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La langue arabe et le dialogue des civilisations
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 21 - 12 - 2017

La langue arabe, l'une des plus anciennes langues de l'humanité, consacrée par le Coran, il y a quinze siècles, par son caractère inimitable et par les travaux de scientifiques de différentes cultures, est une des cinq langues les plus présentes à travers le monde. Elle a été durant près de mille ans, la langue du dialogue des civilisations, du vivre ensemble et des sciences. Fait rare, elle est restée vivante et représente l'avenir, preuves à l'appui.
Elle se veut héritière de la langue adamique et en même temps mère des langues. Une sorte de pure langue, au départ sans voyelles, ni signes diacritiques, dont la logique et la sonorité assument une fonction didactique majeure dans l'éveil de l'humain. Il est scientifiquement prouvé, qu'elle est la seule langue qui résume toutes les phonétiques et toutes les morphologies des autres langues. Les chercheurs n'ont pas fini de découvrir des richesses insoupçonnées.
Malgré l'état de crise dans lequel se trouvent les sociétés arabes actuelles et la faiblesse de la créativité intellectuelle, elle est une langue de liberté, de rationalité et d'imaginaire. Sa sémantique; ses structures morphologiques, ses règles grammaticales d'accord du verbe et de déclinaisons des mots polysémiques lui sont propres et restent ouvertes et inchangés. Pour les Musulmans, et des chercheurs non-musulmans, l'arabe a été choisie en tant que langue de la dernière révélation et de la synthèse des cultures, vu ses qualités éminentes. C'est une langue intégrale.
Dans toutes les langues européennes, et au delà, les mots arabes scientifiques et culturels se sont introduits. Les caractéristiques de la langue arabe permettent un style où s'enchevêtrent à l'infini les sens, les nuances et les occurrences. Elle est à la fois une langue poétique, scientifique et mystique. Langue magnifique et logique, qui transforme l'être, certes mais rien n'est donné d'avance. Comme les autres langues, elle n'immunise pas des risques d'aveuglement. Tout dépend des lectures et représentations du monde que chacun se fait. Nous sommes responsables du bon, ou du mauvais usage, de la langue.
Bien comprise, elle favorise la clarté, le débat, la responsabilisation. D'où que le texte coranique se veut communication, communiqué, bayâne, et en même temps explicitation, clarification, articulation, ordonnancement, assemblage, tafçîl. Ces notions évoquent le droit de questionner, d'analyser, de discerner, de lier et de comprendre, selon la situation propre à chacun, articulant le permanent et l'évolutif, l'apparent et le caché, la pluralité et l'unité, le constant et le changement, l'alternance et la conjugaison.
Cela facilite le dialogue des civilisations, la recherche scientifique, les métamorphoses. La langue arabe, bien usitée, facilite l'interconnaissance, l'éveil et la remise en cause de ce qui vient entraver le rapport au réel. Elle ne suscite pas seulement des idées et des émotions que le langage de tous les jours est incapable de créer. S'entrecroise l'intuitif et le rationnel. Elle permet l'essentiel, d'avoir prise sur le réel. La langue arabe favorise l'expérience de « goûter » à la plénitude de la vie.
Elle facilite la compréhension, du sens, Tafsir, commentaire explicatif, ta'wîl, exégèse qui recherche la signification profonde et cachée et l'ijtihad, interprétation en fonction de l'évolution, du contexte et des besoins, Tatbir et instibat, pour penser le texte, en faire jaillir une solution et y extraire le sens approprié. La langue arabe est spécifique, ce qui rend la traduction délicate. Elle n'est pas formée comme les langues indo-européennes.
Un texte arabe se fonde principalement sur des phrases verbales, sans avoir besoin de propositions subordonnées ou complémentaires, de temps, de cause ou de circonstance. L'idée en langue arabe se construit sur la base de propositions principales sur l'essentiel. La régularité de sa structuration et sa sonorité donnent à la langue un ordonnancement et une musicalité d'une rare harmonie, cohérence et précision mathématique. Les termes de la phrase sont reliés par des conjonctions simples comme « et puis ». La réflexion progresse par vision immédiate et intense en dépassant les séquences.
Le temps est perçu comme des instants indépendants, qui se succèdent. La langue arabe, laisse ouvertes toutes les possibilités. Elle ne préjuge pas et n'architecture pas à la manière des langues indo-européennes. Elle est une langue des possibles à l'infini. Elle s'appuie principalement sur deux temps : le présent et l'action passée. Tout en visant le futur. Elle opère des combinaisons verbales pour exprimer les autres temporalités. Tout est en devenir, rien n'est donné d'avance. Cela favorise l'esprit scientifique et le dialogue. Elle laisse ouvert les possibilités, en responsabilisant l'intelligence humaine.
Sur le plan du rapport au réel et à l'histoire, elle n'affirme pas d'emblée qu'un fait ou une idée sont la cause ou la conséquence d'un autre. Elle tient compte du droit à la différence, des signes, de la complexité de la réalité et ses nuances. En cohérence avec le principe coranique du juste milieu, de la médianité, elle donne de l'importance au lien. Elle permet de ne pas opposer les phénomènes et les cultures, ni de les confondre. Tout le secret est dans l'interaction, le lien.
Dans les langues européennes, le terme actif de la phrase est souvent le sujet, le nom, ou les adjectifs, les prépositions, qui composent la phrase. Dans la langue arabe, le facteur clef est le verbe et ses différentes déclinaisons, liées à la racine du verbe. Le verbe arabe est la partie centrale de l'idée. Les mots arabes sont liés, par un socle logique, une racine, une origine. La phrase arabe se fonde sur une série de propositions principales, sans avoir besoin de se justifier, ou de démontrer la cause de l'idée. C'est la logique naturaliste qui prévaut, enrichie par l'expérience. La langue arabe se veut précise et réaliste. Elle présente les choses de la vie sous leur forme la plus dépouillée et la plus simple. Musicale elle s'appuie sur l'élément rythmique et le son.
Sa singularité tient à son unité, qui s'appuie sur la répétition pédagogique et imagée des différentes facettes d'un verbe, d'un concept et de syllabes. Elle a permis la réflexion philosophique et logique, tout autant que la méditation mystique et le dialogue interdisciplinaire. La poésie arabe a été la première à utiliser la rime. Ce n'est point un hasard. Elle est une expérience de l'harmonie. La phrase arabe ébranle le système psychique, une sorte d'algèbre verbale.
La fonction du lien est donc centrale. L'écriture arabe est dite cursive. Les lettres sont liées dans l'écriture. Chacune possède plus d'une forme, en fonction de sa position dans le mot et des autres lettres qui l'entourent. L'interaction, l'esthétique et l'oralité sous-tendent cette caractéristique. Preuve de sa flexibilité, de nombreuses langues ont adopté l'alphabet arabe, comme l'ourdou, le persan, le pachto, le Kashmiri, le sindhi, le malais…
La langue arabe laisse à l'auditeur et au lecteur le soin de se faire une opinion, de produire son impression. Sachant que nul n'a le monopole de la vérité, et que l'on n'est pas maître et possesseur du monde. Cela facilite le vivre ensemble. Elle facilite l'éveil des consciences, sans imposer une grille de lecture. Elle est celle de la suggestion. Elle décloisonne le passé, le présent et l'avenir et s'appuie autant sur les exigences du cœur que de la raison. Elle vise l'homme complet, universel, l'être de nature, de raison et de spiritualité.
Dans la civilisation islamique, l'esprit spirituel ne s'oppose pas à l'esprit scientifique. La logique de la démonstration, de l'argumentation et de la preuve est dominante dans le Coran, qui, par la rhétorique argumentée, Al bayinât et Al burhan, s'adresse à la raison et au coeur.
Elle épouse le temps. La conception « arabe » du temps n'est ni celle linéaire de la vision moderne, ni la version cyclique. Elle se veut celle du recommencement continuel, de la création et du renouveau perpétuel. Elle permet de suggérer le mystère, al Ghayb, le secret de l'existence, Sirr, d'appeler au dialogue, Hiwar, au débat, djadel, au vivre ensemble, al aaiche maane, qui honore la vie, Al hayyat, par la raison raisonnable, Al Aql. Elle facilite l'idée qu'il y a un souffle d'éternité dans l'instant et que chaque être par sa fitra, est un signe. Cela a permis de traduire les héritages des autres civilisations, d'accueillir les altérités et d'être la langue scientifique durant des siècles.
Si l'arabe, une des langues les plus riches de l'humanité n'est pas enseignée, étudiée et traduite selon des codes clairs, l'humanité se trouvera amputée d'une part essentielle d'elle même. Dans le monde Arabe, les études linguistiques ont prévalu durant des siècles, avec un haut niveau de sophistication.
Aujourd'hui, les langues sont confrontées au développement du vocabulaire scientifique et technique, processus continu et à la crise du monde moderne. Les singularités et les secrets de la langue arabe font d'elle la langue du futur, du monde de demain.
Tout comme hier l'Europe a bénéficié des inventions et écrits en langue arabe et a redécouvert des textes classiques grecs et latins dans les traductions arabes, aujourd'hui les chercheurs oeuvrent au renouveau scientifique par l'arabisation des nouveaux codes, termes et concepts. Même si des écarts sont visibles entre l'écrit et le parlé, l'ouverture d'esprit est de rigueur. La langue arabe prouve tous les jours sa capacité à lier l'ancien et le nouveau. Elle humanise. Les savants musulmans classiques, toutes disciplines confondues, comme Al Tawhidi (930- 1023), Al Jàhiz (776-867), Al Farabi (872-950), Ibn Battuta (1304- 1377), Al Birûni ( 973-1048), Ibn Rochd ( 1126- 1198), Ibn Khaldoun ( 1332-1406), ont pratiqué le dialogue des civilisations et atteint des cimes sur la base de la rationalité.
Ibn Khaldoun (1332-1406) précise : « les sciences rationnelles sont naturelles à l'homme en tant qu'il est doué de la pensée. Elles ne sont pas l'apanage d'une religion ou langue particulières. Au contraire, elles sont étudiées par les adeptes de toutes les religions, lesquelles sont également aptes à les apprendre et à entreprendre des recherches sur celle-ci. Elles existent dans l'espèce humaine depuis que la civilisation est apparue dans le monde. ». Nous sommes appelés à penser l'actuelle fin de civilisation et à unir nos efforts pour réinventer une nouvelle civilisation commune. Cela passe par une connaissance des langues, cultures et traditions, des différents systèmes de valeurs. La langue arabe donne du sens à l'humanité.
S'entreconnaitre pour vivre ensemble, taarouf, li taayahouche. La langue arabe se veut celle de l'ouvert, de la liaison entre toutes les qualités humaines et toutes les dimensions de l'existence. Autour de la question du temps se noue l'avenir. Les nombreux mots arabes liés aux différents sens du concept de temps, maçir, Tur, dahr, waqt, zaman, taquadoum, hin, lahdha, fatra, ajal, sibaq, ayam, dawarates, tanawoub, tatadawul, marhala, baqua, qadar, abadyia… mettent au défi d'articuler le permanent et l'évolutif, de témoigner de l'éternité ici bas, de conjuguer la foi et la raison, l'unité et la pluralité, d'assumer l'évolution, par l'adresse à soi et à l'autre, l'ouverture à la mondialité, sans tourner le dos à l'origine, à l'authenticité, al açala.


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