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Poésie épique et lutte contre l'occupation coloniale
Publié dans La Nouvelle République le 06 - 08 - 2019

Témoin, acteur et porte-parole de son temps, il a été aussi poète oral de circonstance, profondément engagé aux côtés des siens pour le meilleur et pour le pire dans sa lutte contre l'invasion des colonisateurs français.
Des poètes de l'oralité, il y en a eu au 19ème siècle, après l'occupation française et le soulèvement de 1870, dans toutes les régions d'Algérie. Parmi les plus connus, nous vous citons : Menouar Belfodil, Mohamed Ben Messayeb, Lakhdar Benkhelouf qui se sont distingués par la qualité du verbe. Savoir communiquer dans un langage codé était important pour tromper les ennemis toujours aux aguets. A une époque où il n'y avait rien pour assurer la transmission des informations d'une région à d'autres, le poète était le mieux placé pour assurer ce rôle, d'autant plus qu'il avait la passion des voyages et qu'il avait de bonnes capacités d'expression orale pouvant susciter une écoute attentive sur les places de marché en plein air.
Une lutte pour la terre nourricière
«Le plus chanceux parmi les Egyptiens est celui qui possède une terre à travailler», a dit un vieil auteur de l'Egypte ancienne : Cherquaoui. Il avait bien raison : la terre produit de quoi vivre. Les Ouled Sidi Cheikh combattent pour que les colons ne s'emparent pas des grands espaces verdoyants de l'Ouest : Oran, Relizane, Tiaret.
Le film «Bouamama» a reconstitué les évènements de ce 19ème siècle d'occupation. Les colons quant à eux demandent le maximum de terres de plaine. Ils arrivaient de tous les pays et devenaient propriétaires terriens. Ce qui explique la résistance opposée aux envahisseurs qui avaient transgressé un compromis reconnaissant aux Ouled Sidi Cheikh la conservation des terres de parcours, et aux envahisseurs l'arrêt de la colonisation, tout de suite après un accord de paix.
Mais les colonisateurs sont trompeurs et cela est vrai partout dans le monde. Les colonisés en Afrique ont appris à se méfier. Le 22 avril 1881, les Ouled Sidi Cheikh avec à leur tête Bouamama, s'insurgent contre leur offensive. Un film a été réalisé sur les Ouled Sidi Cheikh et Bouamama, par Boualem Bessaïeh, ancien ministre, aujourd'hui, décédé. Mohamed Belkheïr, voix de la population paysanne s'est aussi soulevée, il a harangué les foules pour dire en vers ce que les ennemis ont commis et ce que ses concitoyens doivent faire pour s'en sortir : ne pas lâcher, combattre les envahisseurs, exprimer haut et fort le sentiment qui doit animer les Ouled Sidi Cheikh.
On a une image de l'ambiance de guerre qui a régné en ce temps : «A vive allure, les cavaliers par groupes se succédaient à la faveur des salves répétées, nuages de baroud ; des vapeurs me grisaient et mon cheval caracolait, danseur illuminé». (propos de Mohamed Belkheir). Mais la guerre se fait longue, les fusils des tribus se font entendre sans répit.
Les envahisseurs sont cependant mieux armés. Et les plus riches dans la population ne tardent pas à se rallier aux colonisateurs sous l'ordre du colonel Négrier. Aussi la révolte s'essouffle. Ce qui explique ces vers de désespoir/ insaisissable destin/ Le pays appelle, vains échos/ Comme l'enfant arraché à sa mère / De toutes les tribus personne ne répond. Désormais, c'est la défaite, le poète de l'oralité prend le chemin de l'exil forcé. En 1884, il est envoyé à la forteresse des Calvi. L'homme des steppes, jaloux de la liberté de tous, est angoissé.
Calvi est en Corse entourée de mer. Il est en prison et il a largement le temps de composer des poèmes comme celui-ci : Ô maître généreux ! trouves-nous un sultan. Droit et juste, et qui gouverne. Pour le triomphe de l'Islam sur l'infidèle. Et reconnu par les nations.
Des poèmes, il en avait en grand nombre et beaucoup de concitoyens les chantaient pour espérer à la manière des noirs d'Amérique qui chantaient le blues dans les plantations de coton. Les colons allaient défigurer le paysage, le morceler mais pour un temps. La guerre de libération se préparait. La poésie populaire de Mohamed Belkheir, sortie de la mémoire populaire a eu un impact important sur toutes les générations, parce que transmise de bouche à oreille. Elle a dû être sauvée de l'oubli par l'écriture.
Une poésie de combat digne des grands maîtres du verbe
Comme dans toutes les révolutions, il y a les ennemis, les traîtres déclarés et toutes sortes d'individus qui peuvent vous donner des coups de poignard dans le dos, dès qu'une occasion va en faveur d'un intérêt personnel. C'est ce qui est arrivé à Mohamed Belkheir qui, en plus des colonisateurs qu'il a combattus au 19ème siècle, avait en face de lui, Attalah qui joue à contre-courant de l'histoire.
Ce dernier osait considérer les résistants algériens de l'époque comme de simples hors-la-loi, Mohamed Belkheir fait un long poème dont voici un extrait d'un style relevé : «D'évidence, je pleure mes blessures ouvertes, j'ai le mal du pays et du plus cher pays. Nous voici rassemblés joyeux, seuls les amis de Bourane sont dans l'humiliation. Qui veut le paradis combat le mécréant, qui veut la tranquillité devient mercenaire. Attalah, sinistre Attalah, pourquoi t'en mêles-tu ? La vie t'a joué, vanité ! Car son terme est proche». Voilà un extrait de poésie classique d'une beauté incomparable, rime riche, vocabulaire imagé qui exprime beaucoup de choses en peu de mots. Que diriez-vous du vers : «qui veut le paradis combat le mécréant». Mohamed devait se trouver emprisonné en Corse pour exprimer avec intensité des idées anticoloniales.
Sur un ton plus dur, «l'exil» s'exprime sans détour, d'un thème si courant en Algérie et ce, quelles que soient les circonstances. Il consiste à la fois l'expatriment, l'isolement et toute forme de mises à l'écart de quiconque cause des ennuis à quiconque exerce une responsabilité. Les Algériens ont beaucoup souffert de l'exil forcé en supposant qu'une personne a été contrainte d'aller vivre au-delà des frontières. C'est le cas de Mohamed Belkheir, emprisonné à Calvi pour ses activités politiques : «Cesse de m'interroger, mon sort appartient à Dieu, maître des deux mondes. J'attends le saint parfait à la monture blanche. Sid Cheikh, auréole des saints. Nostalgie de mes enfants, amour du maître. Tous deux troublent le cœur.
A Calvi exilé, avec Cheikh Ben Douina, nous voilà otage !
Ce texte est largement représentatif de l'ensemble de l'œuvre, très long poème qui parle de l'exilé dans tous ses états. Nous devons rappeler que le texte poétique est en version arabe. Il parle non seulement du poète, mais de tous ceux qui se trouvent dans leur état d'exilé. C'est pourquoi, on le classerait dans la poésie épique. Un poème de circonstance particulière, dirait-on.


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