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Chronique d'une déliquescence annoncée (2e partie et fin)
LE TOURISME ALGERIEN
Publié dans L'Expression le 15 - 05 - 2005

Le tourisme algérien plongé dans un long marasme, et dans une léthargie endémique vivote de temps à autre par des velléités et par des actions ponctuelles, puériles et sporadiques.
Quittons Tipasa pour aller à Sidi Fredj. En 1981, lors d'une conférence sur le marketing touristique tenue à l'amphithéâtre de l'Ecole nationale supérieure du tourisme, El Aurassi Alger, le conférencier avec beaucoup de faconde et d'humour nous a relaté une histoire cocasse qu'il avait vécue à l'hôtel El Manar (3 étoiles). En déjeunant, au moment d'entamer son hors-d'oeuvre, un chien errant pénétra dans le restaurant, s'arrêta en face de lui et se soulagea de ses excréments. Les serveurs et le maître d'hôtel faisaient leur service, certains ayant remarqué ces déjections canines les évitaient uniquement sans se soucier davantage. Après quelques minutes, et au moment où on lui amenait le plat de résistance, il leur a dit calmement qu'il ne pouvait continuer son repas devant ce spectacle délétère. Le serveur après une mûre et rapide réflexion, s'est éclipsé un moment pour revenir triomphant avec un petit carton avec lequel il a recouvert doctement la cause de la gêne temporaire.... Le sourire en plus ! Allons au Sud maintenant, à l'hôtel Gourara à Timimoun. En 1978 pour le compte de France 3, le journaliste-reporter J-P Elkabbach et ses techniciens étaient venus pour réaliser un petit reportage avec une équipe de mannequins. Dans sa chambre, J-P Elkabbach a été surpris par un gros cafard volant qu'il a écrasé. En passant devant la réception, il leur a demandé d'aller nettoyer la chambre et débarrasser l'insecte écrasé. «O.K. on s'en occupe tout de suite.» Au retour du tournage sur les dunes, l'insecte n'avait pas bougé. En redescendant de sa chambre, en allant au restaurant, il leur a rappelé ce qu'ils devaient faire. «O.K. en s'en occupe.» A la fin du dîner, le cafard écrasé était toujours là. J-P E. K. avait compris, il fallait qu'il s'en occupe lui-même. Ce qu'il fit, de guerre lasse!
Allons du côté des oasis à Ouargla, à l'hôtel El Mehri (3 étoiles). En 1979, un groupe de Tchécoslovaques à composante féminine surtout, encadré par une accompagnatrice âgée de l'agence d'Etat «Cedok» formée à l'école du G. B. Elle s'était plaint au guide d'Altour (Algérie Tourisme, dissoute en 1983) en l'informant que la nuit passée, on était venu frapper à la porte de 14 chambres occupées par de belles blondes aux yeux gris-bleu. Le jeune personnel de l'hôtel recruté sur le tas, sans formation pour la majorité, charmé par la beauté slave, crédule et succombant aux larges sourires de circonstance, s'en alla, la nuit tombée en rasant dans la pénombre les murs des couloirs, importuner dans leur sommeil les braves Tchèques qui demeurèrent portes closes. Les chauds lapins retournèrent bredouilles, avec dans leurs bandoulières, autant de fantasmes, que de rêves inassouvis!
Retournons sur Alger, une des plus belles capitales maritimes du monde, mais ô combien monotone et ennuyeuse. Le soir tombé et cela depuis des lustres. En 1974, les Algérois se souviennent que des têtes pensantes avaient très mal conseillé le wali de l'époque qui avait pris la décision de faire fermer tous les cafés, salons de thé, bars, brasseries entre 15h et 16h par mesure d'hygiène, afin de les inciter à nettoyer l'état insalubre des lieux. Cette malencontreuse décision, unique dans les annales, a eu pour effet désastreux de provoquer, pendant une heure, une masse déferlante dans les rues d'Alger, parmi elle, des touristes étrangers assoiffés ou voulant se soulager dans les toilettes car Alger était dépourvue de vespasiennes (que l'empereur romain Vespasien avait créées en ouvrant des urinoirs sur la voie publique). Certains touristes qui s'asseyaient vers 14h 50, se voyaient refuser d'être servis car «on va fermer à 15h» ou ceux qui arrivaient plus tôt étaient évacués à l'heure de la fermeture, eux qui espéraient sur la terrasse profiter du soleil d'Algérie. En parlant de fermeture, le tourisme urbain repose sur des établissements de qualité, propres et confortables. A Alger, que sont devenus le Coq Hardi? le Névé? le Lotus? le Boul Miche? La brasserie des facs fréquentée jadis par des étudiants et par de jeunes cadres qui forment aujourd'hui la caste appelée «intelligentsia» (walis, ministres, cadres de la nation, personnalités politiques) l'Edelweiss ? (fleur rare qui pousse sur les sommets des montagnes suisses), le Novelty? le Milkbar? le Romano? le National? Ou iront-ils nos touristes étrangers pour se reposer et se désaltérer tout en profitant des rayons de soleil? Tout ce qui existait avant a disparu ou s'est détérioré pour atteindre un état de précarité et de vétusté avancé faute d'entretien et d'absence de contrôle des normes d'hygiène, de sécurité et d'accueil. Et c'est dans notre capitale, ailleurs, dans l'Algérie profonde n'en parlons pas!
Un célèbre chanteur français dans une déclaration de circonstance disait à ses fans algériens lors d'un concert en avril 2005: «Nous les Parisiens et vous les Algérois, nous devons être heureux et fiers d'appartenir aux deux plus belles villes du monde.»
Toutes proportions gardées, la comparaison serait fortuite entre Alger et Paris, car si le pays de Balzac reçoit plus de 70 millions de touristes par an (1re destination touristique au monde) dont 20 millions pour Paname la capitale, c'est surtout grâce, entre autres, à ses belles terrasses vitrées, ses bistrots, ses brasseries, ses grands magasins et aux célèbres monuments et musées qui font sa grande notoriété mondiale.
A ce sujet, une vingtaine de cafés historiques et littéraires y existent depuis le 17e siècle. Ils accueillaient au 18e siècle les philosophes des lumières. Diderot, Voltaire, Rousseau y discutaient littérature et insufflaient les prémices de la révolution française (Danton, Robespierre) Créé en 1686 par un Italien Procopio, le Procope est le premier café (au monde) à avoir accueilli ces grands penseurs en plein coeur du quartier latin. Puis au 19e siècle, d'autres cafés au quartier Palais Royal reçoivent les visites de poètes comme Verlaine ou Rimbaud, à Montparnasse, la Coupole ou le Dôme sont fréquentés par Hemingway et Breton. A partir de 1930, c'est à Saint-Germain- des-Près que les cafés Flore et les Deux Magots reçoivent Sartre et Simone de Beauvoir qui y lancent un mouvement littéraire naissant l'existentialisme. Venons sur terre, en terre algérienne ! En septembre 1976, le représentant du Monde, Paul Balta déchirait le ciel bleu de l'Oranais par un article au titre sentencieux: «Rien ne va plus aux Andalouses !» A la décrépitude des services et du laisser-aller, il dénonçait avec beaucoup de vigueur le laxisme de la direction des établissements hôteliers en signalant que les pédalos, parasols, chaises longues étaient exposés à l'extérieur à la merci des intempéries...
En août 1977, à l'autre extrême du pays, à El Kala, 90 km à l'est d'Annaba , à l'hôtel El Mordjane, pieds dans l'eau. Au lendemain de notre arrivée, des touristes français de Nouvelles Frontières étaient venus se plaindre à nous et nous relater un incident très grave. Lors du dîner la veille, au restaurant, le directeur a assené un coup de poing au sous-directeur qui a réagi en s'emparant du socle pointu d'un parasol et digne des fameux lanciers du Bengale se mit à courir derrière son agresseur au milieu des clients attablés (eenseignements pris, le patron de l'hôtel, salarié de l'Etat, avait invité la nomenklatura de la ville à un festin de poissons où le mérou draguait la belle dorade, le tout arrosé par une cuvée Altour ! l'adjoint n'avait pas été convié parmi les pique assiettes et à participer à l'agape, s'était senti méprisé et à commencer à tourner tout autour en marmonnant des mots, la bière aidant, «Draham Eddoula». L'agressé a été par la suite nommé à la tête de l'hôtel Transat Bachar et son agresseur rappelé au siège d'Altour Jamais plus, depuis, un touriste français via une agence de voyages occidentale n'a séjourné dans cet établissement situé à quelques encablures de la Tunisie.
Dans les années 80, même un célèbre 5 étoiles situé sur les hauteurs d'Alger et possédant un beau jardin à la végétation luxuriante et une architecture mauresque n'a pas dérogé à l'impéritie ambiante du secteur.
Le secrétaire général de l'OMT (Organisation mondiale de tourisme) accompagné par notre secrétaire d'Etat au Tourisme, invité à prendre une boisson, a opté pour un scotch. Le barman blême lui avait répondu qu'il n'y en avait pas, aucun alcool fort n'était disponible! Des problèmes d'importation et de surtaxes fiscales avait provoqué cette pénurie au niveau des établissements hôteliers de l'Etat.
Il fallait imaginer quelle gêne avait envahi le premier responsable du secteur. Un cinq étoiles incapable de vendre et de servir une boisson à un client ! le secrétaire général de l'OMT étant venu, probablement s'enquérir de la relance du secteur touristique en Algérie.
A la même période, dans le même hôtel, un P-DG d'un grand tour operator Suisse, invité par l'Onat tour operator (opérateur national algérien de tourisme) à ne pas confondre avec l'ONT (Office national du tourisme) chargé de la promotion de fa destination Algérie. A fa fin du dîner, ce VIP avait remarqué l'absence de cure-dents sur la table, il en avait demandé au serveur, celui-ci hésitant un moment, fit appel au système D et lui a ramené une boîte d'allumettes ! Le cadre de l'Onat qui lui tenait compagnie subissait les événements impuissant.
Toujours dans le même établissement, à un mois d'intervalle, un autre cadre de l'Onat dînait avec le DG d'un grand tour opérator de Milan (Italie) qui par la suite avait investi dans la Corne d'or de Tipaza-village pour y recevoir exclusivement la clientèle italienne. A la fin, l'invité de marque avait demandé un café express, le serveur lui avait répondu, confus qu'il n'y avait pas de café parce que la machine était en panne ! Ces situations grotesques vécues par les deux hôtes VIP de l'Onat dans un hôtel de cette catégorie remettaient pratiquement en cause, le travail de démarchage commercial du premier tour operator algérien. Il était clair que si l'hôtel le plus important de l'Etat à l'époque connaissait ce genre de défaillances, qu'en était-il des autres établissements hôteliers, de quatre et trois étoiles.
Quelques mois après, au Salon international du tourisme de Bruxelles (BTF), l'Onat qui y tenait un stand avait reçu la visite d'un couple de nobles Wallons qui avaient une grande agence de voyages en Belgique et qui avait quelques semaines auparavant fait un périple de reconnaissance des hôtels en Algérie pendant une semaine, au cours de laquelle il avait été reçu par le ministre du Tourisme sur recommandation de l'ambassade d'Algérie. Le chef de la délégation ONAT leur a brossé un tableau optimiste de la situation, des efforts de sensibilisation à l'endroit des responsables hôteliers en matière d'accueil, de service et d'hygiène. La dame lui avait fait une remarque pertinente : «Vous venez d'évoquer l'hygiène, mais je m'excuse de vous le dire franchement, je ne pense pas que la notion d'hygiène est bien cernée et bien appliquée en Algérie car personnellement, j'avais voulu utiliser les toilettes attenantes au cabinet de votre ministre mais je n'ai pas pu le faire car pour moi, elles étaient insalubres!»
La charte nationale de 1976 stipulait, concernant le volet tourisme: «Tous les Algériens, particulièrement ceux qui ont les moyens de connaître et de découvrir leur pays, pourront disposer partout de structures d'accueil appropriées. Des formules originales devront être recherchées pour assurer les conditions du développement d'un tourisme interne.» La même année, dans l'euphorie ambiante de la charte nationale, le ministre du Tourisme, emporté par sa rhétorique, déclarait à la Radio algérienne en langue nationale, en substance: «Il sera donné priorité aux touristes nationaux pour se reposer et passer des vacances agréables en famille... Ensuite on s'occupera des touristes étrangers qui, à la limite, ne nous apportent pas que du bien, ils bouleversent nos valeurs traditionnelles par leur comportement indécent et ils nous amènent leurs microbes (sic)!» La messe était dite et la déliquescence annoncée ! Car ni le pauvre touriste algérien n'a été bien accueilli, bien servi et bien considéré, ni celui qui venait de l'étranger et qui se raréfiait de plus en plus. Le journal El Moudjahid, à la même période mentionnait dans un de ses éditoriaux de l'été 76 : «Quoi de plus beau qu'un cadre de la nation côtoyant un fellah dans un de nos complexes touristiques!»
L'Agence soviétique Tass n'aurait pas fait mieux comme déclaration démagogique.
Les cadres de la nation nommés par décret, bénéficiaient de 30% de réduction sur les tarifs. Le paysan et le petit peuple d'en bas, zéro %!
Les antennes Onat à l'étranger chargées de la promotion de la destination Algérie ouvertes à Paris, Frankfurt, Stockholm et Londres fermaient leurs portes en 1977. La décennie 76/78 de l'hibernation et de la décrépitude s'installait et par corollaire le laisser-aller, la médiocrité des services, le laxisme, le mauvais accueil vis-à-vis des nationaux. En outre, les quelques étrangers qui venaient à cette période, uniquement pour le Sud algérien étaient déçus et mécontents de l'état insalubre et vétuste des hôtels de l'Etat.
En 1986, la chute brutale du prix du baril de pétrole, de 39 dollars à 10 dollars (1 dollar US valait 10 FF) incitait le gouvernement à accorder de l'importance aux secteurs de l'agriculture et du tourisme. C'est alors, qu'un autre ministre éclairé, aujourd'hui démissionnaire du Cnes, doté d'une qualité d'écoute, libéra les énergies bloquées à l'Onat tour operator en l'autorisant à participer aux salons et foires internationaux en plus des deux classiques et habituels, Paris et Berlin, à Londres, Bruxelles, Göteborg, Milan, Madrid, Montreux. Ensuite, il chargea une délégation composée de 3 cadres, 1 du ministère, futur directeur général de la 1re ONT en 1990 qu'il organisa et mit en place avec beaucoup de savoir-faire, le directeur commercial de l'Onat, un chevronné du secteur, aujourd'hui à la retraite et le chef de département central d'Air Algérie, une demoiselle. Cette délégation sillonnera l'Europe occidentale en 3 semaines (Suisse, RFA, Angleterre, Scandinavie, France, Espagne, Italie), en tenant des work shops avec les tour operators et des conférences de presse ce qui provoquera un regain d'intérêt pour notre pays.
L'Onat qui a eu le privilège de récupérer beaucoup de cadres commerciaux compétents émanant de l'ex-Altour dissoute en 1983 dans le cadre de la restructuration du secteur opéré sous la férule de feu Abdelmadjid Allahoum et qui a mis en place 16 entreprises de gestion touristique (EGT Tipaza, Zéralda, Sidi Fredj, Les Andalouses, Annaba, Ghardaïa...), a réussi tant bien que mal à convaincre plusieurs tour operators européens à publier la destination Algérie (Fram, Holland) d'investie dans leurs régions grâce à des exposés bien maîtrisés pour les uns, approximatifs pour les autres.
Peine perdue, car les responsables locaux cogitèrent et brûlèrent des neurones pour rien car ces «investisseurs potentiels» n'avaient rien investi ni chez eux ni à Cuba, ancien satellite soviétique et destination en vogue actuellement, ni en Tunisie, ni au Maroc, pays qui normalement les aurait attirés. Car on n'investit que dans des pays qui reçoivent des touristes étrangers. En fait, c'étaient de véritables touristes sous un habillage politique car parmi la délégation suisse, figuraient l'ambassadeur du pays de Poutine et son consul général à Annaba. Sur les 9 pseudoinvestisseurs, 2 seulement avaient des cartes de visite, l'un éditeur et libraire, l'autre une dame du Kazakhstan était responsable en tourisme dont les cartes étaient rédigées en caractères cyrilliques! Aucun d'eux n'avait un press-book ou un document quelconque, dépliant, brochure, présentant son entreprise, son capital, sa dimension, ses performances, ses investissements intra muros et extra muros. Ce n'était même pas des hôteliers, ni des agents de voyages mais plutôt des vacanciers qui n'ont posé aucune question sur les investissements, ni exprimé aucun intérêt dans ce sens et cela durant tout le périple qui, il faut le souligner, a coûté énormément à l'Etat, car si nous étions quinze, à chaque étape, pour les déjeuners et les dîners nous devenions une centaine, voire deux avec les notables de la ville et toute la logistique des services de sécurité encore nécessaire pour l'époque (1998).
Pour clore cet immense ratage mal préparé en amont et en aval, un des participants durant tout le voyage ne faisait que lire un ouvrage volumineux à l'hôtel Souf El Oued; pendant la conférence des autorités locales concernant l'objet de la tournée, assis à l'arrière, toujours plongé dans sa lecture, il lisait peut être «L'idiot» de Dostoïevski car il nous prenait pour tel, nous faisions la remarque au consul général russe à Annaba qui nous avait répondu avec un sourire gêné: «on ne peut pas l'obliger à écouter, car c'est la démocratie !» «Mais pourquoi est-il venu» ? «Cela me dépasse car le voyage a été préparé par les 2 ambassades et votre ministère!»
En 2004, un pseudo investisseur syrien du même acabit que ceux cités précédemment, a séjourné pendant 45 jours, pris en charge totalement à travers toute l'Algérie profonde et généreuse, dans des hôtels 5 et 4 étoiles, avec un véhicule de luxe avec un chauffeur et un accompagnateur du ministère concerné.
Idem pour ce lascar. Comment un investisseur, entrepreneur ou homme d'affaires peut-il s'absenter pour une durée aussi longue? A la fin de son séjour, machiavélique, il manifesta son intérêt à investir dans les casinos, lieux ludiques interdits par la loi!
Son séjour aurait coûté une somme dont le montant est inimaginable et vertigineux ! soyons réalistes et pragmatiques, aucun investisseur étranger en tourisme ne se hasardera à venir dépenser son argent dans un pays qui ne reçoit pas de touristes ou très peu depuis 1976.11ans quelques années peut-être...
Le seul, réellement motivé, Djillali Mehri pour ne pas le nommer, avait déjà envisagé dans les années 80, de construire 45 hôtels au Sud. Le monopole de l'Etat et la vision étriquée de certains décideurs avaient fait capoter cet immense et ambitieux projet qui aurait été salvateur pour le secteur. Aujourd'hui, il revient à la charge, les réformes aidant, les mentalités ayant évolué, il est et il demeure un véritable et potentiel investisseur. On lui a associé le groupe hôtelier Accor (1er dans le monde) mais celui-ci ne dépensera pas un seul kopeck car il vendra des labels «Sofitel, Mercure, Ibis» à notre compatriote dont les futurs hôtels seront dirigés selon les normes et le management de cet important groupe.
804 hôtels vont être classés ! Ce chiffre dénote le laisser-aller et l'abandon du secteur car jamais au grand jamais, un pays à vocation touristique, n'a atteint ce grand retard car les hôtels se classent au fur et à mesure de leur ouverture, leur déclassement ou leur surclassement se fait au moment qu'il faut pas les services compétents qu'il faut. La commission nationale de classification qui vient d'être installée a une tâche très importante et un travail de longue haleine à faire. Elle doit être compétente dans sa composante humaine et motivée. Pour qu'elle le soit, il lui faudrait des moyens matériels et financiers. Travailler uniquement sur un fascicule qui contient les paramètres et le cahier des charges pour classer les hôtels n'est pas suffisant et n'est pas stimulant.
Cette commission ne peut pas se contenter de travailler sur de l'écrit, elle doit également le faire sur le «vécu» et le «vu», elle doit se déplacer par exemple à Hammamet Yasmine, la nouvelle zone touristique en vogue en Tunisie, pour voir et comparer sur le terrain. Là-bas, il y a de nouveaux hôtels de 6 mois à 4 ans d'âge, très récents. Puis aller à Sousse/El Kantaoui où il y a 20.000 lits d'hôtels construits il y a 15 et 20 années et toujours bien entretenus et maintenus aux normes internationales. Enfin, à Tunis pour l'hôtellerie urbaine où l'ancien côtoie le nouveau. Sans des déplacements à l'étranger, sur le terrain, le classement chez nous ne sera que subjectif et approximatif. L'absence d'intervention de l'Etat a incité et permis à beaucoup d'hôtels privés de s'octroyer des étoiles imméritées, à l'image de l'armée mexicaine insurgée d'Emiliano Zapata!
Comparées aux normes internationales, celles qui prévalent dans le Bassin méditerranéen notamment, 95% des hôtels en Algérie, toutes catégories confondues et quel que soit leur label méritent le retrait d'office d'une étoile et certains même de deux ! Dans la capitale de l'Ouest, il y a des hôtels qui affichent 5 étoiles sur le fronton de l'entrée, ailleurs où le mot tourisme est appliqué dans toute sa noblesse et où le touriste est roi 2 étoiles, pas plus, ils auraient mérité!
En 1987, Fram, voyagiste en France, nous affirmait: «Vous avez les plus mauvais hôtels du Maghreb, mais en revanche vous avez les meilleurs guides»
Il y a eu des moments inoubliables pour le secteur touristique. En 1973, des charters du n°2 allemand Neckerman arrivaient de Palma chaque week-end. Les touristes en séjour dans les îles balnéaires faisaient une extension de 48h sur l'Algérie. Ils visitaient Alger et La Casbah , Tipasa et ses ruines romaines. Nos hôtels étaient flambants neuf! Les Teutons étaient ravis de découvrir notre pays. En 1975, l'été, tous nos complexes affichaient complets, à Sidi Fredj, à Zéralda, à Tipasa, à Tichy, aux Andalouses. La clientèle était essentiellement internationale (à 90%). Des charters de Suède de l'agence de voyages «Trivsel Resor» illuminaient l'aéroport de Dar El Beïda par des têtes blondes venues de la région des Vikings.
L'hiver 75/76, des charters de Finlande, arrivaient par le biais d'une agence finnoise, Lomamatka. Il s'agissait de groupes du 3e âge qui séjournaient à Tipasa, hôtel de la Baie.
En 1975, l'époque de la grande Altour qui coiffait 60 hôtels de l'Etat, en France, l'Algérie était la destination en vogue avec la Thaïlande qui s'ouvrait au tourisme. Notre pays avait bénéficié des retombées médiatiques et promotionnelles de la venue en 1974 de Valery Giscard d'Estaing, 1er président français à être reçu par Houari Boumediene dans l'Algérie de l'après-guerre.
Puis de 1986, crescendo, l'Algérie essentiellement par le biais de l'ONAT, à 1990 reprenait des couleurs européennes par la multitude de groupes de touristes étrangers qui arrivaient. En 1989, à partir de mai chaque dimanche trois immenses et confortables autocars de l'Onat attendaient au parking de l'aéroport la venue de charters d'Amsterdam pleins de Bataves qui ne venaient pas auparavant en Algérie. Et cela, grâce aux efforts conjugués du délégué d'Air Algérie à Amsterdam, diplômé en tourisme et ceux du 1er tour operator algérien. Fram envoyait 4 groupes par semaines deux les jeudis et deux les samedis.
Au printemps 1989, une semaine d'avril, 43 bus de l'Onat avec 43 groupes des 4 coins de l'Europe encadrés par 43 guides sillonnaient l'Algérie d'est en ouest, du nord au sud ! En parallèle, une dizaine de groupes d'aventuriers «crapahutaient» dans le Hoggar et dans le Tassili. Jamais, l'Algérie touristique n'avait connu une aussi grande concentration de groupes de touristes dans une seule et même petite semaine!
Cette importante tâche revient à l'ONT (Office national du tourisme). Dans les années 70, l'ONT le faisait correctement en s'appuyant sur 4 représentations à l'étranger (Allemagne, France, Angleterre, Suède) qui ont été fermées, on l'a déjà signalé, en 1977. On 1990, création à nouveau, de cet office qui a eu le privilège d'avoir à sa tête, un expert du tourisme algérien qui a su s'entourer de collaborateurs motivés dont il a su tirer le maximum. La personnalité de son directeur général a permis à l'ONT de réaliser des opérations promotionnelles bien pensées et réalisées avec beaucoup de savoir-faire nonobstant le maigre budget annuel dont était dotée cette institution. Malheureusement, toutes, sces bonnes actions étaient contrecarrées et annihilées par les effets dévastateurs du terrorisme qui a été le plus grand «publiciste» de la destination Algérie mais par une promotion macabre (entre 1993 et 1997).
La Tunisie, à la fin des années 70, après avoir achevé la construction de son infrastructure hôtelière et formé en parallèle son personnel a dégagé en 1977 le plus grand budget promotionnel à l'échelle mondiale (1. Tunisie 18 millions de D US, 2. Canada, 3. Etats-Unis, 4. Espagne, 5. France). Ce budget colossal lui a permis de récolter, au début des années 80, l'arrivée en masse de touristes étrangers.
Qu'en est-il de l'ONT aujourd'hui? Dépecé de ses prérogatives puisque le ministère de tutelle s'immisçait souvent dans ses activités, doté toujours d'un faible budget et surtout vide de ses compétences qui faisaient sa force au début des années 90, l'ONT verse dans l'autosatisfaction et dans un optimisme béat qui se dégage des éditoriaux de sa revue mensuelle «Algérie Tourisme». L'ONT a participé à des salons de tourisme à l'étranger sans aucune étude de marché au préalable, il s'agit du Caire, de Moscou et de Varsovie. Nous citerons seulement ces trois. Pour le Caire, depuis 1985, ce sont plutôt les touristes algériens qui partent vers l'Egypte des pharaons, aucun groupe d'Egyptiens n'est venu et ne viendra, car notre produit touristique dans son ensemble ne lui convient pas, ainsi que pour tous les pays arabes, d'ailleurs à l'exception de certains enturbannés des pays du Golfe qui viennent chasser et massacrer nos espèces protégées (dont l'outarde) dans le Sud.
Pour Moscou et Varsovie, le mimétisme de l'ONT Algérie sur l'ONT Tunisie l'a incité à participer à ces 2 salons. Seulement, les Tunisiens qui ont même ouvert des bureaux de représentation dans ces 2 villes, avaient un produit balnéaire attractif soutenu par un rapport qualité/prix indéniable. C'est ainsi que des chaînes de charters sont programmées, transportant la classe moyenne de ces 2 pays de l'Est, car les nouveaux millionnaires et milliardaires russes et polonais préfèrent la côte d'Azur, la Costa Brava, Ibiza (Espagne) et Rimini (Italie).
La situation actuelle de l'ONT est à l'image de l'immeuble vétuste qui abrite ses bureaux et c'est une honte d'y recevoir des responsables en tourisme étrangers et cela dure depuis 1990. La précarité de la bâtisse est celle du tourisme algérien !
Par ailleurs, le secteur touristique sans un office du tourisme fort, reposant sur un budget conséquent et sur des personnes, compétentes et motivées est voué à l'échec (et c'est le cas) sur le plan promotion de la destination Algérie.
En outre, le ministère du Tourisme n'a pas su renouveler son encadrement compétent, parti à la retraite ou vaquant à ses occupations, ailleurs, par un plan de carrière de ses propres ressources humaines et bien suivi.
L'apport d'un encadrement externe au secteur n'a fait que l'affaiblir dans le cadre de l'ingénierie touristique. Quant aux services extérieurs du ministère du Tourisme, créés en 1996 avec beaucoup d'ingéniosité, il s'agit des directeurs de tourisme de wilaya, ils n'ont guère joué le rôle qui leur était dévolu, faute de moyens et de compétences, car sur les 48 directeurs de tourisme, 10% environ sont des diplômés de l'Ecole supérieure de l'hôtellerie et du tourisme, le reste, 90% émanent d'autres secteurs, tandis que des diplômés expérimentés en tourisme végètent dans des bureaux humides au bout de couloirs mal éclairés.
ancien cadre dirigeant 1975-2000, Tourisme


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