Au-delà du bilan fructueux de cette action combinée, la deuxième après celle opérée en février dernier et qui avait touché 9 secteurs chauds, ce sont les enseignements d'une telle descente qu'il faudrait mettre en valeur : le trafic d'armes et de drogue inquiète de plus en plus les autorités sécuritaires. Jeudi 19 juin, Batna. La température extérieure affiche près de 38 degrés en ce jour de week-end qui paraît, à première vue, paisible. De longs cortèges nuptiaux longent l'unique boulevard de la ville, et les Batnéens vaquent à leurs occupations. Distraitement. La ville, presque toute la ville, a perdu ses droits à cause de la chaleur torride. Il est 14h quand les services de sécurité bouclent la capitale des Aurès. L'opération va durer jusqu'à vendredi à 14h. Des barrages de contrôle sont installés partout et tous les accès au centre-ville sont sous l'œil vigilant des gendarmes et des policiers déployés pour une opération combinée, minutieusement préparée par le groupement de la Gendarmerie nationale de Batna, que commande avec une main de fer le colonel Mustapha Lalmas, et la Sûreté de wilaya, que dirige le commissaire divisionnaire Ben Chérif Mohamed Kadour. Une opération dénommée “Batna II” et qui touche 5 secteurs et sous-secteurs chauds de la ville, où la criminalité, sous toutes ses formes, règne au détriment de la sécurité publique et de la santé des citoyens. 400 hommes (200 policiers et 200 gendarmes), sans compter une cellule de suivi et opérationnelle, sont déployés pour réussir une descente qui promet un bilan, certes, mais surtout des enseignements au vu des moyens mobilisés. Les cités peuplées, les marchés, les gares routières et les commerces illicites recensés sont visés par les services de sécurité décidés à rafler la mise dans le milieu de la contrebande et à porter un coup dur aux noyaux du mal qui s'organisent et sévissent sans scrupules. Le groupement de la Gendarmerie nationale et la Sûreté de wilaya mobilisent pour la circonstance 70 véhicules, 30 motards et 8 équipes cynotechniques. L'objectif étant de réprimer les criminels, d'identifier et d'arrêter les suspects, 7 barrages de filtrage et 14 autres points de contrôle sont installés pour surprendre les malfaiteurs. Les forces combinées ciblent également, avec en appoint 16 mandats de perquisition. À 17h30, la cellule de suivi fait le point. 47 études de situation sont recensées sur les personnes contrôlées, des magasins sans registre du commerce, des ventes illicites de supports musicaux, 1 088 psychotropes saisis après une perquisition de domiciles, mais aussi une arme à feu et deux armes blanches récupérées sur des personnes en circulation au centre-ville, pour ne citer que ces cas flagrants. Les gendarmes et policiers décident de passer à la vitesse supérieure, d'autant que la journée du week-end est propice à tous les genres de trafic. Et dans la majorité des cas, la marchandise, alcool et drogues, armes blanches et armes à feu proviennent des cités limitrophes, comme Barika. Mais le “ratissage” des secteurs chauds ne fait que commencer. Batna by night, le règne du silence Et c'est entre 18h et 20h, soit deux heures de temps, que les hommes déployés sur le terrain fructifient leur descente. Conduite en état d'ivresse (2 cas), saisie de près de 1 400 bouteilles de vin, de bière et de liqueurs lourdes, 12 personnes interpellées, dont 6 en flagrant délit, 5 locaux commerciaux fermés pour non-respect du code de commerce en attendant l'instruction judiciaire, 4 armes blanches récupérées et 327 études de situation… Mais il y a aussi une saisie d'armes à feu et de munitions, de drogue et de psychotropes. Le bilan s'alourdit. À 22h, nous apprenons qu'un atelier de fabrication de jus est découvert à la périphérie de la ville. Mise sous scellées, cette manufacture clandestine fera l'objet d'investigations poussées tant que le produit écoulé déjà sur le marché a échappé à tout contrôle. Les escadrons déployés pour la sécurité routière révèlent aussi leur bilan sous le regard attentif du colonel Mustapha Lalmas et du commissaire divisionnaire Ben Chérif Mohamed Kadour. En plus des 92 amendes forfaitaires, les services de sécurité enregistrent 19 cas de retrait immédiat de permis aux automobilistes réfractaires, la mise en fourrière de 4 véhicules et la verbalisation de 21 transporteurs pour des infractions dûment constatées. D'autres cas d'infractions et de délits seront enregistrés au cours de cette opération. Car la ville de Batna, même si elle ne connaît pas une intense activité nocturne contrairement aux grandes villes, subit, en revanche, le diktat des criminels, notamment les voleurs, et enregistre des cas de figure semblables à ceux des villes les plus animées d'Algérie. La dernière opération combinée, et qui remonte au mois de février dernier a permis d'arrêter 57 personnes, de saisir 6 véhicules, des psychotropes, de la drogue, des produits finis dans une manufacture clandestine, une quantité impressionnante de produits chimiques et 219 pièces archéologiques datant de l'époque romaine. Sans compter les arrestations opérées, des études de situation sur 341 personnes et autres suspects placés sous contrôle judiciaire. Vendredi matin, 10h. Batna reprend ses droits. L'heure est à la fête et au sport. Les motocyclistes investissent les rues et ruelles de la capitale des Aurès. À 14h tapantes, l'opération combinée prend fin. Le bilan est fructueux. La descente est riche en enseignements et les deux corps de sécurité, gendarmes et policiers, sont prêts à rééditer cette opération. Batna s'apprête à accueillir en juillet prochain un évènement culturel majeur, le Festival de Timgad. Et dans cet intervalle, les forces de sécurité ont, l'espace d'une opération combinée, “nettoyé” les foyers infestés par la contrebande et la délinquance, et porté un sérieux coup aux noyaux durs de la criminalité. Les frontières, encore les frontières L'opportunité étant de faire le bilan sur tous les plans, les unités des gardes frontières ont également réalisé un bilan fructueux sur le plan de la lutte contre le phénomène de la contrebande, au courant du mois de mai dernier, et qui fait état d'une persistance de la pratique de la contrebande dans les zones frontalières, notamment à l'est et à l'ouest du pays. En effet, les quantités des produits saisis sont révélatrices. Le trafic de carburants demeure un phénomène récurrent. Une quantité importante de 107 811 litres, constituée de 98 676 litres de gasoil et de 8 185 litres d'essence, a été saisie aux frontières, avec une hausse estimée à 10 100 litres. Cette saisie importante, notamment au niveau de la frontière ouest, s'explique par la forte demande enregistrée à l'approche de la saison estivale. Les besoins de l'agriculture liés à l'irrigation sont aussi un facteur justifiant cette demande. Sur un autre plan, la quantité des produits alimentaires conditionnés en boîtes, destinés à l'exportation vers le Maroc et à un degré moindre vers la Tunisie, est évaluée à 4 460 boîtes, constitués de 2 528 boîtes de fromage de marque la Vache qui rit et de 1 920 boîtes de thé. Les moyens de transport saisis par les unités des gardes frontières utilisés par les contrebandiers pour l'acheminement des produits de contrebande vers les frontières des pays voisins sont dénombrés à 20 véhicules légers, 14 motocyclettes et 166 bêtes de somme. Il ressort, de ce fait, que ces bêtes demeurent le moyen le plus usité par les contrebandiers. Par ailleurs, sur le plan de la lutte contre le trafic de drogue, et au cours d'une opération de saisie d'une quantité importante de piment rouge emballé dans des sacs destinés au conditionnement de la farine, il a été découvert, après une fouille minutieuse du produit saisi, une quantité de 22,76 kg de kif. La quantité globale des stupéfiants saisie à travers les frontières nord-ouest et sud-ouest du pays est de 85,473 kg. Les boissons alcoolisées restent aussi convoitées par les réseaux de contrebande. Une quantité de 939 bouteilles a été saisie à la frontière marocaine. Selon le même bilan, le nombre de personnes impliquées et interpellées dans des affaires liées à la contrebande de marchandises est de 21. Parmi elles, 17 personnes de nationalité algérienne, 2 de nationalité marocaine et 2 autres de nationalité tunisienne. Après leur présentation devant les juridictions compétentes, 10 personnes ont été placées sous mandat de dépôt, 1 a été placée sous contrôle judiciaire et 10 autres ont été remises en liberté provisoire. L'âge des personnes interpellées varie entre 20 et 39 ans.
