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Saïd Boukhelifa, expert en tourisme, au «Le Quotidien d'Oran»: Maoui Abdelaziz, un monument du tourisme algérien nous a quittés
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 03 - 11 - 2018

Maoui Abdelaziz vient de nous quitter ce vendredi 26 octobre 2018 dans un anonymat total ; la presse n'a pas évoqué ni sa disparition, ni évoqué son parcours exceptionnel et historique. Il fut le plus grand ministre de l'histoire du tourisme depuis 1962.
Saïd Boukhelifa, expert en tourisme, le connut comme son ministre de tutelle. Il nous en parle avec admiration et tristesse.
Qui était vraiment Abdelaziz Maoui ?
Tout d'abord, je voudrais souligner que cette triste et subite mauvaise nouvelle de sa disparition, nous a surpris, nous tous les anciens des sixties et seventies. Elle nous affligea aussi. Son décès un vendredi n'a permis qu'à un tout petit nombre mis au courant d'assister à son enterrement, sinon une foule immense serait venue. C'était le père des années glorieuses touristiques que je viens de citer. En effet, il fut chargé par Houari Boumediene de diriger ce secteur économique important de 1965 à 1977, soit douze années. Durant la révolution, il fut instructeur à l'école des cadres de l'ALN, créée par Boussouf, patron du MALG. Le directeur était Laroussi Khalifa, futur boss d'Air Algérie et du secteur des transports à l'indépendance. Parmi les stagiaires dans cette école, un jeune, Abdelaziz Bouteflika (formation de contrôleur) et un certain Toufik M.
Quelle fut son oeuvre essentielle ?
Son œuvre colossale fut la construction de stations balnéaires d'est en ouest et d'une belle série d'hôtels dans les Oasis (Erg oriental et dans la Saoura (Erg occidental), le tout dans une architecture inédite qui fit l'admiration des plus grands architectes du monde. Grâce à l'apport et l'implication de Fernand Pouillon, un architecte de génie. Ainsi, un essaimage de structures d'hébergement furent ouvertes à El-Kala, El Mourdjane 4*, le Plazza international (Seybouse), 5*, Annaba, Le Rocher (El Mountazah) Seraidi ,4*, Essalem Skikda ,4*, Chelia 4*, Batna, El Hidhab 3*Setif, El Minzah Moretti 4*, Le Port (El Marsa)4*, El Riadh 4*, El Manar 3*, les trois à Sidi-Fredj, auxquels il faudrait rajouter la marina, port de plaisance, le centre de vacances, et le fameux restaurant Le Vivier (où le poisson vivant était servi après avoir été prélevé dan un vivier special, à l'intérieur de ce restaurant.), Le Sables d'Or Zeralda 4*, le Mazafran 3*, le Centre européen de tourisme (Club Med) 4*de Tipasa, le complexe de Tipasa -Matarésh, hôtel La baie 4*(dans lequel la reine Elisabeth en compagnie de Chadli Bendjedid dejeuna le 25 octobre 1982, après avoir visité les ruines romaines), l'hôtel Résidences 3*, plus des bungalows. Enfin, à l'Ouest, le complexe des Andalouses Oran, qui fut inauguré le 16 juin 1973 par le président Boumediene.
Quand on investit dans la pierre, on doit investir dans l'homme. Maoui pensa à la formation. Il fit ouvrir les instituts de Boussada et de Tizi-Ouzou en 1971, puis celui de l'Aurassi, en 1976, pour les managers et encadrement supérieur. Et il fit envoyer toute une kyrielle de jeunes se former à Beyrouth (1968-1970), Paris (67_68),Vichy(70-71), Thonon-les Bains(1970), Torino (1970), Munich (1968-1970) etc.
Quand la construction des hôtels fut terminée et la formation entamée, il fit ouvrir des représentations de l'ONAT afin de faire connaître la destination Algérie, à Frankfurt (RFA), Stockholm (Suède) qui nous avait valu des charters de Scandinaves, les descendants des Vikings qui séjournaient à Moretti et à la Madrague. Ainsi, des Suédoise et des Danoises allaient danser le samedi soir au night Blue Note de la rue Didouche Mourad, Alger. Et à Londres, Paris et Bruxelles des bureaux furent également ouverts pour faire la promotion.
Il était entouré par quels hommes ?
Par des coopérants techniques comme Michel Daviaud, et Annick Garnier, mais par beaucoup de nationaux, à l'image de Abdelkader Khalef, DG ONAT, qui, sur le terrain suivait le chantier monumental de la construction des hôtels sahariens et complexes balnéaires. Ce dernier fut le président de la JSK (100%kabyle) et le fondateur du Jumbo Jet ! Kaid-Hammoud, DG Sonatour, Abderrahmane Berrouane DG ATA, Belgreine Bouhadjar, DG des complexes de Tipasa, Cherif Rabhia DG ETT (entreprise des travaux touristiques), Hafida Mansour-Chaouch, la pionnière, chargée de la promotion, etc.
Les résultats de cette politique touristique, investissement, formation, promotion ?
Entre 1973 et 1978, tous nos hôtels balnéaires étaient complets six mois à l'avance par les réservations des grands tour-operators européens (Neckerman-RFA, n° 2 en Europe, Thomson Holidays (GB) n° 1 en Grande-Bretagne, les agences françaises, Cosmovel, Transtours, Soleil Voyages, Grandes Vacances, Climat, les agences belges, et hollandaises, Sunair, Transair, etc. Nos hôtels du sud étaient également pleins six mois à l'avance pour les vacances d'hiver et de printemps, à travers les circuits de la boucle des Oasis et celui de la Saoura. Nos expéditions dans le Hoggar et dans le Tassili full trois mois à l'avance!
Nous travaillions de jour comme de nuit, car les charters bondés de touristes arrivaient en nocturne à Dar-El Beida.
Et ce travail nous plaisait beaucoup, car voir cette foule cosmopolite, belle et parfumée, arriver souriante, parlant des langues différentes. Il faisait bon de faire un tour dans nos complexes touristiques, où régnait une ambiance internationale.
Et l'ambiance touristique dans les grandes villes ?
Je parlerai d'Alger où je vivais. Les restaurants étaient pleins de touristes, on y servait librement «l'assiette anglaise» (jambon) et le civet de marcassin. Les restaurants étaient ouverts durant le ramadhan, les étrangers y mangeaient, ainsi que des Algériens. La liberté de culte, le vivre-ensemble, le respect d'autrui, Alger était vraiment méditerranéenne,!
La capitale était assez propre, les taxis corrects. Beaucoup de bars ouvraient jusqu'à 23h et ils étaient nombreux, des dizaines. 90% ont été obligés de fermer cette dernière décennie (quand le père décède, les héritiers se voient refuser le renouvellement de la licence autorisant la vente d'alcool.
Que pensez-vous de la situation actuelle ?
Sur le plan réceptif, du tourisme international, c'est une catastrophe, le balnéaire, il faut l'oublier à jamais à l'endroit des étrangers, qui ne viennent plus pour nos plages depuis 1990. Ils vont vers les autres pays de la Méditerranée (au nombre de vingt). Il ne nous reste plus que le tourisme saharien, où la culture touristique existe encore et qui a disparu au Nord depuis une trentaine d'années. Ensuite le tourisme culturel avec nos 21 sites romains, dont la majorité demeurent méconnus, à part Tipasa, Djemila, Timgad, Hippone. L'Algérie est la deuxième destination mondiale en termes de vestiges romains, après l'Italie, l'antique Rome.
Vous êtes nostalgique de cette belle époque ?
Comment ne pas l'être ? Car la nostalgie vous prend quand les promesses du passé ne sont pas rendues par le présent.
Ces trois dernières décennies furent désastreuses, cette déplorable situation ne nous a laissé que de la frustration et de l'amertume, car ce fut un immense gâchis. Cette richesse dormante, inexploitée, que représentent nos immenses potentialités touristiques.
Le regretté défunt, notre grand ministre, a dû partir avec une immense tristesse, de voir sa monumentale œuvre abandonnée et rendue obsolète. Merci de m'avoir questionné sur ce grand homme qui mérite, du moins, que son nom soit porté sur le fronton de l'Ecole nationale supérieure du tourisme, qui fut son œuvre et dont je suis issu, parmi les premières promotions.
Saïd Boukhelifa - Opérateur et expert en tourisme 1975-2018 - Président du SNAV


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