Le site Achir, première capitale de la dynastie Ziride, édifiée dans l'actuelle commune de Kef-Lakhdar, au Sud de Médéa, a occupé pendant près de deux siècles une place importante et marqué l'histoire du Maghreb central, notamment par son rôle décisif dans la réunification des tribus Senhadja, relèvent des chercheurs en histoire de l'Université Yahia- Fares de Médéa.Achir, considérée comme l'une des principales capitales du Maghreb central entre 936, date de sa fondation par Ziri Ben Menad, chef de la dynastie Ziride, et sa destruction en 1101 par les Zianides, s'est érigée dès son émergence en un grand centre politique et intellectuel ayant contribué à renforcer la position des Fatimides dans la région face à leurs adversaires Zenètes, a indiqué le chercheur en histoire à l'université de Médéa, Tewfik Mazari, en se basant sur les récits du géographe et historien du 12e siècle, Abu Ubeid Al-Bikri. Située à 1280 m d'altitude, la capitale des Zirides a été fondée en signe d'allégeance au calife fatimide Abou El-Kassem El Kaim, a fait savoir l'universitaire, lors d'une récente visite organisée par la direction de la Culture et des Arts dans le cadre du mois du patrimoine, à ce site classé patrimoine national en 1968. La capitale des Zirides a pris rapidement de l'importance et commençait à attirer des élites scientifiques, des intellectuels et des artisans venus de différentes régions, contribuant à son essor économique et culturel, ce qui lui a permis de vite prospérer durant le règne de son fondateur, Ziri, et plus tard, son fils Bologhine, qui a entrepris l'extension de la cité et son urbanisation. Sa position géographique idéale a fait d'elle une place inexpugnable, mais aussi un lieu d'échanges actifs, selon le chef de service du patrimoine à la direction de la Culture et des Arts, Ahmed Merbouche, qui s'est référé au récit du géographe Al-Bikri, lequel considérait que le choix de ce site était dicté par des impératifs de sécurité face à l'adversité des tribus qui dominaient certaines régions du Maghreb central. La construction de cette capitale s'est faite en trois étapes: le choix de l'emplacement, en l'occurrence le point le plus culminant de la région d'Achir, l'édification des murailles pour sécuriser le site et, enfin, la construction des palais et l'ensemble des infrastructures indispensables à la vie en communauté, a noté le chef de service patrimoine, Ahmed Merbouche. Dans son ouvrage «l'Art religieux musulman en Algérie», édité en 1973, l'historien et archéologue Rachid Bourouiba (1917-2007) avait révélé qu'Achir était répartie en quatre zones: «Menzah Bent Es-Soltane» qui était le jardin de la fille de Ziri, Achir qui signifie la tenaille en langue amazighe, «le palais Ziri», siège du gouverneur, et, enfin, «Benia», appelée également Achir de Bologhine, en référence au fils de Ziri. Ziri Ben Menad a fait appel pour l'édification de cette ville aux meilleurs architectes de l'époque qui exerçaient, notamment à Souk Hamza (Bouira) et à M'sila, selon l'ouvrage de l'historien Bourouiba. Le site connaîtra son début de déclin en 972 lorsqu'il sera confié aux Hammadites qui ont déclaré leur indépendance des Zirides. Il a été occupé en 1076 par les Zénètes, puis repris par les Hammadites avant d'être dévasté en 1101 par Tachfine Ben Tinamer, le maître de Tlemcen, et reconstruit une nouvelle fois par ce dernier avant d'être reconquis par Ghazi Al-Sanhadji en 1184, a-t-on détaillé. Achir a perdu progressivement son rôle de capitale après avoir été désertée par ses élites, ses commerçants et ses habitants, qui sont allés s'installer en Andalousie et en Sicile, a relevé le chercheur en histoire, M. Mazari.