La polémique enfle en Arabie saoudite après qu'un café de Riyad, inspiré des pubs européens, a commencé à servir de la bière sans alcool. L'établissement, qui diffuse des matchs et propose cacahuètes et boissons « halal », attire une clientèle curieuse, suscitant à la fois enthousiasme et critiques. « Tant que le taux d'alcool est de zéro, cela ne me pose aucun problème », confie un jeune Saoudien, illustrant l'évolution des mœurs dans le royaume. Cette controverse intervient alors que l'Arabie saoudite élargit discrètement l'accès à l'alcool. Selon le média américain Semafor, des titulaires non musulmans de la résidence premium — un statut destiné aux expatriés à hauts revenus — peuvent désormais acheter de l'alcool dans une boutique de Riyad jusqu'ici réservée aux diplomates. Le changement n'a pas été annoncé officiellement ; les nouveaux clients disent en avoir été informés de manière informelle. Cette ouverture graduelle s'inscrit dans la stratégie de modernisation du pays. Le royaume, engagé dans le programme Vision 2030, veut attirer 150 millions de touristes par an et diversifier son économie. Depuis les années 2010, les autorités multiplient les signaux d'assouplissement : réouverture des cinémas, concerts, zones de loisirs... et désormais une gestion plus formalisée des boissons alcoolisées, longtemps tolérées dans la sphère privée de certaines élites. L'accès reste néanmoins très contrôlé, limité à un groupe restreint de résidents étrangers, ce qui permet au pouvoir de séduire les talents internationaux tout en préservant les interdits religieux et le rôle du royaume comme gardien des deux saintes mosquées. Ces scènes inédites — cafés au style occidental et assouplissements ciblés — révèlent l'ampleur des transformations sociales en cours en Arabie saoudite.