Avec 36 nations africaines représentées, un record, et plus de 700 athlètes engagés, dont un tiers issus du continent, les Mondiaux de cyclisme marquent un tournant symbolique. Pour beaucoup, le vélo est encore un simple moyen de transport. Mais, à Kigali, il devient symbole d'espoir, de fierté et d'un avenir à bâtir. Une rwandaise formée en partie en Europe grâce au programme Afrique 2025 de l'Union cycliste internationale, rêve désormais du Tour de France ou du Giro. D'autres, comme la Tunisienne Alma Abroud, découvrent un autre monde : «En Tunisie, nous sommes à peine une dizaine de cyclistes. Voir Evenepoel de près, c'était impressionnant. Ça motive à s'accrocher.» Ces tout premiers Championnats du monde de cyclisme organisés en Afrique, au Rwanda, constituent un événement historique et symbolique à plusieurs égards. D'abord, ils marquent une avancée majeure pour le continent africain dans le domaine du sport international, et plus particulièrement dans une discipline traditionnellement dominée par l'Europe, l'Amérique du Nord et certaines nations asiatiques. Le choix du Rwanda, et plus précisément de Kigali, pour accueillir cette compétition prestigieuse, témoigne de la reconnaissance croissante du potentiel organisationnel et sportif de l'Afrique. Sur le plan symbolique, organiser ces championnats sur le sol africain représente une immense source de fierté pour de nombreux pays du continent. C'est une occasion rare et précieuse de montrer au monde que l'Afrique est capable d'offrir des infrastructures modernes, un accueil chaleureux, une logistique efficace, et un public passionné. Pour les coureurs africains eux-mêmes, évoluer à domicile change la donne : ils sont portés par une énergie particulière, celle d'un peuple qui se reconnaît en eux, qui voit en leur performance une forme de reconnaissance et de visibilité à l'échelle mondiale. Du côté du Rwanda Cette édition inaugurale africaine des Championnats du monde de cyclisme aura sans aucun doute un impact durable. Elle inspire une nouvelle génération de jeunes cyclistes africains, encourage les fédérations nationales à investir davantage dans les structures d'entraînement, et favorise le développement de clubs, de compétitions locales, voire de partenariats internationaux. C'est un moment de bascule : l'Afrique ne se contente plus d'être spectatrice, elle devient actrice à part entière de l'histoire du cyclisme mondial. Des écarts encore criants Mais derrière l'enthousiasme, les inégalités restent flagrantes. Matériel obsolète, absence de structures, manque de formation... Le Malien Tiemoko Diallo a disputé le contre-la-montre sur un simple vélo de route, bien loin des machines ultra-technologiques des professionnels. «C'est un autre cyclisme», reconnaît-il. «Mais avec les bons outils, nous avons du potentiel.» En résumé Le Rwanda, pays hôte, s'est préparé avec sérieux. Soutenue par les autorités, l'équipe nationale a bénéficié de vélos neufs, d'un soutien logistique renforcé, et a pu briller dans certaines épreuves. «On a aujourd'hui 32 vélos neufs», souligne David Louvet, le sélectionneur rwandais, fier de la 25e place de Shemu Nsengiyumva face à des professionnels aguerris. Biniam Girmay, moteur d'un continent Chez les jeunes coureurs, un nom revient souvent : Biniam Girmay. L'Erythréen, triple vainqueur d'étape sur le Tour de France 2024, est devenu un modèle. «Il roule avec eux, les Européens. Donc nous aussi, on peut y arriver», affirme Vanette Houssou.