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Sévices et exécutions dans les camps de la région de Si Mustapha, Legata, Koudiat El Arais, Zaatra
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 03 - 2017


  Entretien avec Rabah Boumriche (1)
Les faits relatés dans ce texte ont été authentifiés par l'auteur du livre(1) dont ils s'inspirent.
S'il y a eu les politiques français, ceux qui ont couvert la torture en Algérie, en tant que pratique systématique et qui ont donné, grâce aux pouvoirs spéciaux, les moyens légaux de le faire, s'il y a eu, aussi, les chefs opérationnels zélés, médiatisés et connus, hauts gradés de l'armée française comme Massu, Bigeard, Aussaresses, qui ont encouragé l'existence de méthodes de torture, les plus abjectes et les plus répressives d'extorsion de l'information pratiquées à l'encontre des combattants et résistants de l'ALN-FLN, il y a eu, également, dans de nombreuses régions d'Algérie des camps de la mort inconnus et non recensés par les organisations internationales comme la Croix-Rouge et dans lesquels ont péri, dans la souffrance des milliers d'Algériennes et d'Algériens victimes des fameuses corvées de bois et autres techniques mises en œuvre par des officiers, soldats et autres milices coloniales.
Passionné d'histoire, natif de Si Mustapha, autrefois Félix Faure, autodidacte, Rabah Boumriche*a essayé, dans un livre publié à compte d'auteur et intitulé : ‘La guerre de Libération, dans la région de Si Mustapha- Legata - Koudiat El Arais-Zemmouri- Zaatra', de restituer, en la relatant, la vie militante et la mort au combat des glorieux martyrs Mohamed Saoudi, connu sous son nom de guerre Si Mustapha, Mohamed Laichaoui, auteur de la proclamation et de l'appel du 1er Novembre, mort en 1959, à Zbarbar, Ahmed Ghermoul, mort en 1958, Boudjemâa et Mohamed Meterfi, père et fils, morts respectivement, en 1958 et 1959 pour ne citer que ceux-là, ce qu'ont été ces véritables camps de concentration de la région de Si Mustapha et de ses alentours.
Avec comme trame de fond, le parcours jusqu'à sa mort, au champ d'honneur, de Mohamed Saoudi, l'auteur retrace la cartographie de ces lieux sinistres dont certains sont, aujourd'hui, tombés en ruine, exceptée la SAS de Koudiet El Arais qui se maintient malgré l'usure du temps.
Félix Faure, aujourd'hui Si Mustapha, était peuplée de colons venus, en majorité, d'Alsace-Lorraine, en 1872, juste après la mise en place du séquestre de la région suite à l'insurrection de Si Ali Nath Oukaci, en 1871. Cette bourgade était déjà et tout au début de la guerre de Libération nationale, un centre de tortures installé à la mairie.
Elle était, notamment, réputée pour sa redoutable et sanguinaire milice coloniale, dirigée par Georges Paternot, le maire, Henry Dustou son adjoint et Georges Soler, entrepreneur en location de matériel agricole. Au chef-lieu se trouvait le camp de la ferme Sabatier qui était dirigé par le capitaine Lenfant. Très actif, entre mars 1955 et juillet 1957, date de sa fermeture, ce lieu est devenu célèbre depuis que 11 moussebilines ont été obligés de creuser leur propre tombe, avant d'être exécutés et enterrés, dans une véritable fosse commune, le 2 mai 1957. La célèbre corvée de bois de laquelle nul ne revenait jamais vivant a été instaurée dans ce camp de tortures.
Aux environs de Si Mustapha, à Souk El Had, se trouvait le fameux centre de détention Gautier, dirigé par le criminel capitaine Scarfo. Cet endroit était réputé pour être une véritable usine à exécution de personnes dont les corps étaient directement jetés dans l'Oued Isser, avoisinant. Le camp de concentration de la ferme Moll, situé à Isser Bourg / Legata où était stationnée la batterie du 435éme RAA et qui était spécialisé dans l'utilisation de différentes techniques de torture, qui y ont été conçues et affinées, comme la gégène à l'eau savonneuse, les brûlures au chalumeau, etc. Ces techniques étaient pratiquées par des soldats et autres supplétifs de l'armée française.
A Courbet, la milice coloniale dirigée par Reid, directeur d'école, n'y allait pas de main morte. Le camp dit des Sénégalais situé à Courbet-Marine, aujourd'hui Zemmouri El Bahri, était dirigé par un capitaine. Il était, également, réputé pour les exécutions sommaires et la torture. En octobre 2009, 132 corps de chouhada ont été retrouvés dans des fosses, à proximité de ce sinistre camp. Ils ont été ré inhumés au cimetière des Martyrs de Boussâadia, situé à Zemmouri. Le camp de concentration du vieux village de Félix Faure a été quant à lui, installé après la fermeture de celui de Sabatier en 1957. Il a été ouvert quatre (04) mois après l'attentat de Mohamed Meterfi contre Briffault, gérant de la ferme Bastien. Sans oublier, le camp Germaine situé entre Legata et Koudiet El Arais et dirigé par le capitaine Mathieu, connu également pour un être un centre d'exécutions, notamment pendant la période 1958 à 1962.
Ces différents camps qui n'ont jamais été répertoriés par les grandes organisations internationales comme la Croix-Rouge étaient clandestins et seuls les habitants du voisinage avaient connaissance de leur existence. Tous ceux qui y séjournaient comme les passants, les ouvriers agricoles, y étaient systématiquement exécutés. Les dirigeants de ces lieux comme les capitaines Scarfo, Lenfant et Mathieu ont été exfiltrés, en mars 1962, sur ordre du général Charles Ailleret et rapatriés en France.
Le 25 novembre 1958 est tombé à la ferme Benmansour, située à Ouled Ziane, Legata, Mohamed Saoudi dit Si Mustapha, après un combat héroïque qui dura plus d'une journée. Ses compagnons Mustapha Belaid dit Tachtach, Mohamed Rezki Abane, Harfouchi Mohamed dit Moh, Cheikh et Mohamed Guettiteche dit M'hamed Belghoul tombèrent également, au champ d'honneur, ce jour-là. Neuf militaires dont un lieutenant des forces spéciales, ont été tués côté français.
Ce livre écrit avec le cœur relate l'épopée d'une région, à l'instar d'autres, en Algérie, connue pour sa combativité et sa résistance et nous rappelle que la torture dont ont souffert de nombreux Algériens, durant la nuit coloniale et dont beaucoup en sont morts, est la pire des souffrances que l'on puisse infliger et le summum de la négation de toute humanité. Cette tragédie vécue par notre peuple, dans sa chair, n'a pourtant et malheureusement, pas été totalement comprise et assimilée, au lendemain de notre indépendance.
1- Rabah Boumriche
La guerre de libération dans la région de Si Mustapha- Legata - Koudiat El Arais-Zemmouri Zaatra


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