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Sadisme politique et malvoyances humaines
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 12 - 2011

Durban a consommé l'espoir des Terriens de vivre un jour dans un environnement non pollué par les gaz à effet de serre menaçant la fine pellicule d'ozone de disparition, celle nous protégeant des rayons ultraviolets. Durban, c'est la fin programmée à court terme de la faune polaire, c'est l'anéantissement de milliers d'espèces animales, autrement dit végétales, c'est la sécheresse de millions de kilomètres carrés, d'où les séquelles provocateurs de famine ou de mal nutrition, ce sont les inondations consécutives aux pluies diluviennes, les crues, de fréquents cyclones ravageurs, des tornades surpuissantes, ce sont les avancées des déserts, les tempêtes de sable et des canicules insupportables. Tous ces phénomènes de dérèglement de la nature ont pour responsable l'homme et sa cupidité légendaire.
La compétition des Etats dont le but est d'enregistrer toujours plus de croissance pour asseoir leur puissance économique et militaire sur le reste des pays et la société de consommation s'imposant toujours plus de ressources à exploiter pour satisfaire un modèle de civilisation incohérent avec les limites existantes comme richesses non renouvelables sur terre, avec la poussée inexorable de la démographie font que les conférences internationales identiques à celle de Durban traitant des problèmes de réchauffement climatiques se matérialisent toujours par des échecs. En économie, il n'y a pas de démocratie, il n'y a que le profit qui compte dans la balance de tous les Etats. La compétition et les performances programmées par les politiciens sont si folles parfois, pour atteindre des objectifs économiques, que les dirigeants en viennent à prendre des décisions féroces, voire indignes des sentiments d'humanité. Loin de s'améliorer, la situation empire depuis la convention signée par 193 pays à Rio en 1992. Les possibilités de léguer aux générations futures une planète propre et un avenir florissant font désormais partie de visions utopiques tant la préservation de la biodiversité est sérieusement menacée par les surexploitations des ressources terrestres. Mers et océans, lacs et rivières, terres arables et steppes, atmosphère, espèces animales ou florales et, dans le même sillage, l'humanité sont menacés d'extinction. Rien que cela, et pourtant rien ne semble sensibiliser les décideurs politiques dans leur écrasante majorité à adopter des minima pour limiter les dégâts par une consommation d'énergies moins polluantes. Ce qui s'est passé à Durban est grave, car on n'est même pas parvenu à obtenir une gestion préventive par les climato-sceptiques et par les plus grands pays violeurs des différentes conventions qui sont, dans le même temps, les plus pollueurs et les plus riches. Des études sérieuses menées par les scientifiques indiquent sans ambages que les économies sont en déclin du fait que les écosystèmes jouent un rôle fondamental. Un exemple parmi des milliers est celui de l'extermination par les bateaux-usines de pêche de la biodiversité qui se trouvait au large des eaux mauritaniennes. Des centaines de millions de poissons et des centaines d'espèces venaient se reproduire dans cette partie de l'océan et, aujourd'hui, les fonds marins offrent l'aspect d'une zone désertique. Le lac Tchad, autrefois s'étendant sur des centaines de kilomètres carrés et garde-manger de la population, est asséché et démuni de poissons. La famine frappant la Somalie et le Kenya et la sécheresse sévissant au Soudan, au Niger, au Tchad, au Mali et en Ethiopie sont la conséquence directe du réchauffement climatique. Les points d'eau potable, les cours d'eau, s'ils n'ont pas taris à cause d'une déforestation massive, se trouvent envahis par la pollution chimique. Selon l'Union internationale de la conservation de la nature (UICN), les espèces continuent de disparaître inexorablement et, aujourd'hui, 25.000 d'entre elles figurent sur la liste rouge des espèces menacées. Un article dans Le Monde, se basant sur ces menaces, affirme que 174 scientifiques du monde entier se sont plus précisément focalisés sur le devenir des vertébrés. Suivant les résultats de leurs recherches publiées dans le journal Science, 20 % des vertébrés sont menacés d'extinction, soit 25 % des mammifères et 41 % des amphibiens. De plus, 52 espèces de mammifères, d'oiseaux et d'amphibiens se classent chaque année dans une catégorie plus près de l'extinction. Les causes de cette dégradation sont en majorité liées à l'expansion de l'agriculture, à la déforestation, aux surexploitations et aux invasions insulaires par des espèces étrangères. L'Afrique est le continent le plus sinistré. La Corne de l'Afrique, le Sahel et la steppe algérienne sont les plus exposés à une catastrophe écologique si rien n'est fait pour endiguer le réchauffement climatique. On s'attend à des déplacements migratoires massifs de populations vers les zones tempérées et à des conflits armés pour contrôler les régions hospitalières. L'Asie du Sud-Est est particulièrement touchée, principalement à cause de la déforestation au profit des gigantesques palmeraies destinées à la production de l'huile de palme. L'objectif de stabiliser la biodiversité pour 2020 semble donc irréalisable en dépit de la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écologiques (IPBES). La mise en œuvre des recommandations des scientifiques n'a, dans l'étape actuelle, aucune chance de se concrétiser tant les réticences des politiques sont importantes. Pour sortir de ce cercle vicieux qui semble rendre incompatible la préservation de notre écosystème et les performances économiques, il faut démontrer que l'économie mondiale se dégrade pendant que les besoins ne font qu'augmenter. C'est le caractère anti-économique de l'industrialisation dégueulasse, et de l'agriculture polluante qu'il faudrait impérativement mettre en évidence. La Norvège a créé un indice qui permet d'évaluer l'état de la nature, qu'elle présente comme une première étape avant une éventuelle valorisation économique de «services gratuits» comme la pollinisation des insectes ou l'expansion des forêts. Il convient prioritairement de valoriser la nature, dans le même temps de dénoncer l'avidité humaine. Oslo dit avoir utilisé 309 indicateurs pour obtenir ce qu'il qualifie de «premier indice de nature au monde», qui compare 2010 à 2000 et 1990. Sur une échelle de 0 à 1, l'eau douce obtient l'indice 0,8, loin devant les forêts avec 0,4. Des bio-indicateurs sont utilisés dans de nombreux pays, comme les Etats-Unis, pour évaluer l'état de la nature. C'est «le premier indice au monde. Il peut être un excellent outil qui pourrait venir en aide aux comptes nationaux. C'est un très bon point de départ», estime la vice-ministre de l'Environnement norvégienne, Heidi Soerensen, dans Le Monde. Présenté à Nagoya, le rapport Sukhdev prône l'intégration des services rendus par les écosystèmes dans l'économie. Des questions se font de plus en plus insistantes. Faut-il s'intéresser à la valeur des services rendus par les écosystèmes? Faut-il donner un prix à la nature? La synthèse du rapport final sur l'économie de la biodiversité a été rendue publique. Le groupe de travail était piloté par l'économiste indien Pavan Sukhdev. Un travail inspiré par celui rendu en 2006 par Nicholas Stern sur le climat. «Cette nouvelle approche peut réinitialiser la boussole de l'économie et ouvrir une nouvelle ère dans laquelle la valeur des services de la nature est rendue visible et devient une composante explicite du processus de décision dans le monde politique comme dans le monde des affaires», a indiqué Pavan Sukhdev. Les services rendus par la nature sont estimés «à 23.500 milliards d'euros par an», soit la moitié du PIB mondial. On mesure ainsi des valeurs d'usage. Economie et biodiversité Le chiffre d'affaires de certains secteurs économiques est très directement lié à la biodiversité. C'est le cas pour l'industrie pharmaceutique. Aux Etats-Unis, 10 des 25 médicaments les plus vendus sont dérivés de la biodiversité. C'est également le cas du tourisme. «La pêche récréative, toujours aux Etats-Unis, représente 37 milliards de dollars et un million d'emplois. La valeur d'usage des récifs coralliens dans les territoires d'outre-mer français varie entre 5000 et 10.000 dollars par hectare et par an.» Dans leur synthèse, les membres de la commission Sukhdev citent également, à titre d'exemple, une décision de la municipalité de New York, qui, en donnant des subventions (1 à 1,5 milliard de dollars) à des agriculteurs se trouvant en amont de la ville pour éviter des pollutions, a économisé la construction d'une station d'épuration d'une valeur comprise entre 6 et 8 milliards de dollars. Plusieurs Etats, dont la France, ont été condamnés pour non-respect des directives européennes. En 2005, Paris a dû payer 20 millions d'euros d'amende, les filets des pêcheurs n'étant pas aux normes. Mais la grande question reste de savoir «s'il est légitime de défendre la nature avec des valeurs monétaires», poursuit le spécialiste. Un débat tranché par beaucoup d'écologistes. «Il est important que l'on se pose la question de la valeur», estime Franck Courchamp du CNRS, mais il redoute que la valeur se transforme en prix. «Le rapport de l'économiste indien Pavan Sukhdev le 20 octobre sur l'économie de la biodiversité et des services écosystémiques», écrit Laurence Caramel, ne livre pas une équation globale du «prix de la nature» qu'il faudrait intégrer dans les équations économiques pour que soit tenu compte de cet actif naturel aujourd'hui négligé. Alors même que les scientifiques considèrent que la disparition des espèces se produit actuellement à un rythme de 100 à 1000 fois plus élevé, le rapport cherche, en revanche, à faire apparaître et à chiffrer sur des exemples les services indispensables que nous rend la nature, que ce soit en termes d'approvisionnement (alimentation, eau douce, ressources médicales) ou de régulation (qualité de l'air, stockage du CO2, prévention de l'érosion, pollinisation). Autre exemple cité pour illustrer la démarche: en Suisse, la pollinisation par les abeilles assure, chaque année, une production agricole estimée à 210 millions de dollars. La recommandation du rapport Sukhdev apparaît dès lors évidente : avant de détruire la nature, réfléchissez à ce que vous allez perdre. La démarche de Pavan Sukhdev reste cependant controversée pour une partie des écologistes qui déplorent et redoutent cette «marchandisation» de la nature. A leurs yeux, le débat sur la protection de la nature doit demeurer sur un terrain strictement éthique». Au niveau mondial, on estime aujourd'hui que plus d'un tiers des espèces sont menacées d'extinction et que 60 % des services écosystémiques ont été dégradés ces cinquante dernières années. Mais le premier défi pour la communauté
internationale consistera à reconnaître que l'échec de ses précédentes stratégies est lié au double mythe fondateur de nos modèles de développement : celui de la gratuité de ressources naturelles inépuisables et cette croyance inébranlable que l'intelligence technologique humaine pourra toujours répondre aux improbables défaillances de la nature. Les effets de l'érosion de la biodiversité sont autant de signes précurseurs de la fin d'un modèle périmé. Agriculture, pêche, industries, transports, urbanisme..., toutes nos politiques sectorielles et économiques doivent être repensées en dehors de ce double mythe. Le risque est de breveter le vivant par un système légalisant la «biopiraterie» et ouvrant la porte à la marchandisation de la biodiversité. L'écologie n'est pas un luxe pour nantis. Les inégalités environnementales accompagnent les inégalités sociales. 70 % des populations pauvres de la planète vivent dans des zones rurales et dépendent directement d'un large éventail de ressources naturelles et de services écosystémiques pour leur survie et leur bien-être. (...) L'indispensable évaluation économique des services rendus par la nature ne doit pas conduire à une Banque mondiale de la nature et ouvrir à la spéculation sur le vivant dans un nouveau marché de la biodiversité. La destruction de la nature a un coût, mais la nature n'a pas de prix. Ce qui est gratuit n'est pas à vendre. La grande question est de savoir si l'humanité à aujourd'hui les capacités à régénérer le patrimoine perdu à jamais et si, en faisant disparaître notre écosystème, elle sera capable d'en trouver un autre aussi généreux que celui qui nous permet de vivre sur terre.


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