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Question écrite au gouvernement : faut-il que l'Algérie régularise les migrants ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 31 - 03 - 2016

Après Aïn-Bénian, après Ouargla et Adrar, c'est au tour de Béchar de chasser les migrants subsahariens ; même si ce nouveau drame n'a pas connu son épilogue, le scénario semble se répéter.
Cette fois-ci, ce n'est pas le meurtre d'un habitant de la ville par un migrant qui a mis le feu aux poudres, mais une «tentative d'agression sur une fillette de 9 ans», selon la déclaration de celui qui s'est présenté comme étant le père et qui a été, pour l'occasion, interviewé par un journaliste d'une chaîne de télévision privée qui a couvert «l'événement». Les médias n'ont pas été en reste, versant même pour certains dans «l'insulte raciale» qui, faut-il le dire, s'est «popularisée» dans nos contrées. Dans une presse si prompte, a dénoncé la xénophobie d'outre-méditerranée, on se permet d'écrire que ces migrants sont la source de problèmes sécuritaires et sanitaires
Certains ont refusé de faire l'amalgame comme Mustapha Hammouche du quotidien Liberté qui à propos des expéditions punitives pense, qu'elles prennent l'allure de «prime au racisme primaire et violent» de certains de nos concitoyens qui se sont mués en «justiciers-agresseurs», en la circonstance.
D'où viennent-ils ces migrants ?
Les autorités nationales ont longtemps occulté la réalité de la migration subsaharienne vers l'Algérie, considérant que les populations migrantes ne faisaient que transiter, à travers le pays, pour rejoindre l'Europe, via le Maroc. Alors que la migration inter régionale est constante depuis les années 1970, principalement entre l'Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, la migration en provenance de l'Afrique de l'Ouest n'a, réellement, pris de l'ampleur qu'au début des années 2000. Les conflits locaux, par exemple, en Sierra Leone, au Libéria, en République Démocratique du Congo, au Nigéria, en Côte d'Ivoire et surtout au Mali ont joué un rôle important en désorganisant les flux migratoires intra-régionaux et en les redirigeant vers l'Afrique du Nord et vers l'Europe.
Ces derniers jours, des dizaines et des dizaines de migrants clandestins ont été arrêtés par des unités de l'ANP : phénomène récurrent, faut-il le dire, même si la migration subsaharienne vers l'Algérie est un problème, relativement, récent.
Les derniers chiffres disponibles fournis par le premier ministre Abdelmalek Sellal faisaient état, au titre de l'année écoulée, de la présence de 20 000 migrants subsahariens en situation irrégulière et réfugiés, essentiellement originaires du Mali et du Niger. Le Premier ministre, répondant d'ailleurs, à un journaliste qui le questionnait sur ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur, a déclaré que « le problème de migration clandestine vers l'Algérie pouvait perdurer en raison de l'insécurité qui prévaut dans les pays du Sahel ».
Qui sont-ils ces migrants ?
La migration subsaharienne est, essentiellement, malienne et nigérienne car les ressortissants de ces pays n'ont aucune peine à circuler, librement, dans le grand Sahara. Commerçants par le passé, ils s'adonnaient à l'économie frontalière du « troc ». C'était aussi des «saisonniers» qui venaient travailler ponctuellement dans les oasis du Sud. On appelait ce genre de déplacement « migration alternante ». Dans les années noires, à un moment où l'Algérie était durement frappée par le terrorisme, d'autres mouvements suspects de passeurs d'armes et de contrebandiers, en tous genres, ont commencé à prendre forme, ce qui a eu pour effet de perturber le système du « troc frontalier ».
Depuis, c'est une autre forme de migration, pratiquée essentiellement, par des jeunes africains ; une sorte «d'initiation à la vie adulte» un rituel consacré dans certains villages africains, obligeant tout homme désirant fonder une famille d'entreprendre une aventure migratoire, pour travailler et gagner de l'argent, mais aussi pour s'affirmer. La migration de ce point de vue, écrivait Mohammed Saïb Musette, spécialiste de la question des migrations internationales, peut être comparée au «service militaire».
Quelle est leur destination finale ?
L'Algérie, faut-il le dire, n'est pas leur destination finale :
• 40% d'entre-eux, affirment les experts des mouvements migratoires, sont venus en Algérie pour travailler et amasser de l'argent, dont une partie est expédiée au pays par des «voies parallèles».
• 40% sont dans une sorte de «transit» vers le continent européen ; ce sont les plus instruits et ils visent à s'installer en Espagne, en Italie ou en France
• 20% de ces migrants qui sont en Algérie voudraient rentrer chez eux, mais ne peuvent le faire. Il leur est impossible de partir en Europe ; retourner dans leur pays, c'est leur faire admettre leur «échec migratoire» et pour éviter cela, ils sont capables de prendre tous les risques en optant pour la «harga» ou en se présentant comme des «refugiés politiques».
Notre pays n'est pas le seul à avoir été ciblé par ces «migrants spéciaux», en majorité des subsahariens qui étaient arrivés, par le passé, à constituer quelques 35% de la population libyenne, plus d'un tiers donc de la population globale de ce pays, à cause de la politique «africaniste» de Kadhafi ! Des observateurs ont affirmé qu'il suffisait d'une décennie de plus de cette politique et ces migrants seraient devenus majoritaires dans le pays.
A cette migration africaine, multiforme, s'est greffé un autre phénomène, celui des «migrants-mendiants», nigériens notamment, qui continuent à entrer dans notre pays.
De quoi vivent-ils en Algérie ?
Les Algériens, de manière générale, ont éprouvé beaucoup de compassion envers ces étrangers qu'ils aident au mieux, non sans s'interroger, disons-le, sur l'étrange facilité avec laquelle ils ont atterris dans la Capitale et les principales concentrations urbaines du pays. La multiplication des dispositifs de contrôle n'a pas, à l'évidence, réussi à juguler leur migration. Certains croient savoir que les migrants, en provenance du Niger, ne sont pas des refugiés de guerre ou des sinistrés de la sécheresse mais plutôt des mendiants professionnels qui se livrent à cette activité depuis toujours dans leur pays, à partir de la ville d'Arlit et d'Agadez.
L'Algérie est, à l'évidence, leur nouveau terrain de chasse depuis qu'ils ont appris de la part de certains d'entre-eux, revenus «fortune faite» au pays, que les Algériens sont généreux ; voilà pourquoi ils viennent, en masse, avec femmes et enfants. Pourtant, rien de la situation au Niger, actuellement, ne justifie ce déferlement de migrants sur l'Algérie ; il y a aussi les réfugiés : les migrants nigériens, il faut aussi prendre en considération quelque centaines de Maliens confinés dans des camps à Timiaouine dans la wilaya de Tamanrasset, qui ont quitté leur région suite au conflit guerrier qui s'y déroule.
Ceux qui ont opté pour le travail sont employés sur les chantiers algériens, publics et privés, de construction de bâtiments et de travaux publics. Non déclarés aux organismes d'assurance sociale, ils subissent un traitement « inhumain », selon un communiqué qui a été rendu public par la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LAADDH). Les employeurs font fi de la législation du travail en vigueur dans notre pays, à savoir la loi 11/90 relative aux relations de travail et, particulièrement, ses articles 5 et 6, a tenu à relever cette dernière. La Ligue révèle, également, « qu'un chantage est exercé sur les travailleurs africains dès qu'ils manifestent leur mécontentement face au traitement dont ils font l'objet sur les lieux de leur travail ; pour obtenir leur silence, les employeurs menacent alors ces sans papiers de les déclarer aux services de sécurité ».
Le cas des refugiés syriens
En grand nombre dans notre pays, l'Algérie leur a ouvert ses bras, eux qui ont fuit les combats se déroulant dans leur pays ; beaucoup d'entre-eux ont refusé d'intégrer les structures d'accueil qui leur ont été préparées, notamment à Sidi-Fredj. Une partie d'entre-eux est, aujourd'hui, réduite à vivre d'expédients, voire à mendier en famille aux portes des mosquées !
Les motivations des réfugiés syriens sont, toutefois, indéchiffrables :
1. veulent-ils rester en Algérie ou poursuivre leur exil au Liban ou ailleurs dans le monde ?
2. s'apprêteraient-ils pour partie, comme 200 de leurs congénères, à rejoindre la Libye pour se rendre en Italie, après avoir établi une connexion et même plus, signé un pacte avec des milices libyennes ?
3. ce qui a fait dire aux services de sécurité qui les ont arrêtés, avec leurs complices algériens, qu'ils font partie d'un vaste réseau de financement du terrorisme, dans le cadre d'un plan financé par Daâch ?
La problématique des réfugiés
Il y aurait actuellement quelque 42 millions de victimes de conflits et de persécutions dans le monde, réfugiés, qui se trouvent exilés, pour la plupart dans des camps, depuis cinq ans ou plus, dans des situations que des humanitaires appellent « situations de réfugiés prolongés ». Ces situations, faut-il le rappeler, n'incluent cependant pas les millions d'autres personnes déracinées qui sont déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Un grand nombre d'entre-elles sont également dans l'incapacité de rejoindre leurs foyers, parfois depuis des décennies ; c'est le cas des Palestiniens.
Contrairement à ce qui est propagé en Occident comme rumeurs faisant état de flots de demandeurs d'asile dans certains pays industrialisés, la réalité est que 80% de réfugiés dans le monde se trouvent dans les pays en voie de développement.
Ce chiffre va croissant au regard de la crise économique globale qui n'en finit pas de durer et aussi des énormes disparités entre le Nord et le Sud de la planète, de la xénophobie ambiante, du changement climatique, de l'émergence de nouvelles guerres, et aussi du caractère insoluble des vieux conflits qui menacent d'exacerber ce problème de déplacement déjà massif. La mauvaise gouvernance et la corruption, sévissant notamment, en Afrique et dans le monde arabe sont à ajouter à ce constat.
La limite de la politique répressive
Après avoir accueilli des centaines de familles syriennes, solidarité arabe oblige, voilà que notre pays est, de nouveau, assailli par des grappes d'africains, nigériens et maliens majoritairement, qui ont élu domicile dans les rues ; à croire que le mouvement migratoire, même s'il a connu des reflux en 2014 et 2015 à l'occasion d'opérations de retour enclenchées conjointement par l'Algérie et le Niger, reste malgré tout stable, en croissance continue et s'installe dans la durée.
Les autorités algériennes intervenant à la demande des autorités nigériennes ont organisé le retour dans leur pays de plusieurs centaines de réfugiés, notamment ceux composés de femmes et d'enfants qui étaient, à l'évidence, exploités par des réseaux mafieux. En peine perdue, puisqu'ils sont de nouveau sur notre territoire. On parle de réseaux structurés de passeurs qui activent dans ce trafic.
Que fait le gouvernement ?
Pour le moment, il continue de tolérer cette migration clandestine, entrecoupée d'opérations ponctuelles, d'arrestations et de reconduites aux frontières, signe manifeste qu'il n'est pas disposé à la régulariser. Les pouvoirs publics sont pour « un règlement global » de l'émigration clandestine à travers, notamment, le développement des économies subsahariennes, et le renforcement de la stabilité interne des pays concernés.
Avec les événements du Sahel, notre pays a renforcé la sécurité à ses frontières, tout en affirmant ne pas vouloir jouer le rôle de « gendarme » de l'Europe, comme l'a fait Kadhafi par le passé.
Pourra-t-il, pour autant, juguler les vagues de plus en plus nombreuses des migrants ? Notamment pendant la saison estivale propice aux mouvements migratoires, sans compter la ténacité hors du commun de ces personnes qui, autant de fois refoulées, réussissent souvent, avec femmes et enfants, à forcer les points faibles du dispositif sensé contrôler leur flux ?
Pourra-t-il aussi distinguer le « migrant » du « combattant de Daâch » ?
Quelques solutions
Notre pays a opté en 2014 et 2015 pour le rapatriement des migrants africains ; les opérations ont pris à l'évidence l'aspect du « tonneau des Danaïdes ». Un certain nombre d'entre-eux continue à séjourner dans le pays. Beaucoup travaillent, clandestinement, et constituent une force non négligeable dont profitent, essentiellement, les entrepreneurs privés, sans scrupules (un ouvrier nigérien du secteur du bâtiment, autrement plus performant, accepte un salaire journalier de 1000 dinars au moment même où son « homologue » algérien refuse 1500 dinars !).
Pendant ce temps-là, des secteurs comme celui de l'agriculture, de l'habitat et même de la boulangerie connaissent un ralentissement en l'absence d'une main d'œuvre adéquate. Beaucoup de subsahariens ont quitté la Libye en guerre, et se sont retrouvés en Algérie avec l'espoir de décrocher « un contrat de travail ». Le gouvernement est-il en mesure de « régulariser » tous ceux qui, qualifiés, expriment le souhait de rester en Algérie pour y travailler ? Cela passerait, évidemment, par la révision des textes réglementaires concernant le séjour, la circulation et l'emploi des étrangers.
Epilogue
La détermination des migrants, écrivait Ali Bensaâd, éminent géographe, a généré un « désordre utile et salutaire » sur la scène internationale et qui a autant secoué les opinions publiques que les responsables européens notamment, remettant la question des mobilités dans les agendas internationaux.
Ainsi les trois événements diplomatiques les plus importants de cette décennie en Méditerranée (la conférence euro-africaine de Rabat en 2006, celle de Paris en 2008 et le Sommet de l'Union pour la Méditerranée) ont eu pour thème « la question migratoire ».
Certes, l'approche des pays occidentaux reste répressive, mais ces conférences ont eu, au moins, le mérite de soulever la tragique question «du droit à la mobilité». Exigence revendiquée par nos propres harragas dont certains, rappelons-nous, y ont laissé leur vie ! Le monde se transforme donc aussi « par le bas », par « l'interstice », et par « l'action des exclus » écrivait Ali Bensaâd. Il n'est pas de tragédie, comme celle, par exemple, des migrants subsahariens qui ne soit porteuse d'espérance.


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