Dans plusieurs conseils des ministres, le président de la République a donné des instructions pour le respect des délais dans la réalisation des projets. Et récemment à nouveau, commentant les résultats de la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF), il a insisté pour que les contrats conclus par l'Algérie, car il en va de la crédibilité du pays, devaient être concrétisés dans les délais impartis. Qu'en sera-t-il de ces directives louables face à l'hydre bureaucratique qui veut régenter la société qui bloque les énérgies depuis des décennies, n'étant pas propre à la période actuelle, l'investissement productif et l'épanouissement des énergies créatrices, et ce dans tous les domaines dont l'hémorragie de l'exode des cerveaux. Pour s'adapter à la nouvelle configuration des relations internationales, l'action gouvernementale doit définir clairement les objectifs stratégiques. Il s'agit de se poser les bonnes questions : comment se pose le problème ? Quelles sont les contraintes externes (engagements internationaux de l'Algérie) ? Quelles sont les contraintes socio-économiques, financières et techniques internes ? Quels sont les choix techniquement possibles et les ensembles de choix cohérents, et quelles sont les conséquences probables de ces choix ? Quelles méthodes de travail choisir qui permettent de déterminer les paramètres (moyen et long terme) et les variables (court terme) dont dépend un système complexe ? Après avoir décomposé la difficulté en éléments simples, il convient de se poser des questions et apporter des réponses opérationnelles, loin des théories abstraites, réalisations physiques et plan de financement sur chacun des éléments : Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? Comment faire ?La nouvelle politique devra tenir compte de la forte pression démographique (50 millions d'habitants horizon 2030) et des nouvelles mutations mondiales qui seront dominées par ce que Jacques Attali nomme les «industries de la vie» : la santé, l'alimentation, l'écologie, l'hygiène, l'éducation, la recherche, l'innovation, la sécurité, le commerce, l'information, la culture; et bien d'autres, ces segments étant capables d'augmenter leur productivité, et donc d'améliorer sans cesse leur capacité de satisfaire la demande sociale nouvelle, fonction de nouveaux comportements. Il s'agit d'éviter la vision bureaucratique, de croire que l'élaboration de lois sont la seule solution, alors que la solution durable est de s'attaquer aux blocages du fonctionnement de la société avec des actions concrètes sur le terrain. Et dans ce cadre, la bureaucratie fera tout pour faire avorter le projet de la généralisation de la numérisation lié à une nouvelle gouvernance plus transparente, car il réduit son influence. L'Algérie possède transitoirement des marges de manœuvre maïs devant aller vers une libéralisation maîtrisée devant forcément attirer les investissements directs étrangers pour combler son déficit de financement et s'insérer au sein de l'économie mondiale. Tout en soulignant que la Banque d'Algérie dans son dernier rapport d'octobre 2025 note l'écart croissant entre les recettes budgétaires et les dépenses selon les lois de finances 2024 et 2026 respectivement de 63 et 74 milliards de dollars avec pour incidence l'épuisement du fonds de régulation des recettes avec un accroissement de la dette publique brute qui risque de dépasser pour l'année 2026 les 60% du PIB contre 45% pour 2024, l'Algérie a une dette extérieure inférieure à 2% du produit intérieure brut, des réserves de change appréciable 67 milliards de dollars fin 2024 mais certainement en baisse pour 2025/2026. En effet, les recettes de Sonatrach, principal pourvoyeur de devises, a été de 60 milliards de dollars en 2022,50 en 2023, 45 en 2024 et certainement inférieur à 40 milliards de dollars pour 2025 du fait, et cela est mis en relief dans le rapport de la Banque d'Algérie, que le cours moyen du pétrole était de plus de 75 dollars en 2024 et que la moyenne pour 2025 est d'environ 65%66 dollars. Le cours, le 15 octobre 2025, 14h GMT, est de 62,57 dollars le Brent, 58,99 le Wit mais en termes de pouvoir d'achat euros, plus de 50% des échanges de l'Algérie se faisant avec l'UE, 553,53 euros le Brent et 50,75 dollars le Wit les cours étant, portés par des anticipations de baisses des taux américains, mais freinés par les prévisions d'un marché sur-approvisionné et une demande affaiblie par la guerre commerciale. Face à une stagnation de la production en volume physique, le gouvernement algérien a décidé de consacrer, durant les cinq prochaines années, plus de 60 milliards dans le domaine des hydrocarbures dont 80 % aux activités d'exploration et de production pétrolières et gazières, tandis que le reste financera des projets de raffinage et de pétrochimie. Pour accroître la production en date du 12 octobre 2025, a été signé le contrat dans le domaine des hydrocarbures sous forme de partage de production entre le groupe Sonatrach et la société saoudienne Midad Energy – Afrique du Nord, pour un investissement global estimé à 5,4 milliards de dollars. Aussi, toute stratégie pour l'Algérie, pays à fortes potentialités et acteur de stabilité des espaces euro-méditerranéens et africains, afin d'éviter des actions conjoncturelles de peu d'effets à moyen et long terme, favorisant les actions spéculatives, notamment marchandes, et l'extension de la sphère informelle canalisant plus de la 35% de la masse monétaire en circulation avec un écart croissant entre le cours du dinar officiel et celui du marché parallèle, dépassant les 70% encourageant la fuite des capitaux et la thésaurisation en dollar/euro pour se prémunir contre la détérioration du pouvoir d'achat l'allocation devises ayant servi de tampon transitoire, le cours étant le 15 octobre 2025, à la vente 269 dinars un euro et 231 dinars un dollar, devant différencier, selon le langage militaire tactiques et stratégie, il est souhaitable, comme je l'ai recommandé à maintes reprises aux pouvoirs publics, afin d'éviter des actions conjoncturelles de peur d'impacts à moyen terme, de créer en urgence un ministère d'Etat ou un haut-commissariat chargé de la planification stratégique, devant tenir compte tant de la réalité de la société, fonction d'un système d'information fiable en temps réel que des nouvelles mutations mondiales. En résumé, il s'agit de ne pas confondre le tout Etat, solution de facilité des bureaucrates en panne d'imagination, avec l'importance de l'Etat régulateur stratégique en économie de marché fondée sur la concurrence et la production, mais qui suppose une nouvelle approche de la gouvernance et un degré de compétences élevés pour réguler, en ce monde en perpétuel mouvement et dont les effets des tensions géostratégiques actuelles augurent de profonds bouleversements entre 2025 et 2030. Professeur des universités, Docteur d'Etat Abderrahmane Mebtoul