Depuis quelques jours, Batna vit au rythme d'un conflit engendré par une situation nouvelle : l'ouverture à l'activité de la nouvelle gare routière de statut public «Sogral-Batna», dépendante de l'entreprise Sogral/El-Kharrouba-Alger, ce qui pose un sérieux problème de plan de charge commercial. Treize années durant, la gare routière privée «Adhrar El-Hara», une Sarl de trois associés : Salah Lahlouh, Mohamed Chérif Dernouni et Belkacem Bezzala, s'est acquittée en solo et convenablement de sa mission en respectant à la lettre les obligations de service public, malgré le statut d'entreprise privée, contenues dans le cahier des charges. De ce fait, et comme cette gare routière a été la seule sur le terrain, il va de soi qu'elle s'est approprié l'attachement des transporteurs en tant que gare de départs et d'arrivées à Batna. De l'avis de certains citoyens, la gare «Adhrar El-Hara» a constituée l'une des fiertés du développement local, notamment de l'investissement privé, concrétisé à l'époque du wali Mohamed-Chérif Djebari. Or, il s'agit à présent pour les autorités publiques en place de veiller à la dotation de la nouvelle gare de statut public «Sogral-Batna» d'un plan de charge visant à lui permettre de fonctionner. Mais ce plan de charge est détenu à cent pour cent par la gare privée «Adhrar El-Hara», la pionnière dans ce domaine. Bezzala menace de fermer définitivement «Adhrar El-Hara» C'est un véritable dilemme auquel se retrouvent confrontées les autorités locales au moment où le gérant légal de la Sarl de cette gare routière privée, M. Belkacem Bezzala, menace avec fermeté de renoncer à la poursuite de l'activité au cas d'un transfert des lignes importantes de transport au profit de la nouvelle gare «Sogral- Batna». Même s'il admet le droit de «Sogral» à avoir un plan de charge, Bezzala considère toutefois qu'un coup de pouce des autorités locales en dehors de toute objectivité finira par dégarnir d'une manière drastique le plan de charge habituel de la gare «Adhrar El-Hara». Economiquement, un tel acte porterait un coup mortel à la rentabilité financière de la Sarl. En revanche, priver la nouvelle gare «Sogral» d'un plan de charge ne peut logiquement être à l'ordre du jour du côté des autorités locales. D'où une feuille de route que tentent d'appliquer la wilaya (DAL), la direction de wilaya des transports et la commission des transports de l'APC laquelle a démontré dans sa dernière réunion qu'elle avance délibérément à une vitesse de tortue. Une gêne existe quelque part. Ceci au moment où le directeur de wilaya des transports nous annonce que les autorités préparent le projet de l'aménagement d'une troisième gare routière qui sera implantée à la sortie «est» de Batna, sur la route de Khenchela. Une fausse guerre : secteur public contre secteur privé Contacté par nos soins pour les recoupements des éléments de l'information , M. Djouini Malik, directeur de wilaya des transports, nous a informé que la gare «Sogral» aura bel et bien son plan de charge. D'où d'après lui, un plan d'action consistant au transfert au profit de cette gare publique des transporteurs des daïras d'El-Madher, Chemora, Aïn Djasser, Sériana, Sétif, El-Eulma et Constantine. En gros, c'est un marché économique portant sur plus de 300 véhicules de transport de voyageurs entre bus et taxis. Les lignes de daïra stationnaient auparavant au centre-ville de Batna, sur un axe routier considéré comme stratégique à proximité de la cité administrative «La Verdure», ce qui provoquait des perturbations, dont des goulots d'étranglement de la circulation routière. La deuxième phase de la feuille de route, nous dira M.Djouini, concerne le transfert à la nouvelle gare «Sogral» des lignes de transport Alger-Batna (allers et retours). Or, le gérant Bezzala qui défend les intérêts de «Adhrar El-Hara» aura prévenu à l'avance les autorités locales qu'en tant que gérant de la Sarl qu'il n'acceptera jamais un démantèlement du plan de charge acquis par «Adhrar El-Hara» durant les 13 années d'activité. En clair, il refuse que soit imposée une opposition entre le secteur public et le secteur privé, coïncidant curieusement avec un retour du «Tout Etat» qui est en vogue ces derniers temps dans le pays depuis la venue de Sellal. Casser les rapports de force commerciaux par le biais du recours aux prérogatives de puissance publique serait suicidaire C'est pourquoi Bezzala a dénoncé tout usage par les autorités locales du double langage dans le cas de ce problème relevant plutôt de l'entente et de l'organisation technique et commerciale. Pour lui, un accord avec les autorités a été passé et signé dernièrement portant sur l'affectation de la ligne d'Oum El-Bouaghi en faveur de la gare «Sogral». Cet accord devant être respecté et le reste du plan de charge de la gare «Adhrar El-Hara» doit être maintenu en l'état, telle est la position du gérant Bezzala. Selon ses dires, «si les autorités locales tenteront de priver la gare Adhrar El-Hara de ses lignes de l'Algérois (Alger-Batna, Batna-Alger), d'El-Eulma, de Sétif et de Constantine, cela signifie que notre gare n'aura plus rien à gratter». Ce sera une cause sérieuse de cessation d'activité. «Nous serons contraints de changer tôt ou tard de créneau commercial ou nous céderons par voie de vente Adhrar El-Hara qui est implantée sur une superficie de 7 hectares», conclut Bezzala. La solution aux yeux des syndicalistes des transports de Batna consisterait à laisser la concurrence commerciale jouer librement son rôle en laissant le choix aux transporteurs de choisir la gare routière qui convienne le mieux à leurs intérêts.