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La petite fille de novembre
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 04 - 11 - 2010

La petite fille aux yeux verts portait un manteau de couleur blanc- sale cintré à la taille qui descendait en cloche sur ses genoux frêles. Un don d'une voisine française. Elle regardait, autour d'elle, sa mère, parler sans arrêt avec un groupe de voisines. La présence des voisins colons est rare en cette journée fraîche de l'hiver. Des olives, des sardines en boîte. Voila à peu près le menu quotidien de la fillette depuis que sa famille a décidé de quitter le quartier napolitain, devenu très dangereux pour les autochtones. Un oncle, habitant le quartier exclusivement arabe situé à quelques mètres du Faubourg, les accueille dans son immeuble. La cohabitation est difficile mais nécessaire car les actions de l'OAS sont devenues quotidiennes. Celles-ci ciblent particulièrement les biens appartenant aux riverains du quartier napolitain. Le bruit des bombes se faisait entendre à la fin de la nuit. Bruits d'armes, claquements des portières de véhicules. Des lendemains aux odeurs de dynamite, magasins éventrés. Les membres de l'OAS pullulent dans ces lieux bien connus des moudjahiddine. Ces derniers pourchassés maintes fois par les soldats français pouvaient fuir en sautant d'un toit à un autre et en un rien de temps se retrouver dans un autre pâté de maisons, enfin à l'abri de balles assassines. La petite fille aux yeux verts se souvient mais sans comprendre, du vrombissement des camions militaires, à la rue du 3ème bataillon d'Afrique, du bruit des bottes, du tintement des armes. Une bougie placée sous un couscoussier, une Mlaya (voile que porte les femmes de l'est algérien) posée sur toute la surface de la fenêtre donnant sur les escaliers de l'immeuble. Un chut !!! de la mère et tous s'emmitouflent d'un silence de mort. Les soldats sont à la recherche d'un moudjahid. Par bonheur, les voisins européens d'origine italienne pour la plupart, par peur sans doute de représailles, ne dénoncent pas la présence des voisins autochtones aux soldats La petite fille ne pense à ce moment-là qu'à ses jouets offerts par une famille de colons. Dans sa bouche lui revient la saveur d'une tranche d'un gâteau moelleux donné par la dame européenne de l'immeuble d'en face, pour la récompenser d'une course. Les olives noires, les sardines en boîte, en pleine saison froide laissaient des traces dans son petit ventre affamé. Des persiennes gardées closes toute la nuit de cette journée mémorable, l'enfant de 6 ans à peine, se souvient du tintamarre des casseroles des partisans de l'«Algérie française». Une nuit sans sommeil. Le quartier napolitain et toute la ville scandent «Algérie française, Algérie française !».
Les quelques résidents autochtones se terrent dans leur maison craignant des débordements Les membres de l'OAS activant dans cette partie de la ville redoublent de férocité. La mère prend peur. Elle qui accueille de temps à autres des combattants de passage les faisant passer pour des joueurs de football. Les ménages dans les familles de colons deviennent rares et le sou aussi. La petite fille n'en finit pas de maigrir et ses yeux dévorent à présent son visage. On dirait que la mer des jours d'orage a déteint sur son regard. Sur le chemin de l'école les jours de pluie ou de soleil, la main de la fillette n'est jamais seule. La mère et l'enfant s'arrêtent parfois à hauteur des arcades pour admirer les beaux articles exposés dans les vitrines. Que la guerre est loin en ces moments furtifs volés au quotidien! Les dernières marches avant de retrouver les bancs de la petite école, au moment où l'horloge de l'église égrène l'heure dans une atmosphère quasi religieuse. On dirait l'appel du muezzin qu'on n'entend jamais. 19 ou 20 mars 1962, 4 ou 5 juillet de la même année. Qu'importe ! La petite fille a presque 7 ans. La grande place du quartier arabe est noire de monde. Elle pense qu'il s'agit d'une grande cérémonie de mariage. Des femmes en foulard, aux robes longues, les visages tatoués remuaient leur ventre et leurs épaules. Elles dansaient avec les hommes. Des enfants habillés en militaires étaient portés sur le dos de leurs parents. La famille décide, sans plus tarder, de retourner dans le quartier napolitain. Cette fois, ce sont les colons qui se sont retranchés dans leur habitation. La mère sort l'emblème aux couleurs nationales qu'elle cachait précieusement et l'accroche à un crochet qui sert à retenir les persiennes. D'une voix haute, elle met en garde tous ceux qui pourraient porter atteinte au drapeau de l'Algérie indépendante. De jeunes adolescentes d'un immeuble voisin ont réussi à sauter dans un taxi, drapeaux brandis pour un tour dans la ville en liesse. Un bras d'honneur au soldat français encore en poste dans la guérite d'une caserne située au centre-ville. La petite fille imite le geste sans rien comprendre. Des fous rires et le début d'un questionnement pour l'enfant, sur ces années de vie à jamais marquée au contact des voisins du quartier napolitain, aujourd'hui détruit et de la grande bleue qui a éclaboussé son regard, le jour de sa naissance, un début de novembre.

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