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Sport, société et politique
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 01 - 2010

Dans l'interview accordée le 29 décembre 2009 au Soir D'Algérie, Sadek Amrous, répondant à une question relative à son «opposition» au sein du MCA, répond : «Je n'aime pas du tout ce terme d'opposition. Le MCA n'est pas un parti politique».
Réponse tout aussi surprenante que diplomatique.
Car bien peu de gens ignorent que les grands clubs algériens ont été, de par leur histoire, des entités de nature politique.
Le sport et le mouvement nationaliste Pour le commun des algériens le MCA a marqué l'histoire du sport algérien. Au troisième jour suivant le décès de Ammi Tayeb, figure de proue du Mouloudia et de l' athlétisme algérien, les langues allaient bon train pour citer plusieurs anecdotes sur les relations du MCA avec le mouvement nationaliste. Il y eut même une personne qui soutint que, ce que l'histoire consacra comme le 8 mai 1945, avait en fait commencé le 1 mai à Alger et que la répression qui s'abattit sur les manifestants fit plusieurs blessés, (en fait, 2 morts et 13 blessés – d'après Mahfoud Kaddache, in Histoire du Nationalisme algérien, tome 2, p.700)– qui furent évacués et soignés au siège du Mouloudia, rue de Chartes, à l'époque. A l'entendre l'on aurait cru qu'il s'agissait là, d'un mouvement spontané. Or l'on sait que les manifestations du 1 mai 1945 avaient été organisées par le PPA qui voulait démontrer aux alliés, l'existence et la force du mouvement nationaliste.
Toutefois, cette imbrication au mouvement nationaliste fut le fait de l'ensemble clubs algériens comme le MCO, la JSK, l'USMA, le CRB, le MOC, le CSC, l'USM Annaba et de bien d'autres. Ces faits établis par l'histoire n'ont nul besoin de plaidoyer pour montrer que chaque club fut, en soi, une entité politique. Il le demeure encore aujourd'hui, démontrant si besoin en était, que le sport et la politique eurent et ont toujours, incontestablement partie liée. Certains ont rappelé la boutade lancée par le Président Boumediene à la fin du match Algérie - France en finale des Jeux Méditerranéens de 1975, lorsque Betrouni marqua le but de la victoire «Bravo mon gars, tu nous as évité d'entendre la Marseillaise dans un stade qui s'appelle le 5 juillet.»
On ne manquera pas aussi de rappeler que bien des parcours politiques se sont construits à l'ombre tutélaire du Président Bouteflika. Pour mieux convaincre l'on évoquera la force de frappe des supporters mouloudéens, les fameux «chnaouas» devenu un lobby de taille si actif, qu'on voulut l'enfermer dans les limites institutionnelles d'une association de supporters.
Derrière chaque club, des parrains !
Pour en revenir au propos de Sadek Amrous, il faut convenir que les oppositions qui se révèlent, ici ou là, dans tous les clubs ne sont que le résultat de conflits somme toute naturels agitant institutions et groupements humains au sein desquels s'expriment avis et intérêts divergents. Certes le MCA et les autres grands ou petits clubs ne sont pas des associations politiques au sens strict du terme. Pas comme les partis dont l'objectif essentiel est la prise du pouvoir. Mais grattez un peu et vous verrez se profiler, en arrière plan, l'ombre de ce que l'on appelle communément «personnalité», homme politique, élu, ou grand entrepreneur.
Qui donc ignore que les présidents des grands clubs sont courtisés et choyés ; car derrière le club il y a la masse des milliers de supporters, c'est-à-dire autant de citoyens qui votent. Et que dans chaque famille existe une culture de club bien ancrée. Lors d'élections importantes, législatives ou présidentielles, les présidents de grands clubs et les sportifs de renom, les champions, sont courus comme des stars, parce que l'on compte et joue sur leur charisme social. Et il n'est pas étonnant que leur apparition, à telle ou telle occasion, soit accompagnée d'une certaine «enveloppe».
Euphorie et retour au réel : les signes du reflux Ainsi toute la société qui est balayé par une vague de fond, faite tout à la fois de frustrations et de colères rentrées, mais aussi, de «compensations» sportives chargées d'atténuer l'impact des premières ; ce qui a soulevé les élans patriotiques du mois de novembre 2009, du 18/11 comme on l'appelle aujourd'hui. Et Rachid Boumediene a raison de dire que la société algérienne n'est pas née le 18/11, mais qu'elle était grosse de luttes que la télévision aux ordres ne montre pas ; et que ce match contre l'Egypte a révélé émotions et sentiments profonds que le nivellement médiatique a nié en le chloroformant par des manifestations en vase clos, où seule la «houkouma» se parlait à elle-même. La société est plus profondément politique que la soi disant classe politique. Elle sait se reprendre, sortir de l'émotionnel échevelé pour remettre les pieds dans le réel, entre autres, d'une «Trifarcite» qui a roulé les travailleurs dans la farine. Maintenant que l'euphorie générale est retombée, les signes du reflux de la vague sont plus que perceptibles : hausse des prix, chômage des jeunes toujours endémique, emplois de milliers de travailleurs menacés. Les syndicats autonomes et plusieurs sections vigilantes et conscientes de l'UGTA battent la campagne pour défendre leurs droits et leurs outils de travail menacés de la casse, par un ministère qui devait avait pour mission de redonner vie à l'industrialisation de notre pays et non de l'enterrer.
Une seule vérité : l'enracinement social
S'il est incontestable que le football est profondément enraciné dans la société, et si cet enracinement est susceptible d'avoir des prolongements politiques certains, pourquoi ne pas reconnaître que, considérer de ce point de vue, le club sportif est un ersatz d'association politique. De plus, nous savons tous que la principale caractéristique d'un parti politique réside en son enracinement social et en l'ampleur de sa résonance populaire. Qui, mieux que le sport et notamment le football, peut remplir cette double fonction et offrir aux dirigeants politiques ce qui va promouvoir leur image ; la politique étant devenu, aujourd'hui, plus une question d'image que de gouvernance efficace. Qui va éteindre les feux de la fitna ou calmer le front social et ses légitimes bouillonnements si ce n'est la vague de fond provoquée par la victoire de l'équipe nationale de football ?
Le football , profondément ancré dans la société, a fini par remplir des fonctions que les politiques n'assument plus, ou si peu.
Régimes autoritaires et décrets camisoles
Dans les régimes de nature autoritaire, à défaut de pouvoir vampiriser les images et les symboles du monde du sport, les dirigeants politiques tentent de capturer cette force sociale vive en la domestiquant ou en la caporalisant, en l'enfermant dans des cages institutionnelles idoines : associations, ligues et fédérations sportives, en promulguant des textes camisoles, tel que le fameux décret 405.05 qui a déchiré, pour des lustres, le mouvement sportif national. Et, par voie de conséquence, amoindri sa vitalité et ses performances pour l'enfermer dans les rets de la dépendance et de la courtisanerie improductive.
Comme le reste des secteurs de l'activité nationale, l'espace sportif vient d'être fermé, de manière autoritaire et sans contestation possible. Cette action fait naître une question de taille : comment parvenir à remettre sur pied un MSN désarticulé ?
Tayeb Belghiche, dans sa dernière chronique, interrogeant la vie diplomatique de notre pays, conclut au «coma diplomatique». En fait, pour le sport, ne vient-on pas de prononcer une sorte de coma sportif ? Comment donc en sortir ? Telle la question vitale à laquelle le MSN est aujourd'hui confrontée. L'autonomie du MSN, se profile comme l'une des solutions les mieux adaptées à la nécessaire osmose entre le sport et la société.
L'histoire du sport international est là pour le prouver.
Une brève incursion dans l'histoire du football nous montrera que cette tendance répressive des pouvoirs publics a toujours existé face à la liberté du peuple. A l'époque de la naissance du «Foutball» - comme cela s'écrivait au temps, où c'était la balle qui avait plus d'importance que le jeu - les pouvoirs publics ont voulu tempérer les excès d'une activité trop libre et spontanée. C'est Norbert Elias et Eric Dunning qui nous apprennent, dans leur ouvrage commun «Sport et civilisation», que du temps d'Edouard II, en 1314, à Londres, les autorités de ce temps, «voulaient que les gens se forment à l'usage des armes militaires plutôt que de s'adonner à des jeux désordonnés». A l'époque, ces «jeux désordonnés», allant jusqu'à provoquer mort d'homme, étaient organisés entre localités ou corporations selon un document du 10 janvier 1510 parlant d'une «rencontre entre cordonniers et drapiers».
Cette histoire tumultueuse entre la société et l'Etat a fini par donner naissance à des fédérations sportives autonomes et à un mouvement olympique encore plus autonome.
Cette courte incursion historique avait pour but de montrer que le sport, aussi loin que l'on remontât dans le temps, était une activité libre et spontanée, un loisir, dont la fonction sociale était le divertissement des gens. Pour l'époque contemporaine, Norbert Elias parle d'activité de «déroutinisation», au regard de la normalisation introduite par les modes de production issus de l‘organisation scientifique du travail, inventée par Henri Ford. Modes de production aliénants dont les travailleurs voulaient briser le carcan.
L'énorme contresens et la naissance du Foreps
Chez nous cet antagonisme entre pouvoirs publics et société sportive a eu les effets néfastes évoqués plus haut lorsque nous avons parlé du fameux décret guillotine. Ce texte et la politique qui l'a inspiré apparaissent aujourd'hui comme un énorme contre sens par rapport à l'expression populaire de novembre 2009.
Bien avant ce large mouvement populaire, des dirigeants du MSN, soucieux d'en préserver l'essence démocratique et l'appartenance olympique, ont lancé un appel à conférence nationale visant à la rénovation du système d'éducation physique et du sport dans notre pays. Parlant de la crise vécue par le MSN, ils rappelèrent que «le Président de la République stigmatisa le monde du sport et ses «bezenassia» (Discours de Sétif), dont l'organisation et la production étaient loin de répondre aux attentes de la société et aux ambitions de notre nation. Dernièrement, étant à l'écoute de la société civile et des athlètes de haut niveau… il a appelé le gouvernement à élaborer et mettre en œuvre une nouvelle Politique Sportive Nationale».
Les signataires de l'appel estimaient que la définition et la réalisation d'une «nouvelle politique Sportive Nationale devaient être l'œuvre de tous les acteurs, compétences et forces vives du MSN, rassemblés autour d'un grand projet de développement sportif. Tous les secteurs d'activité, éducation nationale, enseignement supérieur, santé, entreprises économiques, presse sportive, devraient concourir à la définition et à la mise en œuvre de ce grand projet».
Aujourd'hui, ils se proposent de continuer à agir dans cette perspective, au sein du Forum Education Physique et Sport (FOREPS) dont ils ont décidé la création au mois de novembre 2009. Ouvert à celles et ceux désirant participer à l'œuvre de rénovation de l'éducation physique et du Sport, cet espace – qui n'est pas un espace d'opposition mais une source de propositions - a déjà été investi par des éducateurs, organisateurs, cadres et universitaires ayant à cœur de participer à ce mouvement de refondation. Il restera constamment ouvert à celles et ceux voulant prendre part à ses travaux et recherches sous forme de journées d'études, de séminaires et d'une conférence nationale annuelle. Pour qu'un autre sport, respectueux des sportifs et de la démocratie, soit possible en Algérie.
Post scriptum
1 - Un blog FOREPS a été créé afin que chacun exprime sa pensée, ses points de vue et expose le produit de ses recherches. Vous pourrez adhérer au Blog à l'adresse suivante : http://foreps.ning.com/
2 – Je voudrais exprimer à Rabah Saâdane tout mon soutien fraternel et à l'équipe nationale qu'il anime avec la fermeté et la sagesse qui lui sont reconnus, les succès qu'elle mérite. Que les détracteurs et pêcheurs en trouble les laissent travailler dans la paix et la sérénité que requiert cette tâche d'importance nationale, à laquelle chacun devrait apporter sa contribution.


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