Après la visite du président turc ces dernières 48 heures à Alger, quelques éléments de distorsion entre l'Algérie et la Turquie ont l'air d'avoir été dissipés. En toile de fond, le sujet libyen a occupé une bonne place dans cette visite inopinée et Erdogan a certainement donné quelques assurances à son homologue algérien pour tenter de le dissuader de se nourrir des légitimes suspicions après le tollé international provoqué par Ankara en décidant de s'engager militairement en Libye. Bon gré ou mal gré, les autorités algériennes harcelées sur plusieurs fronts ne pouvaient que prendre note de la présentation de la bonne foi des Turcs en suggérant quelques importantes recommandations en s'en tenant à la sacro-sainte non-ingérence de forces étrangères dans des pays quels qu'ils soient. L'autre chapitre de la visite, un tant soit peu visible pour l'opinion publique, a concerné le domaine économique et le forum algéro-turc initié à cet effet a orienté le cap vers la mise en place d'une zone de libre-échange. Mais si le président turc jure qu'il n'a nullement l'intention de fourguer ses produits en Algérie, de plus en plus difficiles à écouler ailleurs, les retombées nuisibles des zones de libre-échange n'ont pas fini de faire débat et les Algériens souvent contraints par des considérations et des données politiques plurielles ont ouvert à tous les vents leurs frontières. On peut comprendre que pour un pays isolé et menacé, certaines nécessités diplomatiques imposent des déconvenues commerciales payées très cher. En définitive, les associations économiques et commerciales établies avec les zones arabes et européennes n'ont fini que par mettre en exergue une naïveté algérienne évidente. Le résultat patent de ces engagements n'a fait qu'étaler avec outrance nos marchés de bonbons et de caramels. Il a surtout démontré que le génie algérien a tourné le dos à la fabrication de jeans et de pullovers pour s'amouracher de bien diaboliques containers bourrés de ruses et de roublardises commerciales. Aux dernières nouvelles, le président Tebboune a pris sur lui d'interdire l'importation de l'étranger de tout ce qui est produit en Algérie. Sans doute faudrait-il aller encore plus loin et fermer les frontières à tout ce que les Algériens seraient capables de créer et de produire chez eux. Il suffit de leur ouvrir toutes les portes et d'effacer les frontières qu'ils ont établies entre eux.