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Modernité islamique et démocratie
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 07 - 2016

«Modernité islamique et démocratie» n'est qu'une vision personnelle. Les grandes lignes de ce projet de société sont ouvertes à la critique, soit pour leur enrichissement, soit pour les critiquer et proposer d'autres grandes lignes de projet en relation avec ce retard des sociétés musulmanes et les solutions du salut. Ainsi que Dieu, dans toute Sa sagesse, nous l'enseigne à propos des versets abrogés et abrogeant. «Abroger» ce projet et apporter un projet similaire ou meilleur.»
Il y a plusieurs façons de définir la modernité du moment qu'il n'y a jamais eu et qu'il n'y aura jamais un modèle unique adaptable et transportable à travers les générations en tous lieux et en tout temps. Ceux qui veulent singer l'Occident pour faire traverser la méditerranée à la modernité de tel ou tel pays, cherchent peut-être l'impossible éradication des cultures ou le besoin de les uniformiser. C'est, en vérité, vouloir transformer vainement une utopie en une réalité vivante. Il est inconcevable voire impossible de vouloir tenter de changer le cours de l'histoire.
Tous les partis politiques, de l'extrême gauche à l'extrême droite, connaissent de multiples courants de pensée. Je ne vois pas pourquoi nous ne percevons dans le mouvement islamique qu'un seul bloc monolithique, sans nuance, sans diversité et sans sujet au changement. Pourtant, globalement, une différence doit être faite entre ce que j'appellerai l'islamisme dogmatique parce qu'il est sclérosé, et propose des schémas de pensée inadaptés aux réalités des sociétés actuelles, et un projet de société qui remet en cause le mouvement de l'histoire.
L'islamisme ouvert, dont je me réclame sans honte ni complexe, veut réaliser la réforme de l'Islam de l'intérieur, comme l'a fait Hamad al-Ghazali en son temps. Cet illustre imâm a « revivifié » la religion sans porter atteinte à ses fondements. Cet islamisme ouvert rejoint l'islamisme dogmatique dans son refus d'imiter aveuglément l'Occident mais avec cette différence qu'il fait siens tous ses acquis scientifiques ainsi que le produit de son progrès positif. Il rejette, sur un autre plan doctrinal, cette conception qui érige le Coran en un langage humain après avoir été divin de par son inspiration.
Pour l'islamisme ouvert, le Coran est d'origine divine, surnaturelle, tandis que le Sceau des messagers (p.p) n'a été qu'un fidèle et passif transmetteur. Il n'en reste pas moins que le Verbe divin est descendu, essentiellement dans sa période mecquoise, en adaptant Son énoncé et Sa formulation aux conditions de vie de l'époque et à la culture des gens qui l'ont reçu en premier. C'est son application qui est une œuvre humaine. Elle est produite par des humains qui ont entrepris d'en concevoir une élaboration pratique. De cette façon, il est clair que l'islamisme ouvert, bien qu'il réprouve «la restauration » de cette société idéalisée du temps du Prophète (p.p), il n'écarte pas la religion de la sphère publique.
Le juriste ou le réformateur ne perd pas de vue, pour autant, que les interprétations du Coran, qui datent des premiers siècles de l'Hégire, se fondaient sur les préoccupations concrètes du milieu social. En prenant acte de ce processus historique, ils auront intérêt à déconstruire pour remonter au message originel. Que faut-il déconstruire ? Chaque phase historique connaît ses caractères spécifiques qui ne sont pas les mêmes d'une génération à l'autre. C'est pourquoi, il est aberrant de penser que les premières générations pratiquaient l'Islam mieux que les hommes des siècles suivants. Il est erroné également de supposer que leurs connaissances sont meilleures que ceux du XXIe siècle.
Il ne peut pas en être autrement lorsque l'Histoire humaine a traversé des épisodes d‘inventions, de découvertes et de théories aussi bien dans le domaine de la science que celui des relations sociale ou humaine. Il est certes compréhensible que les premiers croyants optent pour des solutions liées à leurs impératifs sociopolitiques. Leurs soucis sont, par conséquent, différents de ceux de notre époque.
Alléguer le contraire, c'est couper la religion des réalités quotidiennes de l'existence humaine. Le point sur lequel il y a nécessité de s'appesantir, c'est le fait de constater que la révélation, dans le domine des mu'amalât (relations sociales), se liait aux situations spécifiques du moment. Ses versets s'inscrivaient donc dans le contexte historique dans lequel le Coran est descendu.
Aussi cet islamisme ouvert est-il favorable au changement et au renouvellement, donc à la modernité et à la démocratie, tout en précisant que celle-ci n'est pas occidentale mais qu'elle est multiple. Il obéit à l'essence même de la révélation et à son projet de libérer l'humanité. L'idée de changement est au cœur de la révélation tout au long de sa descente. C'est l'objectif recherché par tous les versets destinés d'abord aux Mecquois et ensuite à toute l'humanité.
La Parole divine projetait effectivement de rompre avec les traditions tribales et inégalitaires et de promouvoir un nouvel ordre de société. Tout changement doit cependant obéir à des règles dont celle de l'égalité entre tous les humains, hommes et femmes. L'égalité est une des valeurs fondamentales du Message céleste. Celui-ci s'implique constamment dans une perspective de libération et d'humanisation à l'échelle planétaire. L'idée axiale de l'Unicité de Dieu (at-Tawhîd) et l'idéal d'égalité de tous les individus animent les manifestations de la foi, de la spiritualité et de la solidarité collective.
En aucun cas, la foi et la spiritualité ne doivent être marginalisées ainsi que nous l'observons dans le discours laïc qui projette de les jeter dans des oubliettes. Et tout changement appelle l'exigence de la modernité puisque celle-ci répond aux mêmes critères de l'Islâm, à savoir l'émancipation de la personne humaine, l'affirmation de l'égalité de tous les individus, l'accession à la liberté et l'établissement de la justice du bas jusqu'au haut de la hiérarchie sociale et étatique.
L'affirmation de la liberté est fondamentale puisqu'en se remettant à Dieu, l'homme se libère de toute forme de soumission à un autre homme et de tout refus à l'émancipation. La doctrine de l'Islam et certaine de ses coutumes font-elles de sorte que cette religion soit incompatible avec la modernité ? Il est vrai que sans être intégriste, un courant de pensée islamique manifeste des réticences à l'égard de la modernité.
Cette attitude négative se justifie car ce concept renferme, en effet, des malentendus à cause de ses équivoques. Pour ces musulmans, réfractaires au changement, le terme rappelle l'Occident et qui dit Occident, cela sous-entend christianisme, croisades et colonisation. A partir de ce constant et ce prisme de la pensée, il y a lieu de dissiper les équivoques, plus particulièrement en ce qui concerne le problème identitaire.
Il s'agit d'une attitude qui a pour objet d'accuser la modernité de provenir d'une aire culturelle tout à fait étrangère à l'aire islamique qui appartient à un monde forgé par les générations dont les musulmans sont issus. Ce qui revient à dire que le refus de la modernité s'explique par sa provenance occidentale opposée à l'identité culturelle à laquelle ils demeurent fermement attachés. Ces gens n'ont pas conscience que cette explication contredit l'idée de mouvement et de changement contenus dans le concept de modernité. Elle est même en opposition avec l'avènement de l'Islam qui s'est établi en brisant radicalement le carcan des traditions de la Jâhliyya.
En détruisant l'adoration des idoles, ils sont passés à un stade avancé de la civilisation, celui d'un Dieu unique, sans aucun associé. Mieux encore, la nouvelle religion a bouleversé les structures mentales, le mode de vie et de croyance de plusieurs continents. Elle a bousculé et renversé l'identité culturelle de leurs peuples pour en forger une nouvelle et meilleure.
Ce fait historique a lui seul montre que la modernité n'est point une émanation occidentale et qu'elle n'éloigne aucunement les musulmans de leurs ancêtres, du moment que ceux-ci ont eux-mêmes conquis une partie du monde pour y faire régner la Loi de l'Islam, une fois libérés de l'idolâtrie, religion de leurs ancêtres : telle est la loi du changement historique. Il s'ensuit que l'argument de la préservation de l'identité culturelle, y compris du point de vue islamique, ne tient pas la route.
En nous fondant sur ce hadîth : « J'ai été envoyé pour parfaire les valeurs morales », nous concluons que l'Islam n'avait pas pour objet de véhiculer un projet politique, ce qui suppose une stratégie du pouvoir avec comme finalité l'instauration d'un Etat islamique. Aucun verset ne fait allusion à des impératifs politiques, à une quelconque formation d'un gouvernement quelle que soit son orientation.
Cette vérité nous permet-elle, pour autant, d'affirmer que la révélation donnait forme à un Islam séculier dans son essence fondamentale ? On serait tenté de l'admettre si nous relevons le fait que la révélation a établi la liberté de conscience en ouvrant la voie à la diversité religieuse. La seule condition émise porte toutefois sur le rappel à tous les Hommes à rechercher leur salut dans la seule religion agréée par Dieu, à savoir l'Islam.
Le tort du discours islamique, c'est de vouloir accorder une importance démesurée au pourvoir politique et, partant, de marginaliser la foi. Le même tort s'adresse au discours laïc qui veut évacuer la religion de l'espace public. Or, l'Islam est un tout. Son évacuation de la scène politique revient à rejeter dans des oubliettes la morale et la spiritualité islamique, d'une part, et à ne pas s'efforcer de renouer avec le principe du Message originel, celui de la libération de l'individu, d'autre part.


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