Trois équipes du Maghreb libèrent le tapis de la CAN-2013. Ils restituent leurs badges. L'espace, comme il fallait s'en douter, est très vite occupé par les consultants, les médias et ceux qui veulent bien se faire inviter par les chaînes de télévisions. Une aubaine d'ailleurs pour se construire une image. Après l'élimination des Fennecs, c'est autour des dictionnaires professionnels de rentrer sur le terrain de la communication. Et par enchantement, on découvre que nous avons des entraîneurs cachés, des consultants maîtrisant parfaitement les différentes facettes pouvant «écraser» facilement l'adversaire du jour et enfin des joueurs en retraite dont une minorité expliquent les causes des défaites de nos Verts. Mais le volet optimisme n'est pas convié aux différents débats. Personne n'évoque ou ne condamne avec force le mauvais arbitrage du vulgaire arbitre qui a privé les Algériens de trois penalties donc d'une qualification certaine au deuxième tour. L'absence de Boudebouze face au Togo était aussi au menu des débats mais tout cela ne justifie pas la méchante critique qui fait emballer, dont le seul objectif est de faire détacher Vahid de son poste et ce, à un mois du match contre le Bénin (mars 2013), comptant pour les éliminatoires au mondial-2014. Sauf, peut-être qu'ils oublient qu'il est à la tête des Verts que depuis 8 mois et qu'il va falloir lui accorder un sursis pour poursuivre sa mission. Il faudrait bien éviter cette valse à laquelle nous sommes habitués. Chez nos voisins tunisiens, la tonalité est plus dure. Le mot d'ordre est de faire évacuer le sélectionneur. Redessiner l'équipe de demain, mettre en place une commission qui «révolutionnerait» le football tunisien. «Nous avons chassé beaucoup de monde, nous continuerons à le faire avec le sport». Des critiques acerbes contre leur sélectionneur ont été formulées. Les consultants exigent la mise en place d'une commission qui définirait le travail du prochain entraîneur «puisque même la qualification à la coupe du monde n'aura pas lieu avec une équipe composée d'amateurs». Côté marocain, les éditorialistes des différents médias n'ont pas été avec le dos de la cuillère. Ainsi pour le journal Al Ahdath Al Aarabia : «voir des joueurs qui n'ont pas trouvé preneur, snober la sélection nationale, se sont permis de ne pas répondre aux appels de Taoussi. Cela montre bien l'état de déliquescence atteint par notre équipe et d'ajouter, il faut enfin virer les responsables, tous les responsables qui se sont enrichis sur le compte de la sélection nationale et qui, comme par miracle, ont vu leurs fortunes grossir au fur et à mesure que s'accumulaient les échecs de la sélection. Non, nous ne leur demanderons rien d'autre que de partir, partir, et encore partir, un vœu partagé désormais par tous... Nous organisons dans deux ans, la prochaine CAN, dans nos murs, partant du principe que nous ne serons pas du prochain Mondial avec ces Eléphants ivoiriens qui se dresseront sur notre chemin pour le Brésil. Notre équipe jouera devant son public, et si possible sans cette Fédération qui n'a rien de légitime, sans ces dirigeants foireux dont les noms sont désormais synonymes d'échec. Quant à Taoussi, la question de son maintien ou de sa révocation devra faire l'objet d'un débat apaisé, pacifié après que l'on ait oublié que nous avons été sortis d'une compétition dans laquelle aura réussi la sélection d'un pays appelé le Cap-Vert, une chose que des dizaines d'années ne suffiraient pas à faire oublier aux populations». Un autre éditorialiste plus virulent écrira dans son journal Al Akhbar «si la Fédération royale marocaine de football avait un minimum de respect pour l'esprit de la constitution, la première chose qu'elle ferait aujourd'hui serait de déposer sa démission. Quant au chef du gouvernement, il lui appartiendrait d'ouvrir une enquête pour déterminer les causes et les circonstances de l'échec de notre sélection à passer au second tour de la CAN, ce faisant, il satisferait au principe de la corrélation entre responsabilité et reddition des comptes. Le budget de l'équipe dépasse les 100 milliards de centimes, avec les dépenses diverses, les préparatifs, les concentrations, les transports en première classe, les résidences cinq étoiles, les primes par paquets de millions de DH... Aussi, ce que devrait faire notre ministre rieur de la Jeunesse et des Sports serait d'abord de cesser de rire puis ensuite, d'expliquer aux contribuables où sont passés tous ces milliards et comment une nation de 34 millions d'âmes trébuche, au moment où un archipel de 500 000 personnes, le Cap-Vert, parvient à accéder au second tour.» Le journal Al Masa, lui, se remémore un passé récent «Geres s'en fut, et nous, nous avions alors pensé que nous avions mis un terme à nos désillusions à répétition pour le seul fait que nous avons appelé un sélectionneur national nommé Rachid Taoussi. Les gens étaient devenus optimistes sans véritablement savoir pourquoi, et c'est bien là le drame des Marocains qui se font optimistes puis pessimistes, sans raison valable ni connue». A nous maintenant de jeter un dernier regard sur notre boîte à vitesse, changer les «pièces» défectueuses, huilées les différentes chaînes de distribution, corriger les failles constatées dans la communication et l'information et respecter le droit à l'information.
