Un peu moins de deux mois après la campagne victorieuse de l'EN à la CAN-2019 disputée en Egypte, le sélectionneur national Djamel Belmadi, qui a repris du service lundi avec le début du stage de l'équipe nationale à Alger (2 -10 septembre), a animé hier une conférence de presse (11h00) à l'amphithéâtre Omar Kezzal du Centre technique national (CTN) de Sidi Moussa. D'aucuns attendaient le retour du sélectionneur national Djamel Belmadi pour établir le programme de son équipe. Mais, c'est surtout pour qu'il donne quelques précisions sur les derniers faits relatifs à la sélection nationale, ses relations avec la FAF ainsi que l'affaire de l'ex-manager général Hakim Medane, qui a fait couler beaucoup d'encre. En tout cas, pour cette première apparition officielle après l'épopée du Caire, Belmadi en avait clairement gros sur le cœur. Il n'a pratiquement rien laissé au hasard et a répondu avec sa franchise habituelle à toutes les questions qui lui ont été posées, non sans laisser exploser sa colère parfois sur des sujets bien précis. Les spéculations : ça ne me fait ni chaud ni froid Interrogé, comme il fallait s'y attendre, sur son avenir avec l'EN et ses relations avec le président de la FAF, Kheireddine Zetchi, le sélectionner Djamel Belmadi n'est pas allé par trente-six chemins : «Pour être honnête avec vous, j'ai évité de lire la presse durant mes vacances, je n'y voyais aucun intérêt. Or, j'ai eu des sons de cloche et je dois dire que les spéculations, j'y suis habitué. Cela ne me fait ni chaud ni froid», dira-t-il. Et d'ajouter : «J'entretiens de bonnes relations avec tout le monde dans la fraternité et le respect, pourquoi vouloir en créer des faux problèmes ? Zetchi est le président de la FAF, nous avons des relations très simples, très directes et très claires. Je ne suis pas venu pour une personne, mais pour l'équipe nationale, tout comme Zetchi n'est pas venu pour moi. Si un jour je vois que ça devient compliqué, je pars». Medane victime d'une campagne haineuse Pour ce qui est de la démission du manager général Hakim Medane, le sélectionneur s'est montré sans équivoque : «Medane c'est la personne avec qui j'étais le plus proche. Je profite de l'occasion pour le féliciter et lui souhaiter d'autres succès à l'avenir. Je regrette la campagne haineuse dont il a été victime, mais je dois dire que vous (journalistes) connaissez la raison de son départ, pas moi. Je ne vais pas baser mon travail sur ce qui se dit à gauche et à droite. Et pour votre information, je ne cherche pas à nettoyer quoi que ce soit. Je veux juste améliorer les choses et perfectionner l'équipe. Ce qui me motive chaque matin c'est de faire progresser les joueurs. Si je me rends compte que je n'arrive pas à faire progresser mon groupe je me retire. Je n'ai aucun compte sur les réseaux sociaux. Je n'ai jamais ouvert le moindre compte facebook. J'ai beau avoir 43 ans, je suis de l'ancienne école». L'EN A' et le CHAN 2020 Concernant l'équipe nationale des joueurs locaux qui s'apprête à aborder des échéances importantes lors des éliminatoires du CHAN 2020, Belmadi a précisé qu'il n'a jamais demandé à prendre en charge l'équipe, ni même établi la moindre liste. Il a cependant mis à la disposition du sélectionneur français Batelli le staff technique de l'équipe première. «Concernant la CHAN je n'ai jamais rien annoncé, j'ai mis mon staff à la disposition de Ludovic Batelli parce qu'il n'y avait pas de staff complet pour les A'. Nous sommes intéressés par cette équipe, car ce sont des joueurs qui peuvent éventuellement intégrer l'équipe première à l'avenir. J'espère qu'ils vont pouvoir relever le défi», dira Djamel Belmadi. Le coup de gueule de Belmadi Les propos tenus par certains consultants des chaines de télévision privées et certaine presse au moment de l'apparition de la liste des joueurs convoqués pour la CAN-2019 et même pendant la préparation, sont restés en travers de la gorge de Djamel Belmadi, qui a préféré s'attarder sur le sujet et crever l'abcès avec tous ceux qui sont allés au-delà des limites du raisonnable, selon le sélectionneur national. «Certaines personnes ont abusé. Vous avez touché des personnes. Vous avez rabaissé des gens, qui ont donné énormément à l'équipe nationale et qui sont capables de donner encore. Il faut avoir un peu de pudeur et de respect pour soi-même. Guedioura a été pointé du doigt, tout comme Slimani, Mandi et Zeffane. Pire encore, Mahrez on lui a tombé dessus comme des malades pendant une année. Ces gens qui vomissent leur haine qu'ils viennent et demandent pardon ! Adlène, avec tout ce qui lui a été reproché, a fait une CAN extraordinaire et a mérité tous mes respects. Avant de venir ici, j'ai bien réfléchi pour décrire ces gens qui partent en costume de mariage à des plateaux de télévision pour mettre de la «fitna», ce sont les criminels de l'audiovisuel, qui n'hésitent pas à créer la zizanie entre les joueurs et le peuple, pour des raisons que, hélas, j'ignore», a-t-il lâché, avant d'enchaîner : «il n'y a rien de sportif dans le discours de certains consultants sportifs. Leur mal est profond. Ils viennent nous fatiguer à dire des bêtises. Qu'ils nous expliquent comment gérer un groupe. Qu'ils viennent sur le terrain pour nous faire partager leur science. C'est de la schizophrénie de dire ces choses-là. Trouvez-vous du vrai travail, ne restez pas sur les plateaux à critiquer !». Le CAN, une consécration collective Djamel Belmadi est également revenu sur le parcours de l'EN en Coupe d'Afrique 2019, où il a encore une fois profité de l'occasion pour féliciter tous ceux qui sont restés derrière l'équipe et se sont donnés à fond, notamment les joueurs à qui «revient le mérite». «Ceux qui pensent que c'est un ou deux joueurs ou le sélectionneur qui ont ramené la CAN se trompent. C'est un travail collectif, mais c'est avant tout la volonté des joueurs», dira le conférencier. «Tout le monde a tenu parfaitement son rôle, même les remplaçants ont fait preuve d'une parfaite maturité et de respect envers leurs camarades. Eux aussi sont à féliciter, car ils ont répondu présents lorsque l'équipe avait besoin d'eux. C'est le cas de Zeffane, qui a fait son entrée en cours de jeu face au Nigéria et a carrément éclipsé Musa», a-t-il ajouté. Insister sur la formation Donnant l'exemple du Paradou AC, pratiquement le seul club en Algérie qui réalise un travail de fond, Belmadi a incité l'ensemble des acteurs du football national à penser à la formation. «Je suis certain que nous avons raté de grands talent par l'absence de formation», a-t-il dit. «Aujourd'hui, je suis fier de voir jouer les jeunes du PAC. Tu sens qu'il y a un énorme travail qui se fait derrière. Pourquoi pas les autres clubs? Heureusement, la FAF est en train de créer des centres de formation régionaux. J'ai vu le travail de sélection et d'écrémage, je suis absolument certain qu'il va en sortir de grands joueurs», poursuivra Belmadi, qui a également été interrogé sur l'identité du futur manager général. «Concernant le nouveau manager général, je n'ai pas le pouvoir de décision, mais à partir du moment où ça a une relation directe avec l'équipe nationale, j'ai mon mot à dire. On ne va pas me ramener quelqu'un sans me le dire, c'est clair. Or, pour l'instant rien n'a été décidé», expliquera le slécétionneur. Objectif : Mondial 2022 Djamel Belmadi a également parlé des objectifs de l'EN, championne d'Afrique. Il a précisé qu'un grand travail doit encore se faire à tous les niveaux. «L'objectif désormais est la qualification à la Coupe du Monde 2022. Nous allons travailler là dessus et nous devons donner le meilleur de nous-mêmes pour y parvenir», dira Belmadi qui a laissé la porte ouverte concernant l'organisation d'un éventuel match retour entre l'Algérie et la France, après celui de 2001. Enfin, le slécétionneur national est revenu sur la photo d'équipe prise au Palais du Peuple sans le président de la FAF, mais sans trop entrer dans les détails. «On est arrivés au Palais du Peuple très fatigués, je n'ai pas vu que Zetchi n'avait pas été décoré. Quand je l'ai appris j'ai été abasourdi ! Je ne sais pas ce qu'il lui est reproché, tout ce qu'il fait n'est peut être pas parfait, mais faire ça, c'est désolant !», a avoué Djamel Belmadi.
