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Les ruines rappellent les atrocités du colonialisme français
Prison pour femmes de Tifelfel à Batna
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 09 - 2025

Des témoignages vivants de détenues de la prison de Tifelfel, érigée fin août 1955 par le colonisateur pour y incarcérer les épouses de Moudjahidine, édifient quant aux atrocités des forces d'occupation françaises et leur cruauté envers les Algériens, hommes, femmes et enfants.
Certaines parmi les femmes qui eurent l'infortune d'être enfermées dans ce lieu sinistre dont il ne subsiste que des ruines, se souviennent, malgré leur âge avancé, de l'horreur qu'elles vécurent et des souffrance mentales et physiques qu'elles endurèrent entre les murs de cette prison, unique à l'époque.
Aucune d'entre elles n'a pu oublier ces longues nuits blanches peuplées de terreurs nocturnes qui les poursuivent encore dans leur sommeil, rendant l'éveil douloureux, malgré le fait qu'elles aient quitté cette prison il y a 63 ans, comme s'il s'agissait, plus de six décennies plus tard, d'une profonde blessure qui refuse de guérir.
«Chaque fois que je me trouve dans l'obscurité, cette prison me revient à l'esprit, immanquablement», affirme Zineb Bersouli (85 ans).
«Aujourd'hui encore, j'ai toujours peur lorsqu'une ampoule s'allume, car cela me rappelle les irruptions, dans les cellules, des soldats français de la légion étrangère, spécialement pour nous battre et nous faire subir des sévices, chaque nuit que Dieu fait. Ils se ruaient sur nous pour nous terroriser, insensibles aux cris déchirants des bébés et des enfants qui ne leur inspiraient aucune pitié», se souvient la vieille femme.
Djemaâ Slimani (95 ans) certifie «pleurer à chaudes larmes» et «trembler encore de peur chaque fois que le souvenir de cette prison ressurgit», car elle avait été arrachée sans ménagement à ses parents et à ses proches.
Elle affirme «détourner les yeux des ruines de cette prison» lorsqu'elle passe en voiture par la petite ville de Tifelfel car la simple vue des pierres de ce lieu sinistre lui rappelle les années de détention et la vie très dure qu'elle y avait menée.
Lehalmat Mebarka (97 ans) affirme, quant à elle, que l'image la plus «insoutenable» qui reste gravée dans sa mémoire, reste celle des «fragments de corps mêlés à la poussière des Martyres Saighi Rokia, Meftah Aicha, Ouezani Mahbouba et Belaiche Fatma et ses deux enfants, Ahmed et Fatima, à la suite du bombardement au mortier de la prison, le 26 septembre 1955».
Cette nuit-là, se souvient-elle, l'armée française, sévèrement «secouée» par une attaque des Moudjahidine contre un centre militaire de Tifelfel, lui faisant subir des pertes considérables, dont la mort d'un lieutenant, «décida de se venger sur nous en bombardant la prison».
L'horreur, soutient la vieille femme, «était indicible car, pour nous mouvoir, nous étions obligées de passer entre les corps, ou ce qu'il en restait, et – comble de la monstruosité -, les soldats français tuaient des animaux et les jetaient sur nous, à l'intérieur de la prison, enveloppant les cellules d'une insupportable puanteur qui causait l'évanouissement de plusieurs jeunes femmes, le tout sous le regard amusé des soldats».
Les représailles françaises «ne s'arrêtèrent pas là, puisqu'en plus de détruire la prison, la soldatesque coloniale avait incendié de nombreuses maisons de Tifelfel et des villages voisins avant de déplacer leurs habitants», se rappelle encore Mebarka.
Volonté d'accentuer la pression sur les Moudjahidine et d'étouffer la Révolution
Des Moudjahidine de la région soulignent que les forces d'occupation avaient lancé, après le déclenchement de la Révolution, le 1er novembre 1954, des rafles à grande échelle pour récupérer des armes ayant servi lors de la 2e Guerre mondiale, de peur qu'elles (les armes) ne soient utilisées dans les maquis de la lutte armée.
Mais, soutiennent les mêmes Moudjahidine, ni les tueries, ni la mise à feu et à sang des villages, ni le pillage des biens, n'ont pu dissuader les Algériens de rejoindre les rangs de l'Armée de libération nationale. C'est ainsi que l'armée coloniale avait décidé, sur «conseil» des harkis, d'ériger une prison pour femmes à Tiflfel pour accentuer la pression sur les combattants algériens et étouffer la Révolution.
Certaines prisonnières, dont Abidallah Dahbia, Nasraoui Hania et Benrahmoune Chamkha, soutiennent, en décrivant cette prison, qu'il s'agissait d'une «grande maison», dotée de 10 chambres et d'une cour, le tout dépourvu des conditions d'existence les plus élémentaires, et où furent incarcérées, dans un premier temps, 20 femmes.
Les détenues de la prison de Tifelfel y étaient conduites sans leur progéniture, à l'exception des nouveau-nés et des enfants de moins de trois ans, de la tombée du jour jusqu'au lendemain avant d'être autorisées à regagner leurs domiciles, souvent éloignés, pieds nus sur des sentiers rocailleux, après des nuits passées dans des conditions inhumaines.
Chaque soir, les soldats français procédaient à l'appel pour conduire à nouveau les malheureuses femmes vers la prison et si l'une d'elles «osait» ne pas répondre à l'appel de son nom, ou tentait de s'échapper, elle était froidement abattue.
Il faut savoir, poursuivent Dahbia, Hania et Chamkha, que le drame des prisonnières n'avait pas pris fin avec l'effondrement de la prison des suites de son bombardement au mortier, le 26 septembre 1955.
En effet, se souviennent-elles, un nouveau lieu de détention fut aménagé au lieu-dit «Isseksoukene» où furent emprisonnées quelque 300 femmes, toutes épouses de Moudjahidine de la région de Ghassira et de ses environs.
Des femmes qui n'étaient autorisées à sortir que durant trois ou quatre heures pour apporter de la nourriture pour elles et leurs enfants, étant donné que les forces françaises n'assuraient aucun approvisionnement de vivres. Elles «vécurent» ainsi jusqu'à l'indépendance.
De nombreux moudjahidine de Ghassira, dont Lakhdar Feloussi, ont indiqué à l'APS que l'emplacement de la prison pour femmes, le long de l'actuelle route nationale n 31 traversant la commune de Ghassira en direction de la localité de M'chounèche, dans la wilaya de Biskra, était protégé par le centre militaire de Tifelfel et entouré de maisons appartenant à des traitres (harkis), ce qui n'avait pas permis aux Moudjahidine de l'attaquer avec le succès escompté.
S'il n'en subsiste aujourd'hui que des ruines, le souvenir de la prison pour femmes de Tifelfel est perpétué par une imposante fresque murale portant les noms et les photographies de celles qui y furent détenues pour y subir les formes les plus abjectes de tortures psychologiques et physiques.
Cette fresque, érigée à l'entrée de la commune de Ghassira, permet de se remémorer les sacrifices consentis par les Algériens, hommes et femmes, pour l'indépendance du pays, et rappelle au monde entier que cette prison reste une ignominie qui assombrit davantage l'histoire de la France coloniale.


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