ne sait pas ce que va devenir ou va faire l'homme, une fois confronté à la guerre.
Je n'ai pas essayé de faire un film politique, je voulais un film qui se place du côté de l'humain et montrer qu'il y a eu des horreurs comme dans toutes les guerres. Cela dit, la guerre d'Algérie est peut-être l'une des plus terribles puisque le discours politique officiel français ne l'a jamais évoquée comme guerre. La France utilisait des moyens de guerre contre des gens qui n'avaient pas les mêmes moyens, elle utilisait aussi la population qui a été prise dans un étau.
Ce film intervient dans un contexte politique marqué par les demandes algériennes de reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux. Pour vous, n'est-ce pas là une étape supplémentaire dans le sens de l'ouverture d'un vrai débat sur le passé colonial français ?
Je pense que c'est un peu dans l'air du temps. Il y a eu le temps des passions et puis, 50 ans après, il y a peut-être le temps de l'histoire. Je trouve ça horrible que la France ne reconnaisse cette guerre qu'en 1999, et puis je pense que c'est notre génération qui a envie de changer les choses et cette génération n'a surtout pas envie de trimballer ce sac sur le dos qui ne lui appartient pas. Même si nous ne sommes pas responsables de cela, nous avons honte en tant que Français de ce qui s'est passé durant cette guerre.
Je n'aime pas taire l'histoire, nous les cinéastes sommes d'ailleurs là pour ça. Un film ne peut pas changer le monde, mais c'est un acte positif et derrière ce film, il y a une volonté de changement. Je l'ai fait pour les jeunes comme moi qui n'ont rien appris sur cette guerre dans leurs livres d'histoire, là au moins, ils ont un film qui raconte ce qui s'est passé.
Pourquoi le film n'a-t-il pas été tourné en Algérie ?
Le film n'a pas été tourné en Algérie pour de nombreuses raisons, notamment économiques et logistiques. Je disposai de 6 millions et demi d'euros seulement, ce qui représente la moitié du budget d'un film comme Indigènes. C'est un film de guerre qui a nécessité 150 personnes par jour sur le plateau.
On est venu à une vingtaine de Français et, pour le reste, j'avais besoin de compétences locales. Aujourd'hui, au Maroc, ils font tellement de productions américaines ou françaises qu'ils disposent déjà de pas mal de compétences, ce qui, économiquement parlant, était plus intéressant. Par ailleurs, quand je suis venu en Algérie pour faire le casting, j'ai vite compris qu'il y aurait un problème pour loger l'équipe, d'autant qu'il faut que l'hôtel soit au maximum à une heure du lieu de tournage. On avait aussi beaucoup d'armes dans le film et les assurances étaient plus rassurées qu'on tourne au Maroc plutôt qu'en Algérie. J'ai donc fait de mon mieux pour trouver au Maroc des décors qui ressemblent à la Kabylie.
A. H.


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