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La Bourse de l'histoire
1er Novembre 1954
Publié dans La Nouvelle République le 30 - 10 - 2010

L'existence d'une organisation présente sur la quasi-totalité du territoire algérien saute aux yeux, même si ses chefs et ses effectifs sont inconnus. Il suffit de regarder la carte d'Oran à Constantine, dans le court laps de temps de quelques heures, des attaques, des attentats, des sabotages de toutes sortes se sont produits. Leur énumération sèche est éloquente. En prenant comme découpage géographique celui des Zones de l'ALN.
Zone 1- Aurès-Nementchas : Batna, 3 heures du matin, deux sentinelles tuées devant la caserne. Le colonel Blanche, commandant de la subdivision essuie des coups de feu tirés sur sa voiture. Une bombe déposée au dépôt des blindés n'a pas fonctionné.
L'action sur Batna est conduite par Hadj Lakhdar. Arris est encerclé et n'a pus être dégagé qu'au soir du 2 novembre par deux colonnes de l'armée, venues l'une de Batna, l'autre de Khenchela. Foum-Toub ne pouvant être défendu est évacué, les combattants y tiendront une semaine. Tkout, petit centre au sud du massif de l'Aurès : la gendarmerie encerclée est dégagée dans l'après-midi. Biskra : six bombes, tentative d'incendie de la gare, de l'usine à gaz ; deux policiers blessés. Khenchela : à 1h 45 mn la ville est brusquement plongée dans l'obscurité, le transformateur vient de sauter. Pendant une heure et demie la résidence de la commune et les points de stationnement des troupes, sont attaqués par les hommes placés sous le commandement de Abbas Laghrour, le commissariat de police est occupé, les policiers désarmés et enfermés. Le sous-lieutenant Darnault, commandant la garnison, et deux soldats spahis sont tués au cours de l'engagement.
Un seul civil européen est tué ; sur la route d'Arris à Biskra, près de Tifelfel. Il a pris les Français avec sa femme le car allant de Biskra a Arris. Dans ce car, se trouvait le caïd M'chounéche, Ben Hadj Sadok. Le car est intercepté par un groupe de moudjahidine à proximité des gorges de Tighanimine. Soit recherché, soit reconnus, le caïd est abattu. Le chef de groupe, Chihani Bachir, n'a pas donné l'ordre d'exécuter. Pourquoi le jeune instituteur Guy Monnerot, dont le village d'Arris était le premier poste d'enseignant qu'il occupait, et qui venait tout juste d'arriver de France quelques jours auparavant a-t-il été tué et sa femme gravement blessée ? Les membres de l'état-major de Mostafa Ben Boulaïd, chef de la Zone 1, rappellent que celui-ci avait donné des ordres stricts de ne pas s'en prendre aux civils. L'un d'eux affirme que c'est un membre du groupe qui a pris l'initiative de tirer.
De fait, aucun civil isolé n'a été attaqué dans cette zone, ni dans les massif montagneux ni dans les plaines alentour. Constamment et efficacement rappelée par tous ceux qui voulaient faire passer les patriotes algériens pour des bandits. Cette erreur aux conséquences tragiques retardera la prise de conscience par la plus part des Français, de la véritable nature du Front de libération nationale. Les premières réactions de l'opinion publique en France en portent la trace. Les atrocités de la guerre, celles de la répression, l'apparente symétrie des responsabilités émousseront à la longue les sensibilités.
Zone 2- Nord-Constantinois, l'attaque de Souk-Ahras échoue. Mokhtar Badji ancien responsable de l'OS dans cette région, y trouve la mort. Au Kroub, la sentinelle de faction au dépôt d'essence de l'armée essuie une rafale de mitraillette et plusieurs coups de feu. Condé Smendou (baptiser Zighout-Youssef) : une dizaine d'hommes tirent sur le poste de gendarmerie et se replient. Attaque à Saint Charles (baptiser Ramdane-Djamel) à 17 km au sud de Philipville (Skikda), des gardes de la commune sont désarmés.
Zone 3 (Kabylie) Azazga, 2 h du matin, attaque de la gendarmerie. Parmi les douilles au sol, il se trouve des douilles de chasse, de mitraillettes, et de carabines italiennes (sans doute les "Stati" envoyé de l'Aurès à Ouamrane). Le dépôt de liége des Eaux et Forêts flambe toute la journée.
A Tadmaït (Draa el Mizan) ,un garde champêtre est tué à Tizi-Ghenif, Tizi N'Tleta un garde champêtre est également abattu. En outre dans toute la grande Kabylie, de nombreuses lignes téléphoniques sont coupées, suite à quoi les liaisons entre Alger et Tizi Ouzou sont interrompues à plusieurs reprises dans la journée du 1er novembre.
Zone 4 : Alger, une heure du matin, les commandos urbains de Zoubir Bouadjadj attaquent en cinq points.
Le groupe Merzougui procède à la pose de bombes dans les locaux de Radio Alger.
Le groupe des Kaci, l'oncle et le neveu, à l'usine à gaz.
Le groupe Belouizdad aux entrepôts de pétrole Mory.
Le groupe Bisker au central téléphonique a Champ de manœuvres.
Le groupe Napti Sadek au dépôt de liége d'Hussein Dey.
Au sud d'Alger, les groupes mis à la disposition de Rabah Bitat passent à ce moment à l'action.
Boufarik, une heure du matin, explosion au dépôt de la coopérative d'agrumes, un hangar brûle pendant trois heures.
L'arsenal de l'E.R.G.M. est attaqué par le groupe commandé par Ouamrane et Souidani. Ils raflent quelques armes.
Les entrepôts de la fabrique de papier «Cellunaf» à Baba-Ali sont en partie détruits malgré l'intervention des pompiers d'Alger.
A Blida, Rabah Bitat conduit l'attaque, des coups de feu sont tirés sur la caserne Bizot.
Trois ponts sont sabotés sur la RN.1 (Alger, Blida, et Sud) aux points kilométrique 15/23/33.
Sabotages du pont sur l'oued Tlélat de la RN11, et de celui sur lequel passe la route joignant l'agglomération de Birtouta à la gare. Aucun ne saute.
Zone 5 (Oranie) : Faute d'armes, les groupes de cette zone sont privés de moyen d'action.
Seuls ceux de Benabdelmalek Ramdane manifestent leur présence autour de Bosquet (Rebaptiser : Hadjadj).
Tentative de sabotage du transformateur des Ouillés. Deux fermes attaquées avec des armes de fortune, un gardien est blessé. François Laurent, qui voulait donner l'alerte, parvient en voiture à la gendarmerie de Cassaigne au moment où elle était attaquée, il est tué devant la grille.
Un petit maquis né aux environs de Turgot-Plage (Rebaptiser : Torga) est anéanti ou dispersé en quatre jours par les gendarmes et les C.R.S.
Quelques hommes de ce groupe font dans la nuit un barrage de pierres sur la voie ferrée Oran Aïn Témouchent à proximité de Rio Salado (El Malah).
A proximité de Sainte Barbe (Oued Tlélat(, le groupe d'Ahmed Zabana opère.
Les Français, habitués qu'ils sont aux informations concernant la Tunisie et le Maroc, restent un peu surpris d'apprendre qu'il se passe quelque chose en Algérie. Leurs journaux habituels leur commentent les nouvelles. L'imagination vole à l'aide du pouvoir. Quelques armes prises, quelques dizaines de millions de francs de dégâts. Les engins explosifs artisanaux font long feu devant leurs objectifs. Mince résultat matériel.
Les fusillades et les explosions réveillent beaucoup d'officiels de la République française, au milieu de la nuit : préfet, généraux, gouverneurs se réveillent en sursaut.
L'Armée de libération nationale naissante dont bien peu, à ce moment là, la connaissent et où connaissent son sigle ALN, vient d'arracher à l'Algérie le voile de la timidité et de la peur, et pardessus tout le voile de la honte.
Les centraux téléphoniques du GG (gouvernement générale d'Algérie et de la Xe Région) sont encombrés. Les lumières s'allument dans le bureau.
Au petit jour, le D.C. 3 du haut commissaire de France en AOF entame la procédure d'atterrissage sur la piste d'Alger Maison Blanche. Le ministre de la France d'outre-mer, Robert Buron, est à son bord. Il rentre du Togo. Le gouverneur de l'Algérie, Léonard, qui na pas pour habitude de négliger le protocole, n'est pas à l'accueille.
Un aide de camps met le ministre au courant des événements de la nuit pendant que les mécaniciens font le plein.
Le téléphone sonne à Paris chez le président du conseil André Pelabon ; son directeur de cabinet est épuisé de fatigue. Il vient de conduire les négociations sur le rétablissement de la souveraineté allemande, et de conclure les accords de Londres et de Paris décidant d'accorder la souveraineté à la République fédérale et de l'admettre à l'OTAN. Il a aussi tenter, en vain, de convaincre les socialistes de participer à son gouvernement ; et il doit partir pour les Etats-Unis. Le président du Conseil, André Pelabon, est ministre des Affaires étrangères, et non pas ministre de l'Intérieur.
Le spécialiste de l'Algérie, c'est François Mitterrand, qui en fin de matinée du 1er novembre 1954 lance un communiqué : «Un certain nombre d'attentats ont eu lieu cette nuit en plusieurs points d'Algérie.
Ils sont le fait d'individus ou de petit groupes isolés.»
«Des mesures immédiates ont été prises par le gouverneur général de l'Algérie, et le ministre de l'Intérieur a mis à sa disposition des forces de police supplémentaires.»
«Le calme complet règne dans l'ensemble du pays.»
Le journal le Monde du 2 novembre 1954, rapporte en filet sur une colonne à la page huit : «Pondichéry, 1er novembre 1954. 21 coups de canon tirés ce matin à l'aube ont annoncé la fin de l'empire français des Indes.» Même numéro du journal le Monde, deux colonnes, à la une : «Terrorisme en Afrique du Nord. Plusieurs tués en Algérie au cours d'attaques simultanées de postes de polices (…).»
(A suivre)


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