A la mi-décembre, il prend part à l'AG de section d'Alger de l'UNEA (qui avait succédé à l'UGEMA, peu de mois avant, en août) ; une AG houleuse dans laquelle il s'implique et exprime une position qui lui vaut, écrit-il, «la sympathie du courant influencé, dans la salle, par les communistes». Il sortira de cette AG, élu membre du Comité de la section d'Alger de l'UNEA. S'ouvre alors, pour Abdel'alim, une période d'intenses activités militantes appuyées par la lecture quotidienne d'Alger républicain et de ses éditos, signés Boualem Khalfa ou Henri Alleg, précise-t-il. Il trouve d'«une grande aide, également, les articles théoriques ou de fond que signe Bachir Hadj Ali». Après le 4ème Congrès du FLN (avril 1964), auquel est invité l'UNEA, c'est la préparation du 6ème Congrès de l'UNEA, dont il est élu délégué, sans négliger ses études puisqu'il passe avec succès ses examens de fin de 3ème année de médecine. C'est à ce moment qu'il adhère au PCA (p.86). En août 1964, il est élu membre du Comité exécutif de l'UNEA lors d'un Congrès sur lequel il a un avis très critique, ou plus précisément autocritique, s'agissant du groupe de congressistes communistes dont il fait partie. L'activité de l'UNEA passe à un palier supérieur dans la perspective du 7ème Congrès prévu pour décembre 1965, et, plus rapprochée, celle du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants fin juillet, et encore plus proche, le Sommet des pays afro-asiatiques prévu le 25 juin 1965. Le coup d'Etat du 19 juin entraînera l'annulation de ces échéances. A partir de cette date, la vie de Abdel'alim va changer, tout comme celle de ses camarades du PCA. Le 19 juin, du pareil au même Dans son livre ''Parcours d'un étudiant algérien de l'UGEMA à l'UNEA'', Houari Mouffok, président de l'UNEA, décrit le processus qui, dès le jour même du 19 juin, a amené la réaction immédiate de l'UNEA, dans le sillage du PCA, condamnant la prise du pouvoir par Houari Boumediene, alors ministre de la Défense, évinçant Ahmed Ben Bella, président élu. Le 20 juin 1965, Houari Mouffok, participe à une réunion avec le colonel Boumediene, qui a convoqué les dirigeants des organisations de masse ; il intervient pour dire que «le mouvement étudiant a retrouvé son unité autour de la Charte d'Alger», Boumediene, qui l'interrompt, répond que «la Charte d'Alger, n'est pas l'œuvre d'un homme, c'est l'œuvre des révolutionnaires et l'aboutissement d'une lutte séculaire». Autrement dit : c'est la continuité. «Plus tard, je me souviendrai de cette réplique de Boumediene, lorsqu'à l'occasion d'un déplacement à Paris en 1978, j'eus l'honneur d'être assis dans l'avion aux côtés de Abdelhafid Boussouf qui, intarissable de connaissances et d'anecdotes, me dit : «Tu sais, Ben Bella et Boumediene, c'est la même chose, c'est le même programme, c'est le socialisme. Ce qu'il y a entre eux c'est une question de pouvoir.» La confirmation de cette appréciation viendra de Henri Alleg, parlant de Ben Bella et Boumediene, il écrira : «Même si leurs personnalités et leurs styles contrastaient fortement…, les choix politiques et idéologiques de l'un et de l'autre ne différaient pas fondamentalement.» (Mémoire algérienne, pages 384 -385). Pour sa part, Boualem Khalfa s'interroge : «N'y a-t-il pas eu précipitation dans la prise de position après le coup d'Etat du 19 juin 1965 ? N'aurait-il pas fallu s'informer davantage au lieu de qualifier globalement de fasciste le nouveau pouvoir ?» (Article dans Alger républicain, spécial juin 2003). Abdel'alim Medjaoui, lui-même, en pleine clandestinité qu'il venait de rejoindre, ne manque pas de constater : «Nous sommes en opposition, et nous nous revendiquons, en même temps, des mêmes références idéologico-politiques et des mêmes objectifs que les putschistes, la charte d'Alger et les acquis de la révolution». Le président du Conseil de la révolution, Houari Boumediene, s'était, visiblement, empressé de faire comprendre que ça continuera comme avant. Le 5 juillet 1965, il annonçait : «L'ère de la construction d'une économie socialiste va commencer». Au lendemain du 19 juin, les opposants au coup d'Etat ne sont pas dans cet état d'esprit. Ils n'attendent pas, ils créent l'Organisation de la résistance populaire (ORP) constitué d'éléments du PCA interdit, de la gauche du FLN, de progressistes et syndicalistes, qui publie le 5 juillet son Manifeste, appelant à la lutte contre le nouveau pouvoir, sans exclure la lutte armée. Une nouvelle vie En septembre, une centaine d'arrestations dans l'ORP, les détenus sont torturés. Abdel'alim n'en fait pas partie ainsi que d'autres membres du Comité exécutif de l'UNEA, ils sont en clandestinité. Il est arrêté peu après dans des circonstances curieuses qu'il décrit dans son livre (''Le géant aux yeux bleus'', p.144). Il est passé à tabac et ''cuisiné'', comme il dit. Deux mois après, il est emmené à la prison d'El Harrach où se trouvent les membres de l'ORP arrêtés en septembre, puis il est transféré à la prison de Blida d'où il sortira autorisé à passer ses examens de 4ème année de médecine à Alger avec la promesse de revenir à la prison. Mais il ne passe pas son examen et rentre en clandestinité sur ordre de ses camarades qu'il n'a pas pu se retenir d'aller voir dans leur planque (p.158). Dès cet instant, il sera dirigeant d'abord clandestin, puis en liberté à partir de 1976, du Parti de l'avant-garde socialiste (PAGS, créé en janvier 1966). En 1993, libre de tout engagement partisan, il se consacre désormais, avec l'aide de son épouse Baya, à l'écriture de ses Mémoires réparties en plusieurs vies, tout en participant, en ligne, aux débats sur l'histoire ou l'actualité, avec ses éclairages pertinents, centrés sur Novembre. (Suite et fin)