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L'imposture des évènements
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 18 - 10 - 2018

« Lorsque l'on veut convaincre, la bonne foi et l'imposture vont parfois ensemble » Eric-Emmanuel Schmitt
Il y a certains ministères qui à défaut d'imagination, pensent trouver dans l'organisation de journées d'étude, de séminaires ou autre manifestation sans âme ; une présence publique. Un constat d'existence. Présent Monsieur ! pensent-ils dire en face de celui qu'ils croient les surveiller.
Ils estiment également gagner du temps et de la bonne appréciation en remplissant des salles, un data-show, un discours d'ouverture, deux ou trois intervenants. Le but recherché, le leur est d'acter par les nombreux micros et cameras de toutes les chaines conviées et prises en charge qu'ils sont là et qu'ils travaillent.
C'est envers les yeux du pouvoir que s'adresse la démonstration. Ne peut-on pas le faire sans cameras ? Chiche ! Même une réunion à tenir sous forme d'atelier ne traitant que les questions techniques ne peut se dérouler sans ces flashs, ces zooms et cet amas de perches posées à même un podium. En quoi cela intéresserait le citoyen, si l'on parlait du comment assurer une bonne semence et fissurer académiquement les sillons pour une meilleure qualité de la récolte ? Ou pourquoi sommes-nous obligés d'améliorer la prestation du service public par délégation, gérer le parasol ou conduire lentement ? Distribuer des clefs de logements ou faire des conclaves du béton armé et son impact sur l'écologie des esprits, festival de l'olive ou de la fraise ; tout ceci ne nécessite pas des déplacements, des dépenses publiques, des p'tits fours et des amuse-gueules. De surcroit veillant et uniquement à l'impérative couverture médiatique.
Les attributions régaliennes sont plus nobles et plus solennelles que ces kermesses de petite épicerie.
L'on se rappelle encore de ce Ministre qui s'est laissé choir et s'est attardé de retirer le bandeau d'inauguration d'un service hospitalier jusqu'à l'arrivée des cameras. Il ne serait pas le seul à attendre le caméscope pour une exhibition programmée.
Ainsi il n'y a pas de journée qui passe sans une journée qui s'organise. Il n'y a pas un mois qui passe où un département ministériel ne s'empêche d'ameuter des participants, figurants orateurs et les regrouper autour d'une quelconque thématique. Le génie, s'il existe se limiterait juste à innover dans les intitulés d'affiches, l'infographie et le mirage du sujet retenu.
L'évaluation, le suivi et le résultat ; s'oublient à la clôture de l'événement. L'on attend, l'écho, le retour d'investissement.
Cette façon de croire gérer ainsi les dossiers de l'Etat n'est pas de nature à exprimer une détermination substantielle dans l'exercice du pouvoir ministériel. Aucune chose ne semble l'emporter sur l'autre. Sauf leur carrière. Chaque événement qu'ils se créent est un rajout dans ce laps de temps. La morale qui est censée animer tout acte politique ou administratif se pétrit aux ingrédients de l'immoral qu'ils ont réussi à susciter auprès de chaque observateur. Aucune chose, ni mesure n'arrive à inciter les passions à redevenir ardentes dans le sens d'une hypothétique remise en état de confiance. Cette confiance qui se perd de jour en jour par devant les spectacles que l'on offre. La crise qui transcende le pays ressemble copieusement à une affection qui, dans son évolution chronique, ne rechigne pas pour épargner tout organe où la vitalité n'aurait été qu'une cellule d'une raison d'être. Le travail de tout ministre doit être visible dans la poche territoriale la plus éloignée dans ce beau pays.
C'est comme la relation charnelle, neuf mois après après la nuptialité ; le résultat est là. Sinon, il n'y aurait eu que le nirvana festif et le plaisir jouissif de la nouvelle couche. Vivre dans une telle situation perplexe, s'apparente à un acte délibéré de vouloir s'installer dans l'inconfort d'une éternité fatale. L'évidence quotidienne pousse davantage notre crédulité à sombrer dans l'irréel, tellement que l'irréel tend à sombrer à son tour dans le monde du possible et de l'évidence. Croyez-vous qu'une réunion sur n'importe quoi, faite à gros coups de media reste capable de faire changer l'avis que le citoyen se façonne sur tel ou tel autre Ministre ? L'on a beau à crier dès l'installation, ses ardents projets. Le temps passe, l'ardeur s'amincit. Le discours s'appauvrit et la routine reprend ses droits et se met en quête de quelque chose. N'importe quoi. Une journée, un salon, un colloque, une foire, une rencontre, un cycle, des assises. La capacité de création d'un thème avec qui l'on pourra tenir encore quelque temps est tellement féconde qu'elle est devenue rébarbative et répétitive. L'on ramène, une année après ou deux années, du réchauffé, l'on change de couleur et de garniture et l'on force autrui de penser qu'il s'agit là, d'une nouveauté.
Le peuple ne peut être dupe. Il est certes spectateur silencieux, mais non adhérant. Les ministres s'agitent chacun dans l'aridité de sa tête. Plus de programme, tout est épuisé. Les freins à ses élans, ne sont plus faits de la mesure, du moyen et de la capacité. L'on dirait qu'ils le font express pour provoquer ce dégoût quasi-général. Tout est possible et toute possibilité n'est pas aussi facilement accessible. A nous voir ainsi invités à regarder des activités ordinaires se faire, nous poursuivrons à marcher dans le faux tant que nos yeux sont captés inutilement. Nous continuerons à nous engouffrer dans le marasme de la dévaluation du travail, tant que nos revendications légitimes sont prises pour désirs et fantasmes. La guérison ne se trouve pas dans la répétition de pieuses prières mais bien dans le départ de ceux qui alimentent les langues, font bouger les luettes et dégarnissent nos bonheurs. Ils nous forcent à croire qu'ils font ces démonstrations afin de nous combler.
Savez-vous qu'en absence d'une organisation festive ou événementielle, tous les ministres recourent à la visite de travail et d'inspection. En dehors de leurs bureaux. Non seulement ils y trouvent là, un tuyau de bouffée d'oxygène, loin des audiences obligatoires et des parapheurs, mais aussi une idoine occasion pour gonfler le torse et autant que possible jeter la culpabilité sur l'une ou l'autre des autorités locales ou sectorielles. Ainsi nous avons pu dépasser la définition usuelle de la parodie. Nous sommes en plein comble de gens et de faits contrefaits. Les visites auprès des wilayates sont aussi un autre micro ouvert pour déballer une réponse tardive à une situation donnée ou s'aligner sur une position que l'on aurait ratée à son avènement.
Elles constituent, pour eux le summum de l'extase et l'image la plus expressive qu'ils se font du poste. Le reste ne sera qu'une tchatche à vomir conformément à l'opportunité. Que de ministres, éteints, blafards et enténébrés se sont mis sur orbite grâce à ses visites amplement couvertes par des chaines tirées à la tirelire. Les gloires, paraît-il, ne se conjuguent qu'à un temps d'un passé simple ou d'un antécédent compliqué. La camera peut créer un visage mais pas une figure emblématique. Ou sont les centaines de visages que l'on a vues et revues ? Enseignement, intérieur, autoroute, hôpital, culture ….
Est-ce un anathème que de sentir notre revers à savoir sur quarante millions, cibler et installer une élite de cadres aptes et possédant au moins la vertu d'apprécier tant les hommes que l'imposture, le bluff et la roublardise ? Prendre des initiatives, encadrer les missions qui sont dévolues, animer, stimuler son staff sont les seuls fondements à faire ériger dans la tête de chaque ministre. Pas la peine de se faire trop voir, trop discourant, trop envahissant.
Certains sont dans la bonne foi, d'autres plus nombreux et plus en télé ne sont qu'une copie d'une comédie ministérielle.
La seule initiative qui leur reste est cette prudence, cette attente angoissante de savoir de quoi sera fait leur lendemain. Celui pour qui ils sont là, ce peuple n'est en finalité qu'un objet d'une circulaire ou d'une note de service. Garde-à-vous, le glas va sonner !


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