Après un week-end de manifestations inédites dans plusieurs villes (Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir, Souk Sebt...), les partis d'opposition et le mouvement Justice et Bienfaisance dénoncent la répression et exigent la libération des jeunes interpellés. Nés en ligne, les appels du collectif « Gen Z 212 », qui réunit plus de 9 000 membres sur Discord, se veulent apolitiques : priorité à la santé, à l'éducation, à l'emploi, à la lutte contre la corruption et à une véritable justice sociale. Le mouvement, lancé mi-septembre, s'ancre dans un climat social tendu : chômage des jeunes proche de 30 %, inflation élevée, et scandale sanitaire après la mort de huit femmes enceintes à l'hôpital d'Agadir. Ses slogans – «Liberté, Dignité, Justice » ou « Les stades sont là, mais où sont les hôpitaux ?»– dénoncent l'écart entre les grands projets sportifs (CAN 2025, Mondial 2030) et les services publics défaillants. Alors que le gouvernement et les partis de la coalition restent silencieux, plusieurs figures de la société civile soulignent que ces mobilisations expriment un ras-le-bol générationnel. Pour elles, « Gen Z 212 » incarne une jeunesse connectée, consciente de ses droits, qui refuse à la fois la récupération politique et la répression sécuritaire, et qui place la dignité citoyenne au cœur de ses revendications. Ce soulèvement illustre une évolution majeure du militantisme au Maroc. En s'organisant exclusivement via les réseaux sociaux, sans leaders identifiés ni structure partisane, « Gen Z 212 » échappe aux canaux traditionnels de médiation et complique la réponse des autorités. Sa stratégie numérique, inspirée des mobilisations mondiales, révèle une fracture entre une jeunesse globalisée, avide de transparence et de résultats concrets, et un pouvoir encore attaché à la régulation verticale. Cette dynamique pourrait préfigurer de nouvelles formes d'engagement citoyen dans la région, où l'espace public est fortement contrôlé.n