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Qui suis-je ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 02 - 2010

La méconnaissance de l'intérêt de la psychanalyse et les résistances à sa pratique dans les pays du Maghreb préoccupent depuis quelques années les spécialistes.
Les «prothèses» proposées par la médecine traditionnelle aux dérives souvent dévastatrices sur l'individu, empêcheraient l'émergence de la singularité à tel enseigne que le « Nous » dépersonnalisant domine les relations sociales. On remarque que le groupe s'identifie plus facilement aux valeurs religieuses ou ethniques et beaucoup moins à celles qui fondent la citoyenneté dans la quête d'une modernité dont il faut re-définir les contours. Les questions abordées par Karima Lazali, dans un texte analytique intitulé « Guerre civile et position(s) de l'étranger à partir de la pratique de la psychanalyse en Algérie », demeure d'une actualité qui mérite toute l'attention que doivent accorder les acteurs sociaux, mais aussi politiques quant à la souffrance du sujet. Psychanalyste et psychologue clinicienne vivant «entre» Paris et Alger, s'inscrivant dans une pratique soignante qui privilégie l'écoute, cette ancienne lycéenne Algérienne, sorbonienne plus tard et freudienne par choix, livre ses impressions en s'interrogeant sur le retard pris par la psychanalyse, comme forme de soins au Maghreb, aux côtés d'autres techniques pratiquées et développées par les institutions soignantes. Se limiter à affirmer qu'il y a résistance au recours à la psychanalyse, relèverait presque d'une évidence dont il faut décomposer les causes, faute de passer à côté alors carrément outre des questions vitales pour au moins comprendre mais surtout « s'avoir ».
L'un des arguments identifiés serait que le patient maghrébin se débat pour s'extraire à cette confusion entre le religieux et la religiosité, entre la langue d'usage et la langue d'échange, entre la massification et l'individualité ou tout simplement entre la ressemblance et surtout la différence.
Il est à rappeler que l'école psychiatrique d'Alger fondée en 1918 par Porot qualifiait l'indigène d' «incrédule», d'«entêté» et de «passif». Il s'agissait des premières conclusions de la psychiatrie coloniale qui faisait appel à des catégories d'analyse justifiant l'occupation et la mission civilisatrice des conquêtes et des guerres. Guerre et conquêtes où l'ennemi se distinguait tout de même par ses traits physiques autant que par ses pratiques linguistiques et religieuses.
L'ennemi était donc clairement reconnu en tant que tel et le rapport de domination tout aussi clairement exercé. Les traumatismes nés de cette situation sont bien réels et trouvent en la pratique psychanalytique des voies de sortie dont les bases essentielles avaient été lancées par Frantz Fanon.
Mais la difficulté de s'en sortir plus tard apparaît dès que l'ennemi ne peut plus être identifié dans une guerre, comme le rappelle la fameuse tirade dans l'une des pièces de Slimane Benaïssa « nta khouia ouana chkoune ? », « tu es mon frère, mais qui suis-je ? ». La confusion est d'autant plus importante lorsque le courant introduit par Tobie Nathan d'une catégorie d'analyse sous l'appellation d'ethnopsychiatrie permettrait de traiter d'une manière « spéciale » des patients maghrébins selon une méthode qui les adapterait au mythe de la « oumma islamya », argument culturel, qui participe de l'effacement du sujet sans remédier à ses névroses et le poussant à davantage dans les complications. Le « Je » étouffé par le nivellement postindépendance en Algérie, passant d'un socialisme d'importation étrangère de façade, à un islamisme tout aussi importé, a trouvé la voie du « Nous » comme refuge, mais aussi comme lieu dans lequel se désagrège la personnalité. Or les années 90 ont bien illustré cette désagrégation de l'individu en quête d'une reconnaissance qui s'est traduite par une guerre de l' « entre-nous », durant laquelle la terreur a dominé les rapports sociaux et l'effritement de la relation gouvernant/gouverné.
La femme en a été la première victime parce qu'elle constitue une menace pour la cohésion de la foule. Dépositaire sans l'avoir choisi de la vertu et de l'honneur des hommes, la femme a été la première cible des prédicateurs sous le couvert de la religiosité prise au sens primitif. En contrepartie de quoi la promesse d'un idéal social n'a mené qu'à la terreur dans un cycle qu'il faut bien appelé un jour « guerre civile » pour restituer à la parole sa fonction première, qui est celle de nommer les situations tout en permettant de les analyser, de les comprendre et d'agir. Faute de quoi l'institution chargée de protéger les individus et leurs biens demeurera confisquée à des fins de perpétuation d'une confusion qui arrange bien les politiques et conforte la perversité de leurs discours.
La foule, la masse ou autres qualificatifs ne peuvent qu'engendrer le meurtre de la parole et de l'expression multiple. C'est ce à quoi nous assistons devant la surdité des gouvernants et leur mutisme dans des situations qui se traduisent par l'exclusion, la harga et l'émeute, formes de violence dévastatrice et suicidaires.
L'éclairage apporté par Karima Lazali au cours de la conférence qu'elle a donnée au GRAS à Oran, ce Dimanche dernier soulève d'autres questions hautement importantes sur le rôle et la pratique de la psychanalyse au Maghreb et tout particulièrement en Algérie.
Il reste à trouver les voies et issues pour s'en sortir d'autant que la psychanalyse offre un terrain de réflexion et de questionnement autour de la citoyenneté comme préalable à la construction d'une société, d'un pays, d'un Etat au sens des institutions. Le « qui est qui, » proposé au débat de fonds, passe inévitablement par la re-définition des idées reçues et des pratiques sociales qui les ont produites, en même temps qu'il permet de situer la violence d'où qu'elle vienne en la plaçant dans des catégories strictement identifiables.
La place des slogans placés à l'entrée des bâtiments administratifs et qui glorifient la fraternité à la limite de l'inceste symbolise bien le mensonge dès que l'institution est interpelée sur sa fonction au service du citoyen. Quand une transcription du nom pose encore un problème d'orthographe et qu'elle ne jouit plus une attention calligraphique respectueuse des usages universels, que devient l'individu en dehors de la foule et comment peut-il s'en détacher juste pour éviter le meurtre ou le suicide collectif ? Pourtant comme le rappelle Lazali à propos de la réponse d'une jeune patiente à laquelle elle annonçait la fin d'une séance de psychanalyse « la séance et terminée…Mais la parole, elle…n'est pas finie » !


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