La directrice de la Culture de la wilaya de Tizi Ouzou, Nabila Gouméziane, a souligné l'importance de l'œuvre de Si Amar Ou Saïd Boulifa, un des intellectuels algériens ayant, a-t-elle dit, posé un regard interne sur la culture amazighe. «Les mérites de Si Amar Ou Saïd Boulifa reviennent au fait d'avoir sauvé de la déperdition évidente une partie de notre patrimoine culturel populaire oral, à l'exemple des textes littéraires de grande valeur et des poèmes Si Mohand qu'il a eu la chance de rencontrer», a indiqué Mme Gouméziane. S'exprimant à l'ouverture des travaux d'une journée-évocation de Si Amar Ou Saïd Boulifa, sous le thème : «Les mérites de Boulifa dans l'enseignement de tamazight», qui s'est tenue, simultanément, à la Bibliothèque principale de lecture publique et à la Maison de la culture Mouloud Mammeri, l'intervenante a fait cas des recherches et des investigations dans les domaines de l'archéologie et de l'anthropologie qui étaient, exclusivement, réservés à une certaine élite occidentale. Si Amar Ou Saïd Boulifa, a poursuivi Mme Gouméziane, a élaboré des méthodes d'enseignement de la langue amazighe et, a-t-elle fait observer, ce qui est sauvegardé de ses œuvres est toujours d'actualité pour les linguistes et les pédagogues. «Boulifa créait lui-même ses propres supports didactiques et avait une méthode d'enseignement bien distincte», a-t-elle indiqué encore. En appendice à ses travaux linguistiques, a ajouté l'intervenante, Boulifa a fait paraître plusieurs contes recueillis et un grand nombre de récits dans la langue amazighe, ce qui fait de lui le premier initiateur contemporain en tamazight écrit. «A travers les différentes journées d'étude que nous lui consacrons, il y a une volonté qui nous anime pour faire connaitre les contributions et les efforts oh combien méritoires de ce chercheur pluridisciplinaire envers les nouvelles générations». Mme Gouméziane a, à cet effet, invité l'ensemble des chercheurs, universitaires et érudits du domaine linguistique amazigh à puiser dans l'œuvre de Boulifa afin de lui donner toute sa dimension scientifique value. En organisant ces cours pédagogiques sur sa méthodologie d'enseignement de tamazight nous voulons, a-t-elle poursuivi encore, montrer l'apport et l'ingéniosité des différentes générations ayant, innové, œuvré et rayonné notre espace culturel, à l'exemple de Si Amar Ou Said Boulifa. Cette journée inscrite sous le thème du mérite de Boulifa dans l'enseignement de tamazight a été, pour ainsi dire, l'occasion de scruter les zones non exploitées du travail titanesque accompli par ce grand intellectuel autour d'une table ronde à laquelle ont pris part des spécialistes de la question amazighe comme Saïd Chemakh, Mohand Ouamar Oussalem et Hamid Bilek, spécialiste de l'archéologie. Si Amar Ou Said Boulifa est, pour beaucoup, considéré comme le précurseur de l'enseignement de tamazight et de la revendication amazighe. C'était l'un des premiers à réclamer l'enseignement de cette langue à l'école. On situe sa naissance vers l'année 1863, suivant le registre d'Etat civil de la mairie d'Irdjen dans la daira de Larbaa N Ath Irathen, ex Fort National. «Saïd Boulifa avait 28 ans en 1891», selon ce document administratif. Amar est orphelin à un jeune âge. C'est son oncle qui l'inscrira à la première école ouverte en Kabylie, plus précisément, au village Tamazirth à Larbaa N At Irathen. Après une formation à Tamazirth, Boulifa partira pour l'Ecole normale de Bouzaréah. Linguiste, sociologue et historien, il s'opposera net aux thèses d'Hanoteau sur la société kabyle.