L'ancien chef du renseignement saoudien et ex-ambassadeur aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, le prince Turki al-Faisal, a vivement condamné l'attaque israélienne du 9 septembre au Qatar, qu'il a qualifiée de « perfide ». Cette frappe a visé des responsables du Hamas en pleine discussion de cessez-le-feu pour Gaza. S'exprimant lors du dîner de gala marquant les 50 ans d'Arab News, le prince Turki a averti que « la sécurité commune des pays du Golfe est menacée par un Etat paria qui ne respecte aucune règle internationale ». Il a appelé les Etats du Golfe à repenser leurs alliances et leurs stratégies pour « préserver leur sécurité par tous les moyens». Il a aussi dénoncé le « double standard» des Etats-Unis, passés selon lui « du rôle d'intermédiaire honnête à celui d'allié fidèle d'Israël », et salué les récentes reconnaissances de l'Etat de Palestine obtenues grâce aux efforts conjoints de l'Arabie saoudite et de la France à l'ONU. À ceux qui accusent ces reconnaissances de « récompenser le Hamas », il a répondu : « C'est l'occupation coloniale israélienne de la Palestine et le refus du droit à l'autodétermination qui nourrissent la résistance, pas l'inverse. » La sortie du prince Turki al-Faisal est loin d'être anodine. Figure respectée de la diplomatie saoudienne, il donne voix, au plus haut niveau, à une inquiétude croissante dans le Golfe : Israël, en frappant un pays voisin en pleine négociation de cessez-le-feu, s'affiche comme une menace directe pour la stabilité régionale. En reliant cet acte aux « doubles standards » américains et en rappelant le droit du peuple palestinien à un Etat, il exprime ce que nombre de sociétés arabes ressentent : un besoin urgent de rompre avec une sécurité dictée par Washington et Tel-Aviv.