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Trois pays, trois auteurs, trois livres, trois regards sur l'économie:Une première tentative de recension dans une lecture des aspects politico-économiques
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 06 - 2010

La question posée par André Lacroix: l'économie aurait-elle existé s'il n'y avait pas la rareté?
Sans partir de cette question, il a fustigé toutes ces «théories» qui ont fait le lit de la leucémisation de l'espace public, construite à partir de l'idée que chaque individu est porteur d'un moi distinct des valeurs et finalités qu'il choisit. Pour lui, cette affirmation libérale de l'individu comme premier et seul sujet de droit dévalorise le lien social qui est plus fort que tout lien contractuel. C'est cette compréhension qui a permis de légitimer les sub-primes et la démesure de certains salaires. Il (Lacroix) définit la financiarisation de l'économie par l'absence de plus-value conséquente avec des capacités de production démultipliées et c'est le cas avec les méga-fusions qui se font et défont après. Pour Laplaize, cette financiarisation se retrouve dans les assurances des corps et des postérieurs à 150 millions d'euros.
Sur l'aspect salaire, Paul Krugman parle de PDG exponentiels, rock-stars dont l'impact sur la performance est impossible à démontrer par conséquent non chiffrable. Le seul frein pour ces extravagances est l'indignation sans le facteur honte. Pour lui la cause en est la politique : l'effondrement de la syndicalisation; les politiques ayant repris l'offensive contre les ouvriers et c'est le règne de la ploutocratie. Sur le terrain de l'éthique, Krugman cite Galbraith qui a critiqué les valeurs américaines dans l'ère de l'opulence durant l'après-guerre. Pour Laplaize, la disparition de l'éthique est la conséquence de son faible quotient dans le rapport moins disant bancaire sur le moins disant éthique.
Si (à juste titre) Adam Smith est considéré comme le père de l'économie moderne, Lacroix dénonce ceux qui utilisent comme argumentaire son travail dans « La richesse des nations », sans mentionner ses conditionnalités dans son autre oeuvre « La théorie des sentiments.» Si la main invisible chez Adam Smith est un régulateur, elle devient commissaire priseur Chez Walras.
Pour expliquer que l'économie n'est pas une science sociale, entre toutes les références citées dans ce livre, Amartya Sen qui plaide pour des « sciences » économiques avec deux grands aspects : moral et scientifique. Après des louanges sur l'immensité de ses travaux, Lacroix lui a fait la part belle en conclusion. C'est dans cette intégration qu'André Lacroix détecte l'ambivalence. C'est ce glissement qu'il appelle économisme : une interprétation et explication des phénomènes sociaux basée sur la méthodologie économique qui servira la légitimation morale des choix. Pour Lacroix, l'amalgame entretenu entre morale et science, le scientisme, l'axiologie et l'heuristique favorisent toutes les dérives « économistes ». Pour lui, l'éthique est le pouvoir de réfléchir par soi aux valeurs qui permettent notre prise de décisions et à leur impact. Benoit Laplaize considère cette scientificité comme une terreur. Il prône la recherche de l'idéal en tant ou en tant que débat intérieur.
(Lacroix) Il dénonce aussi l'utilisation du critère d'optimalité de Pareto qui vise une (hypothétique) maximisation de satisfaction de chaque individu. C'est ce critère qui est utilisé par les « welfaristes» pour la détermination de l'équilibre général. Krugman le rejoint en faisant un croc en jambes aux statistiques modernes pour la croyance au cycle naturel de l'inégalité.
Pour le mauvais usage des statistiques, son exemple lapidaire est sur la variable dans le temps à utiliser, est-ce la moyenne ou la valeur médiane? «Quand Bill Gates entre dans un bar, la richesse moyenne de la clientèle monte en flèche, mais ceux qui ont été dans le bar quand il est rentré ne sont pas plus riches qu'avant»
Ce «falsificationnisme» des règles a engendré la catastrophe et la débâcle des économistes pris dans son sens extrémiste selon Lacroix et qui serait engendré par la non prise en charge des facteurs non économiques qui sont plus nombreux dans et pour la croissance selon Laplaize. Les questionnements des citoyens du monde sont formulés par Laplaize : arrêter la glissade du pouvoir des gouvernements vers les créanciers quand les dettes augmentent, chercher l'équilibre entre les lois de la nécessité et du besoin. Et la question noble est de Benoit Laplaize: peut-on vivre ensemble? Pour ca, il faut trouver la distance critique, ce principe de l'économie du silence.
Pour André Lacroix, la mondialisation débarrasse l'espace public de ses normes morales et politiques. L'individualisme le morcelle. Sous un angle purement financier, la faisabilité et la rentabilité ne vont pas de pair avec l'intérêt national. L'économisme a instrumentalisé la sphère publique. Il ne trouve pas de justification au grand écart entre les succès dans les résultats de l'impressionnante machine analytique des économistes et ses échecs dans la production de règles en éthique qui doit être un mode de discours et de régulation sociale. Krugman dénonce l'axiome des droitistes américains selon lequel « les marchés parviennent souvent à mettre l'intérêt personnel au service du bien commun.» qui autorisent toutes les inégalités. Si la liberté fonde la coexistence et non l'opinion, André Lacroix prône la modestie pour reconfigurer le tissu social pour moins d'inquiétude, une des causes de cette déshumanisation.
Ce qui l'amène à écrire que la démocratie est un chantier permanent. Krugman en défendant l'état providence par l'instauration d'une assurance maladie pour tous les américains traite cet aspect d'une manière plus «terre-à-terre.» Il rappelle que le New Deal était considéré comme un extrémisme économique par la droite américaine, que (l'américain) Huey Long leader du parti «share our wealth» (partageons notre richesse) a été assassiné en 1935, le racisme a un poids terrifiant dans la déchéance d'un pays et, aussi incroyable que tous les poncifs ayant cours, que le droit des vote pour tous les américains n'a été réel qu'en 1965 et la fraude électorale en est une vieille tradition!!! Cette fraude et l'élimination des électeurs ont fait les unes des journaux lors de l'affrontement Bill Clinton et Georges Bush. L'échec du premier dans la course était décodable dans son slogan de campagne. Si pour le premier, il était «c'est de l'économie, idiot», le second a joué sur la fibre du patriotisme chauvin et la fierté des américains. Tous plaident pour une architectonique humaniste dans la gestion de la cité.
Notes
André Lacroix Critique de la raison économiste.
Sous-titre: L'économie n'est pas une science morale.
181 pages.
Editions Liber. 2009
Paul Krugman.
New new deal, l'Amérique que nous voulons.
444 pages.
Editions Flammarion. 2008.
Benoît Laplaize.
L'économie du silence.
Quelle personne pour quelle société?
234 pages.
Editions Anne Sigier. 2005.
André Lacroix est juriste, philosophe. Il exerce comme professeur titulaire de la chaire d'éthique appliquée à l'université de Sherbrooke (Québec, Canada).
Paul Robin Krugman, économiste américan, prix Nobel d'économie en 2008. Blogger pour le New York Times.
Benoît Laplaize est cadre dans un groupe industriel.
Sont cités dans cette contribution Glabraith- John Keneth : 1908-2006. Economiste canado-américain.
Laffer- Arthur : 1940- célèbre par sa formule « trop d'impôts tue l'impôt » et les courbes éponymes.
–Includepicture
«http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6f/Krzywa_Laffera.svg/753px-Krzywa_Laffera.svg.png» * Mergeformatinet-Pareto-Vilfredo: 1848 – 1923. Sociologue et économiste italien. Représentation du théorème du bien-être et de son optimum.
-Includepicture«http:// upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/ thumb/0/07/Edgeworth_ box.jpg.png/800px-Edgeworth_ box.jpg.png» * MERGEFORMATINET -
Kuznets- Simon: 1901-1985. Prix Nobel en 1971. Economiste et statisticien américain.
-Includepicture
«http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6b/Kuznets_curve.png/250px-Kuznets_curve.png»
* MERGEFORMATINET -Amartya Sen: 1933- économiste indien. Prix Nobel en 1998.


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