Au moment où des combats à l'arme lourde opposent les militaires syriens et turcs dans l'extrême Nord de la Syrie, le président turc Tayep Reçep Erdogan promet de renvoyer les combattants étrangers de Daech « chez eux » en Europe occidentale le jour de commémoration de l'Armistice marquant la fin de la Première Guerre mondiale. C'est le début de l'opération « Retour vers l'envoyeur » que le Sultan promettait depuis des mois. « Nous vous disons que nous allons vous les renvoyer. Nous commencerons à partir de lundi [11 novembre]», a déclaré Süleyman Soylu à l'adresse des capitales occidentales, relayé par l'agence de presse turque Anadolu. Ankara joue sur du velours sur cette question puisque les officiels turcs savent qu'une telle mesure serait extrêmement impopulaire dans des pays tels que la France, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. C'est également un piège boomerang: les capitales occidentales qui ont eu recours à Ankara pour envoyer des combattants en Syrie se retrouvent piégées par leurs propres rhétoriques de lutte symbolique contre le terrorisme alors qu'il a été créé par leurs propres services spéciaux dans le cadre d'une stratégie plus globale visant à assurer l'hégémonie géopolitique et à abattre les régimes jugés hostiles. Le Grand Turc a profité de milliards de dollars en échange de son silence mais il semble qu'il se sent assez puissant pour ne plus se contenter d'un chantage au déluge migratoire mais d'un piège parfait. Pour Erdogan, les combattants étrangers de Daech, que des sources très sérieuses estiment entre 1200 et 1500 de combattants extrêmement dangereux sans compter les membres de leurs familles, doivent retourner « vivre chez eux en Europe occidentale » d'où ils sont venus. La politique turque est assez cynique mais jamais à court de subterfuges à rendement utile. Le président Syrie Bashar Al-Assad saisit l'occasion en vol et affirme lors de son dernier entretien à la chaîne russe Russia Today que l'Europe devait par dessus tout craindre le retour de « ses » combattants » ou chiens de guerre, qu'elle a lâché contre son pays durant presque une décennie.