Inoubliable championne olympique à Paris, l'Algérienne Kaylia Nemour a pris son envol depuis, tournant la page de son ancien club, et se présente aux Championnats du monde de gymnastique de Jakarta, libérée et épanouie. Les Mondiaux en Indonésie, où elle est entrée en lice lundi 20 octobre, viennent clore pour la gymnaste de 18 ans une année 2025 mouvementée, marquée par un changement de club au printemps. « C'est vrai que c'est une prise de risque à huit mois des championnats du monde de prendre une telle décision », reconnait sa nouvelle entraîneuse Nadia Massé avec qui elle travaille désormais du côté de Dijon. « Mais c'est la sienne. » Sacrée championne olympique aux barres asymétriques aux JO 2024, Nemour avait ébloui la planète gym avec un mouvement d'une exceptionnelle difficulté. Elle était alors présente à Paris sous les couleurs de l'Algérie, pays d'origine de son père qu'elle avait choisi de représenter à la suite d'un conflit long et houleux entre son ancien club d'Avoine (Indre-et-Loire) et la Fédération française. «Pas la même pression» Mais en mai dernier, quelques mois à peine après son titre olympique, la jeune femme a fait le choix de quitter son club formateur. Dans une interview à l'Equipe et à Spot Gym, elle livrait alors les raisons de ce départ, dénonçant les « humiliations » subies pendant des années et « l'emprise » exercée par ses anciens entraîneurs. « Je ne renie rien mais je ne veux plus cautionner certaines méthodes », expliquait-elle. C'est donc désormais à Dijon, dans la structure de son ancienne chorégraphe Nadia Massé, que Kaylia Nemour peaufine sa gym. « C'est sûr que ce n'est pas la même pression au quotidien », disait-elle récemment lors des Internationaux de France. « Je me sens hyper bien, j'aborde la gym avec beaucoup de plaisir. Je sais vraiment pourquoi je suis ici. Je suis ici pour moi, et je veux réussir pour moi et pour mes proches, pour mes parents, tout le monde. » En Bourgogne, celle qui est devenue une star de son sport profite ainsi de nouvelles méthodes. Elle a par exemple pour la première fois reçu l'aide d'un préparateur mental, en l'occurrence Pascal Niggel, qui travaille également avec l'Equipe de France de handball. « Elle a maintenant une personne avec qui elle peut échanger et peut s'exprimer sans qu'il y ait un jugement ou une peur de décevoir », développe Nadia Massé. « Parce que Kaylia est comme ça, elle a toujours peur de décevoir les gens qui l'entourent. Donc Pascal nous a vraiment aidé. » Au cœur de son projet Pour l'entraîneure, l'essentiel est qu'elle soit «fière d'elle, qu'elle ait confiance en elle, qu'elle arrive à évoluer». «Quand on devient une jeune adulte, on a des besoins. Donc on essaye vraiment de créer ce double projet. L'aider à construire l'adulte qu'elle sera demain, avec son projet professionnel. C'est un travail de collaboration, on discute énormément. Elle a sa place». «Elle va avoir 19 ans et je pense qu'elle doit être au cœur de son projet», poursuit la coach qui constate une évolution positive : «Aujourd'hui c'est une jeune femme qui est épanouie». Pour sa première participation aux Mondiaux seniors à Anvers en 2023, Kaylia Nemour avait remporté l'argent aux barres asymétriques. Cette année, elle part grande favorite pour l'or dans cet agrès vendredi, mais peut également viser une médaille, voire le titre, au concours général jeudi. A Paris, elle avait en effet pris la cinquième place de l'épreuve. Or les quatre premières du concours olympique (Simone Biles, Rebeca Andrade, Sunisa Lee et Alice D'Amato) ont fait l'impasse sur la compétition indonésienne, offrant à Nemour une occasion rêvée. Mais l'intéressée a préféré rester prudente. «Je vais juste faire le maximum», a-t-elle annoncé. «Je veux juste faire les routines que je sais faire et me faire plaisir. Donner le meilleur de moi-même et après si je fais un très bon exercice, le résultat suivra».
