Sur France Info, Rony Brauman a parlé sans détour. L'ancien président de Médecins sans frontières a dénoncé ce qu'il appelle une «famine organisée» dans la bande de Gaza. «Ce n'est pas simplement l'obstruction des convois humanitaires», a-t-il affirmé, «c'est aussi la destruction de tous les moyens de survie au quotidien». Il rappelle que «plus de 80 à 95 % des terres agricoles de Gaza ont été méthodiquement détruites par l'armée israélienne». Une politique qui ne peut, selon lui, s'expliquer par des considérations sécuritaires : «Quel problème de sécurité pouvaient poser les terres agricoles ? On voit bien qu'il s'agissait d'une volonté délibérée d'affamer la population palestinienne». Pour Rony Brauman, le constat est sans ambiguïté : «Cela entre directement dans la qualification de crime contre l'humanité et de crime de génocide». Et de pointer directement le Premier ministre israélien : «Netanyahou aura à en répondre. Naturellement, il va tenter, et il y arrive avec succès, d'échapper à la justice. Il n'empêche : Netanyahou est un criminel en fuite, et les ministres de son gouvernement le sont tout autant». L'ancien humanitaire, qui se dit médecin et non juriste, souligne que cette analyse est largement partagée : «De très nombreux experts du droit international et du droit pénal, ainsi que des historiens, y compris israéliens, spécialistes de la Shoah, considèrent également que les faits relèvent du génocide». En rappelant que des historiens israéliens de la Shoah eux-mêmes parlent de génocide, Rony Brauman met en lumière une vérité insoutenable : ce qui se déroule à Gaza n'est pas une «tragédie collatérale» mais bien une politique délibérée, méthodique et planifiée. L'impunité dont bénéficie Israël, malgré des violations manifestes du droit international, révèle la faillite morale des puissances occidentales. En invoquant la mémoire de la Shoah tout en fermant les yeux sur l'écrasement du peuple palestinien, elles s'exposent à un discrédit historique qui les poursuivra longtemps.