Une commission nationale multisectorielle chargée de la documentation des crimes environnementaux commis par le colonialisme français en Algérie ainsi que de leurs conséquences notamment dans les zones affectées par la politique de la terre brûlée et les activités destructrices de la nature, a été installée, lundi passé à Alger. La cérémonie d'installation qui a eu lieu au siège du ministère de l'Environnement et de la Qualité de la vie, a été présidée par la ministre du secteur, Kaouter Krikou et le ministre des Moudjahidine et des ayants droit, Abdelmalek Tacherift, en présence du Conseiller du président de la République chargé de l'énergie, des mines et de l'environnement, Amine Mazouzi. Cette initiative s'inscrit dans le cadre du projet ''Mémoire environnementale coloniale'', conformément aux recommandations issues du Colloque national organisé le 3 novembre à Alger et placé sous le thème ''les séquelles environnementales du colonialisme en Afrique : vérités historiques et séquelles écologiques – le cas de l'Algérie''. La commission est coprésidée par le Centre national d'études et de recherche sur la Résistance populaire, le Mouvement national et la Révolution du 1er Novembre 1954 (CNERMN 54), relevant du ministère des Moudjahidine, et par l'Observatoire national de l'environnement et du développement durable (ONEDD), relevant du ministère de l'Environnement et de la Qualité de la vie. Elle regroupe également des représentants de plusieurs secteurs concernés, tels que la Défense nationale, l'Intérieur et les Collectivités locales, les Transports, l'Agriculture, le Développement rural et la Pêche, l'Hydraulique, l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique, ainsi que la Santé. Dans une allocution prononcée à cette occasion, Mme Krikou a qualifié ce projet de «pierre angulaire dans le processus de consolidation du concept de la mémoire environnementale, étant un axe central de la mémoire nationale», soulignant l'importance de «recenser et documenter l'ensemble des zones affectées par les ravages du colonialisme en Algérie et en Afrique, ainsi que les impacts environnementaux et humains encore visibles à ce jour». La ministre a précisé, en outre, que cette cérémonie, coïncidait avec la Journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé, célébrée le 6 novembre de chaque année, constitue l'occasion de réaffirmer que l'environnement «n'est pas un champ de bataille» mais bien «un espace commun à la vie, à la sécurité et à la stabilité des peuples». Pour sa part, M. Tacherift a estimé que l'Algérie aspire à jouer «un rôle de premier plan» au niveau africain dans la documentation et la collecte des informations relatives aux séquelles de «la destruction systématique subi par l'homme et la nature», précisant que ces efforts visent à «restaurer la conscience collective autour de cette période sombre de l'histoire de la nation algérienne». En marge de la cérémonie, un guide scientifique de recherches et d'enquêtes sur les séquelles environnementales du colonialisme en Afrique, le cas de l'Algérie, intitulé ''Chahed'' (Témoin oculaire), a été lancé. Ce guide constituera une référence scientifique et documentaire regroupant témoignages, recherches et analyses sur les crimes environnementaux perpétrés contre la nature et l'être humain durant la période coloniale.