Hamma El Mahdi est écrivain, journaliste et responsable du département du site web du ministère de l'Information du Sahara occidental, ainsi que directeur de la communication du Parlement sahraoui. Nous l'avons rencontré à l'université d'été du Front Polisario dont la 13e édition s'est tenue à l'université M'hamed-Bouguerra de Boumerdès du 3 au 13 août. Mohsen Abdelmoumen : Quelle est la situation qui prévaut actuellement dans les territoires occupés du Sahara occidental ? Hamma El Madhi : La situation qui prévaut dans les territoires occupés est une situation d'occupation, comme dans tous les territoires occupés à travers l'Histoire, par exemple, comme ce qu'il se passe aujourd'hui en Palestine occupée, avec des exactions permanentes commises au niveau des droits de l'homme, des exactions qui touchent tous les droits repris dans la charte de l'ONU ou la Déclaration internationale des droits de l'homme. Il existe une mission de l'ONU destinée à organiser un référendum mais elle est paralysée, car cette mission n'a pas dans ses prérogatives la surveillance et l'établissement de rapports sur les exactions concernant les droits de l'homme. Elle n'a pas dans ses prérogatives la défense des droits de l'homme des Sahraouis, ce qui a aidé le Makhzen et le régime marocains à transformer cette région en une grande prison où sont commises les pires atrocités et où toutes les revendications sont interdites, tout droit à la parole interdit. Tous les journalistes et activistes sahraouis sont emprisonnés, toutes les maisons ou quartiers qui manifestent contre l'occupation marocaine sont encerclés, les hommes et les femmes sahraouis sont arrêtés quotidiennement et on compte en ce moment plus de 33 prisonniers civils sahraouis. Les membres du groupe de Gdim Izik sont toujours en prison à cause de leurs opinions politiques et de leurs revendications pour un référendum d'autodétermination. Il y a une interdiction systématique de visite pour tous les journalistes et observateurs internationaux dans les territoires occupés, et rien qu'en 2024 et 2025, le régime marocain a expulsé plus de 400 journalistes et observateurs internationaux ainsi que des activistes et des délégations qui avaient l'intention de visiter les territoires occupés. Et donc, ces nombreuses opérations d'expulsion nous démontrent que le régime marocain cache au monde entier les exactions qu'il commet contre le peuple sahraoui et opère une véritable mainmise sécuritaire et militaire sur le Sahara occidental en lui imposant un blocus étouffant qui interdit la sortie de toute image ou information que peut voir n'importe quel visiteur de cette région transformée en vaste prison. Quelles sont vos impressions à propos de cette université d'été à Boumerdès ? Cette université d'été est un espace solidaire de connaissances scientifiques pour échanger les expériences entre les cadres sahraouis et les cadres algériens et représente une plate-forme importante pour défendre la cause sahraouie et acter la solidarité entre les participants, qu'ils soient politiciens, représentants de partis politiques, membres du corps diplomatique ou académiciens. Cela démontre que l'organisation à Boumerdès de cette université d'été est une expression sincère de la position de principe de l'Algérie qui émane de la Déclaration du 1er Novembre et des principes permanents de l'Algérie dans la défense des causes justes et de son soutien aux peuples opprimés et aux peuples qui se battent pour la liberté et l'indépendance. Ce fait n'est pas étranger à l'Algérie qui a connu le colonialisme et qui a donné un formidable exemple en combattant l'un des colonialismes les plus féroces, à savoir le colonialisme français, et la facture en a été très lourde avec 5 millions de martyrs tombés pendant 132 ans de combat, de lutte et de résistance légendaire du peuple algérien. Cette épopée algérienne a inspiré non seulement les Sahraouis mais tous les hommes libres du monde entier qui font face au colonialisme, et cette université d'été nous a permis de connaître l'expérience révolutionnaire algérienne à travers cette histoire glorieuse qui a fait de l'Algérie La Mecque des révolutionnaires. Aujourd'hui, l'Algérie est à l'avant-garde des pays qui défendent le peuple sahraoui et le peuple palestinien et c'est elle qui est en premières lignes pour combattre le néocolonialisme sous tous ses aspects, qui s'ingère et empiète sur la souveraineté des pays, ce néocolonialisme qui implante des Etats vassaux comme le régime du Makhzen et le régime sioniste, lesquels sont devenus des outils pour faire passer des agendas colonialistes avec de nouveaux habits. Entretien réalisé à Boumerdès